Le Canada appréhende l'élection d'un gouvernement islamiste en Egypte, craignant que le nouveau régime ne soit « pire » que celui du président déchu Hosni Moubarak. « Il y a manifestement des forces qui veulent la démocratie et des changements progressistes. Mais il est évident que d'autres forces veulent quelque chose qui serait probablement pire que ce que nous avions avant », a indiqué le premier ministre Stephen Harper, dans le cadre d'une entrevue qui sera diffusée lundi soir sur la chaîne de télévision CTV. Stephen Harper n'a toutefois pas précisé quelles sont ces « forces » qui pourraient être élues à la tête de la nouvelle Egypte. Lors du premier tour des élections législatives au début décembre, le parti Justice et Liberté des Frères musulmans a obtenu 36,6 % des votes, les salafistes d'Al-Nour, 24,4 % et le Bloc égyptien (centre gauche, libéral), 13,4 %. Les partis islamistes ayant remporté plus de la moitié des voix, certains Egyptiens libéraux ainsi que des Occidentaux se disent inquiets de l'influence croissante des groupes qui préconisent une interprétation fondamentaliste de l'islam. Leur performance au scrutin, et surtout celle du parti Al-Nour, qui défend des idées ultraconservatrices, a semé la consternation dans les rangs des libéraux et des Coptes, les chrétiens d'Egypte (10 % de la population). Bien que le premier ministre qualifie de « positive » la première phase des élections, il estime qu'« en même temps, il y a eu des émeutes, il y a eu des minorités persécutées, dont les chrétiens coptes et d'autres, et cela, c'est une grande préoccupation ». Par ailleurs, en raison de l'incertitude qui plane sur la transition démocratique en Egypte, Ottawa dit craindre pour la sécurité d'Israël. « J'ai parlé au premier ministre (Benyamin) Nétanyahou et, oui, nous sommes inquiets », a expliqué Stephen Harper, ajoutant que tout ce qui pourrait menacer la paix entre Israël et l'Egypte « ne serait pas une bonne chose ». Radio-Canada.ca avecAgence France Presse