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L'année 2009 n'augure rien de bon pour la protection du climat faute d'engagements chiffrés à Copenhague
Publié dans MAP le 30 - 12 - 2009

L'année 2009 s'achève sur une mauvaise note en matière de climat et n'augure rien de bon pour la défense et la préservation de l'environnement, faute d'un accord complet et d'engagements chiffrés sur les mesures de protection du climat et la limitation des émissions de gaz à effet de serre, lors du sommet de l'ONU sur le climat, tenu du 07 au 18 décembre à Copenhague.
Par Omar Lachhab
Un fiasco, voilà ce que le sommet de Copenhague aura été. Au moment où des voix "porteuses d'espoir" s'élevaient pour que cet événement d'envergure internationale débouche sur des décisions engageant les 193 Etats participants à affronter les défis du réchauffement de la planète, il clôt avec l'adoption d'une charte a minima qui insiste sur la nécessité de limiter à 2 degrés C la hausse de la température de la terre.
De surcroît, la déclaration de Copenhague ne fait pas état d'un engagement chiffré et contraignant sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, et ne prend pas acte de la création d'une instance internationale à même de vérifier l'exécution des engagements des Etats en matière de respect du climat.
En effet la charte politique à laquelle ont participé, pour sa négociation, les Etats Unis, ainsi que la Chine, l'Inde et le Brésil, figurant au sein d'un petit groupement de pays émergeants, stipule la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés C d'ici 2050 par rapport à l'ère préindustrielle, loin des ambitions affichées par les pays insulaires et les pays les moins développés qui défendent 1,5 degrés C d'ici 2050 par rapport à l'ère préindustrielle.
Cet accord, de 3 pages, ne renferme pas d'objectifs engageants et chiffrés en matière de diminution des émissions de gaz d'ici 2050, dans la mesure où les objectifs fixés par les pays industrialisés d'ici 2020 ne seront définis qu'en janvier prochain, lorsque chaque pays industrialisé présentera ses engagements par écrit.
En contrepartie, une somme de 100 milliards de dollars par an a été allouée aux pays en développement à partir de 2020 et les Etats Unis se sont engagés à accorder 3,6 millions de dollars aux pays les plus vulnérables d'ici 2012 pour les aider à supporter le fardeau de l'adaptation aux changements climatiques causés par le réchauffement de la planète.
Les Etats vont examiner le volet juridique de cet accord politique à Bonn, en Allemagne, durant les six prochains mois, plus précisément en juin, en préparation du sommet sur le climat prévu à Mexico en 2010.
+Les Etats Unis et la Chine: Les meneurs de jeu+
Les négociations sur le climat au sommet de l'ONU à Copenhague ont fait clairement apparaître que les meneurs de jeu sont désormais les Etats et la Chine, deux pays considérés comme étant les plus pollueurs de la planète.
Chacun, lors de ce sommet, avait des intérêts vitaux propres mais également contradictoires à défendre. D'une part, les Chinois refusent de bloquer leur rattrapage économique et reprochent aux Américains de ne pas prendre suffisamment de mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
D'autre part, les Américains, inquiets de la concurrence économique féroce que livre la Chine à leurs produits, veulent pouvoir vérifier que Pékin respectera ses engagements.
Pour mettre fin à cette "foire d'empoigne", comme d'aucuns l'ont qualifiée, les deux géants sont parvenus à préserver certes leur souveraineté mais, en revanche, ont sacrifié l'essentiel: l'espoir tant attendu de contraindre les Etats à réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre.
Le président américain, Barack Obama et le Premier ministre chinois, Wen Jiabao ont tenu une longue réunion, de 60 minutes, lors du dernier jour du sommet, suivie, selon ce qu'a annoncé la Maison Blanche, d'un autre, dans une tentative de parvenir à un accord.
+Union européenne...La déception+
L'Union Européenne (UE) s'est dirigée à Copenhague, se positionnant en leader et affichant un grand espoir au moment de la tenue du sommet, notamment en matière de limitation, quoique conditionnée, de l'émission de gaz à effet de serre à environ 30 pc d'ici 2020 (contre 20 pc actuellement), si les autres pays industrialisés avancent des propositions similaires et allouent 7,2 milliards d'euro durant 3 années aux pays les moins développés, afin de les aider à s'acclimater aux changements climatiques.
Mais l'UE, qui s'attendait à la conclusion d'un accord définissant des engagements clairs en la matière, a déchanté. En témoigne cette note de désespoir du président de la Commission européenne, Manuel Barroso qui a estimé que l'accord de dernière minute auquel est parvenu le sommet n'est pas à la hauteur des aspirations de l'Union.
Même son de cloche chez la présidence suédoise en exercice de l'UE, qui a exprimé une opinion similaire, quoiqu'elle ait modéré ses propos en qualifiant cet accord d'"étape" à partir de laquelle il faut construire.
En effet, la présidence suédoise de l'UE a appelé, lors du Sommet, la Chine et les Etats-Unis, "qui représentent la moitié des émissions mondiales", à relever leurs objectifs de réduction.
La ministre danoise Connie Hedegaard, qui présidait les débats, s'est voulue, en outre, rassurante. "C'est comme à l'école élémentaire. Ils attendent le dernier moment pour rendre leurs exercices", a-t-elle dit, mettant en garde contre un risque d'échec de la conférence si les participants ne se prêtaient pas à des compromis.
+Quelles Perspectives pour les pays en développement?+
Les pays en développement, notamment ceux du continent africain, ont pris part également aux travaux du sommet en espérant parvenir à un accord équitable et équilibré qui renferme des décisions tangibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et prend appui sur le principe de la responsabilité commune mais partagée pour diminuer les émissions.
Mais en même temps, ils ont prôné que les pays développés devraient s'engager à assumer leur responsabilité historique en matière d'environnement et permettre aux pays en développement, qui sont les plus touchés par les changements climatiques, de bénéficier de mesures de financement destinés aux programmes consacrés à l'adaptation à ces changements.
De leur côté, les pays africains ont estimé nécessaire de rester sur les acquis du protocole de Kyoto", seul instrument légal contraignant en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
"La mort de Kyoto constitue la mort de l'Afrique", ont martelé les représentants du continent.
La convention des Nations unies sur les changements climatiques énonce des principes généraux sans aucune clause contraignante, alors que le protocole de Kyoto constitue l'instrument juridique qui prévoit les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ont-ils dit.
Le groupement des 77 (qui comprend 80 pays en développement et 50 pays les moins développés) a jugé, pour sa part, l'accord de Copenhague, après un cheminement fastidieux, comme "le pire des accords dans l'histoire".
Le représentant du Soudan, dont le pays préside ce groupement, a estimé que ce sommet a plus débouché sur "une déclaration" que sur un véritable accord.
Le bilan du sommet de l'ONU sur le climat à Copenhague, auquel ont participé 193 Etats, n'a pas été à la hauteur des espoirs affichés débouchant notamment sur un accord non contraignant qui n'a pas été signé par tous les pays. Son contenu est à mille lieues des attentes que la conférence avait soulevé pour préserver le climat.
Cet accord a néanmoins mis en relief un changement au niveau des mécanismes de prise de décisions sur l'échiquier mondial, puisque des pays émergents comme la Chine et l'Inde constituent des forces déterminantes à l'échelle internationale sur lesquelles il faut désormais compter dans les négociations, , à tel point que de nombreux Etats européens sont allés jusqu'à affirmer que la solution aux problèmes de la planète est tributaire d'eux, à l'avenir.


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