La justice tunisienne vient de lancer un mandat d'arrêt international contre le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite, ainsi que contre son épouse Leïla Trabelsi et des membres de leur famille. Cette annonce a été faite mercredi le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi qui a demandé l'aide d'Interpol afin de juger Ben Ali et ses proches pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et « transferts illicites de devises à l'étranger ». Le ministre a également indiqué que la justice tunisienne voulait faire comparaître six membres de la garde présidentielle de Ben Ali soupçonnés d'incitation à la violence après la chute de l'ancien président. Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier, sous la pression des manifestations populaires. Le ministre de la Justice Chebbi a précisé que sept membres de la famille de Ben Ali seraient en détention en Tunisie, mais qu'Imed Trabelsi, un neveu de Leila Trabelsi, et Sakher al Materi, gendre de Ben Ali, avaient fui à l'étranger. Le nom de Belhassan Trabelsi, frère de Leila, a également été soumis à Interpol, a-t-il dit. Belhassan Trabelsi détient le statut de résident permanent canadien depuis 2009. Quant à Sakher al Materi, il possède une luxueuse maison à Westmount, achetée en 2008 pour 2,5 millions de dollars. La semaine dernière, quatre ou cinq membres de la famille de Ben Ali seraient arrivés à Montréal et logeraient dans un hôtel. Leur identité n'a pas été dévoilée. Le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration Jason Kenney a affirmé que ces personnes détenaient le statut de résident permanent canadien. Manifestations en attente d'un remaniement ministériel À Tunis, des centaines de manifestants ont affronté mercredi matin la police antiémeute qui a riposté en utilisant des gaz lacrymogènes pour les disperser. Ces événements surviennent le jour même où le gouvernement de transition doit annoncer un important remaniement ministériel. Les incidents ont eu lieu dans la vieille ville lorsque des manifestants ont tenté de forcer un barrage bloquant l'accès à l'esplanade où se situent les bureaux du premier ministre Mohammed Ghannouchi. Un groupe de manifestants a arraché à mains nues un premier barrage de fils de fer barbelés et jeté des pierres à la police avant que celle-ci ne tire des grenades de gaz lacrymogène. De plus en plus nombreux, les jeunes ont continué à lancer des pierres vers les policiers, mais il n'y a pas eu d'affrontement direct. L'armée, qui s'était interposée la veille lors de heurts entre policiers et manifestants, est restée passive. Depuis trois nuits maintenant, des milliers de personnes campent à l'extérieur du bureau du premier ministre, bravant le couvre-feu, pour réclamer la démission des ministres de l'ancien régime de Ben Ali nommés au gouvernement de transition. Les forces de l'ordre avaient installé dans la matinée des barrages bloquant l'accès à l'esplanade, gênant le ravitaillement en couvertures et nourriture des manifestants. « Vous voulez nous affamer, vous voulez nous assiéger », a lancé aux forces de l'ordre un manifestant. « Police de Leïla! » ont scandé les manifestants, faisant référence à l'épouse de Ben Ali, Leïla Trabelsi, reconnue pour son influence excessive sur les affaires du pays. Source: Radio Canada