L'affaire Bensaïd Lemtiri contre Tazi a été renvoyée au 16 janvier prochain. L'avocat du vice-consul du Maroc à Montpellier a fait jouer hier matin, devant le conseil des prud'hommes de Béziers, l'immunité consulaire. L'histoire de Fettouma Tazi est intimement liée à celle de la famille Bensaïd. Employée à leur service privé en 2004, la Marocaine, âgée de 36 ans, s'est « échappée » de leur domicile biterrois au mois d'octobre. Quatre années durant, elle aurait vécu l'enfer, Mohamed Bensaïd, lui, s'en défend : « Je ne l'ai jamais maltraitée, nous l'avons scolarisée pour qu'elle apprenne le Français... »« Dès le départ, il était méchant (...) Je suis arrivée en France en 2004 avec un titre de séjour spécial », raconte de son côté la jeune femme. Entendez par là pour cachePubVide('pubCarreEdit'); travailler dans un consulat ou une ambassade. Mais cette Marocaine de Fès n'a jamais vu Montpellier : elle a quitté son bled pour l'appartement des Bensaïd, à Béziers. D'une voix fluette, elle poursuit : « De 6 h à 23 h, tous les jours de l'année, je m'occupais de tout dans la maison. » Petit-déjeuner, repas, ménage, s'occuper en permanence de l'enfant du couple, de leurs labradors... Fettouma est une bonne à tout faire. De plus, affirme-t-elle, elle avait interdiction de sortir de la maison sans être accompagnée d'un des époux. Chaque été, avec la famille Bensaïd, elle se rendait à Fès et touchait sa paie annuelle : « Lui me donnait 20 000 dirhams, soit 2 000 € ». Le vice-consul ne le nie pas : « Elle a toujours su pourquoi elle venait chez moi ; elle était logée, nourrie... » En octobre dernier, Fettouma Tazi parvient à s'échapper suite à une énième « altercation » avec Mohamed Bensaïd Lemtiri. Une connaissance de son quartier la recueille. L'observatoire régional du Biterrois est alors saisi. La sous-préfecture est alertée, tout comme le procureur de la République, le conseil des prud'hommes. Une plainte est déposée au commissariat de Béziers. Le syndicat Unsa est contacté. Toutes les démarches sont effectuées afin que la Marocaine soit dédommagée de ces quatre années d'« exploitation ». Elle réclame à M. Bensaïd, via le conseil des prud'hommes, un rappel de salaire de l'ordre de 28 000 €. Une première étape avant, peut-être, d'en venir au pénal. Mais avant toute chose, « mon but est de rester en vie ». Sans papiers, ni couverture sociale - « il me les a pris en otage » -, elle se retrouve en plus en situation de fuite. « Nous avons reçu plusieurs menaces anonymes la concernant, une plainte a été déposée au commissariat de Béziers, explique l'Observatoire régional. Elle risque gros. Pour l'heure, elle se cache chez des amis, elle est en sécurité, mais il ne faut surtout pas qu'elle soit expulsée car, à Fès, sa vie serait en danger. » Selon nos informations, Mohamed Bensaïd Lemtiri n'aurait plus de carte de résident "statut diplomatique". Il pourrait alors se retrouver comme un citoyen lambda et être effectivement jugé dans un peu plus d'un mois.