La visite du Pape François 1er au Maroc, placée sous le signe de la promotion du dialogue interreligieux, de la tolérance et de la coexistence, applaudie de par le monde, a fait quelques mécontents auxquels l'évènement a donné des coliques. C'est le cas de l'Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) que préside le Marocain Ahmed Raissouni, membre du MUR (bras idéologique du PJD), qui a succédé à la tête de l'Union au fameux Al Qaradaoui, ténor et figure de proue du mouvement des Frères Musulmans, réfugié au Qatar. Dans un communiqué, l'UIOM s'est érigée en désapprobatrice de l'évènement. Pourquoi ? Parce que lors de la présentation de chants religieux de tradition musulmane, chrétienne et hébraïque à l'Institut Mohammed VI de la formation des Imams Mourchidines et Mourchidates, il y a eu « mélange » entre ce que l'UIOM a assimilé à « Al Adhan » et les autres chants religieux. Se déclarant « choquée », l'Union internationale des oulémas a fustigé un« mélange des genres » entre les « grands rites islamiques et les chants ecclésiastiques ». Révélatrice démonstration d'intolérance à l'occasion d'un événement qui célébrait justement la tolérance. Et peu importe la contradiction avec une affirmation contenue dans le même communiqué qui souligne que «les principes de tolérance, de coexistence et de dialogue sont des principes fondamentaux en Islam ». Une vérité recyclée langue de bois chez les « frères », en vue de faire écran à la culture du rejet de l'autre qui estampille le comportement de cette organisation. Sinon comment expliquer que l'UIOM se soit focalisée sur un simple détail qui relève somme toute de l'artistique et ignorer l'essence de la rencontre entre deux hautes autorités religieuses représentatives des deux plus grandes religions monothéistes ? L'UIOM a sciemment ignoré l'impulsion à la construction d'un monde plus solidaire, imbu d'écoute et de respect mutuel, que peut apporter une telle initiative qui a déjà donné la meilleure des réponses à la propagation des pensées fascistes et aux instrumentalisations prônant la haine et la violence. L'UIOM a également balayé les puissants messages politiques de l'Appel d'Al-Qods signé par les deux souverains et qui vise la restitution des droits spoliés à leurs ayants droit. Même les efforts du Maroc pour la promotion en Afrique et ailleurs d'un Islam modéré et de juste milieu, mis en exergue lors de cette visite, n'ont pas trouvé grâce aux yeux d'Ahmed Raissouni et ses camarades. En lieu et place, l'UIOM a fondé sa diatribe sur une confusion volontaire. Les savantissimes membres de l'Union internationale des oulémas ont - comble de la bêtise – fait l'amalgame entre les paroles de la seule Profession de Foi (Chahada) et Al Adhan, surtout que psalmodiée, l'air musical de la Chahada rappelait celui couramment utilisé (au Machreq surtout) pour l'appel à la prière, donc Al Adhan. Voilà qui a en plus été désigné dans le communiqué par « grands rites islamiques ». Pourtant, il est bien établi dans la jurisprudence islamique (le fiqh) que «ma bouniya ‘ala batel fahouwa batel » (ce qui est fondé sur du fallacieux est frappé de nullité). Et ce n'est surtout pas Ahmed Raissouni, spécialiste en la science des « oussoul al fiqh » (les principes de jurisprudence) qui dira le contraire. Jamal HAJJAM