Le Palais Tazi de Rabat se transformerait-il en palace touristique? L'idée daterait de 25 ans. Mais ce n'est qu'en 2003 qu'elle a été concrétisée. Une société immobilière, dirigé par la propriétaire de ce palais, Mme Zhour Tazi, a été créée pour réaliser le projet. Le mystère a toujours entouré le sort du Palais Tazi. Depuis plus de deux décennies, plusieurs hypothèses avaient été émises. Dans un premier temps, l'idée de sa conversion en musée national a été avancée. Situé derrière la Chambre des représentants, il aurait également pu être transformé en grande annexe du Parlement. Rien n'en fut. A part ce projet de transformer ce Palais en palace (Hôtel de plus de cinq étoiles), lequel a été mis en place par une société immobilière créée il y a deux ans et présidée par Mme Zhor Tazi, 80 ans, qui n'est autre que la propriétaire du Palais Tazi. Selon un proche de la famille propriétaire, il serait faux de dire que ce palais, dont la superficie est d'environ 4 hectares, a été vendu. Plus encore, ce palais ne fait, comme certains l'ont affirmé à tort, l'objet d'aucun litige entre les membres de la famille Tazi. Selon notre source, ce palais appartient en propre à Mme Zhor Tazi dans la mesure où il n'entre pas dans l'héritage de la famille Tazi. Il n'en reste pas moins que le palais traverse depuis les deux dernières années une situation de crise. Le projet de sa conversion en palace n'est donc pas le fruit du hasard, loin de là. Le palais est criblé de dettes vis-à-vis des banques. Le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) est devenu le principal créancier de cette vieille maison. D'où le recours à des bailleurs de fonds saoudiens qui, apparemment, ont participé à l'extinction des créances auprès du CIH. Ces bailleurs de fonds, dont un prince saoudien, sont devenus du coup des associés avec la famille Tazi, pour la mise sur pied et la concrétisation du projet de conversion du palais Tazi en palace. Quel sort subira alors l'édifice historique construit au début du siècle précédent ? Selon un responsable du Palais Tazi, qui a requis l'anonymat, le palace ne sera construit que sur les terrains vides de ce prestigieux édifice. D'après ce responsable, il y a deux terrains disponibles : il y a d'une part le parking que Mme Zhor Tazi loue au Parlement, et il y a le terrain sur lequel est organisé le Festival de Rabat. Qu'en pensent maintenant les autorités locales de Rabat ? Selon Abdelhaq Mentrach, vice-président du Conseil de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs, des discussions seraient en cours pour étudier la possibilité de racheter le Palais Tazi par les autorités de la ville. Pour M.Mentrach, également président de l'Association du Festival de Rabat, il s'agit de sauver une part vivante du patrimoine historique de la capitale du Royaume. Pour un proche de la famille Tazi, qui a préféré garder l'anonymat, cela fait presque 25 ans que l'Etat manifeste son intention d'acheter le palais. Une chose est sûre : le Palais Tazi représente un bien patrimonial national. Il appartient donc aux autorités de tutelle, le ministère de la Culture entre autres, de veiller à la sauvegarde et à la réhabilitation de ce monument. Un constat que partage un membre de la famille Tazi, simplement l'Etat n'aurait rien fait ou presque pour aider le palais à surmonter sa crise financière consécutive à l'accumulation des dettes, ce qui aurait poussé la famille Tazi à envisager le recours à des bailleurs de fonds saoudiens. Les discussions, qui auront été entreprises par les autorités locales de Rabat, vont-elles être couronnées par une décision allant dans le sens de la sauvegarde du Palais Tazi ? Contactés par «ALM», les présidents des Conseils de la ville de Rabat, de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs, et du Conseil régional de la préfecture de Rabat étaient injoignables hier. Un point d'interrogation plane ainsi sur le sort qui sera réservé à l'un des prestigieux sites historiques de de la capitale. Ce palais a été construit au début du 20ème siècle, par le défunt Omar Tazi considéré à l'époque comme l'homme le plus riche du Maroc; il a occupé des postes d'homme d'Etat : ministre favori du Sultan Moulay Abdelaziz et ministre des domaines sous le règne du sultan Moulay Youssef.