A l'issue de trois jours de débats, "la conférence des Oulémas de la Oumma Islamique", dont les travaux ont été clôturés mercredi soir à Dakar, a recommandé la mise en place d'un "comité de sages" composé d'éminents Ouléma avec la mission de mener des médiations en cas de conflits dans les pays islamiques. Tout en rappelant les développements de la situation dans certains pays arabes, les recommandations de la Conférence soulignent le rôle des Ouléma dans la sensibilisation des populations et la prévention de la "Fitna". Le Comité des Sages des Ouléma de la Oumma devra s'impliquer dans la résolution des conflits, désamorcer les tensions et contribuer auprès des protagonistes à des solutions pacifiques à même d'éviter l'effusion de sang et le désordre, indiquent les recommandations de la Conférence de Dakar. Le document final de la Conférence qui a réuni des oulémas venus de près de 84 pays dont une forte délégation marocaine, comporte une série de recommandations pour réhabiliter le rôle des Ouléma dans les sociétés modernes, notamment la promotion d'un Islam tolérant, ouvert et respectueux des différences et des divergences de vues. L'institution des Ouléma doit s'ériger en forteresse contre tous les périls qui menacent la Oumma islamique, notamment l'extrémisme, le fanatisme dogmatique, et l'invasion des idées intruses et étrangères à la foi islamique authentique et ses valeurs sacrées, indique le document. Les Ouléma réunis à Dakar ont également appelé à encourager la culture du dialogue à travers un fiqh de conciliation respectueux des divergences de vues et favorable à l'Ijtihad (jurisprudence), une condition nécessaire pour assurer l'adaptation de la foi aux exigences des sociétés modernes. Les recommandations ont également insisté sur les qualités requises pour l'exercice de la noble mission des Ouléma. Une profonde connaissance des textes, un vaste savoir pluridisciplinaire, une grande capacité de discernement, une sagesse conciliant la logique et la foi, sont autant de qualités requises pour exercer le rôle d'éclaireur spirituel au sein de la société, indique le document. Les Ouléma ont également émis une série de recommandation pour la promotion de la langue arabe et l'éducation islamique fondée sur les valeurs authentiques de l'Islam afin de prémunir intellectuellement les sociétés de la Oumma islamique contre les risques de dérives et des extrémismes. Ils ont ainsi conseillé la promotion d'un enseignement authentique (fiqh et sciences théologiques) intégrant les méthodes modernes de l'enseignement et les nouvelles techniques de l'information.
Sur le volet économique, les recommandations de la rencontre de Dakar ont vivement conseillé la réhabilitation du "Waqf" et l'organisation de la Zakat en vue d'une meilleure gestion de cette manne au profit du développement socio-économique des sociétés musulmanes et d'une solidarité effective entre pays riches et pays pauvres de la Oumma. Dans ce domaine, une initiative a été prise lors de ces assises de Dakar. En effet, La Banque Islamique de Développement (BID) a conclu avec les autorités sénégalaises un accord pour le financement des Daras (écoles coraniques) à travers un Waqf islamique d'une valeur globale de 29 millions de dollars. Une importante délégation d'Oulémas marocains conduite par le ministre des habous et des affaires islamiques, M. Ahmed Taoufiq, a pris part aux travaux de cette Conférence. Lors de la première journée de cette manifestation, M. Ahmed Taoufiq a présidé et modéré les débats d'une session sur le thème "la place des Oulémas et les conditions nécessaires pour atteindre l'objectif de l'unification et de la concertation". Des Oulémas et des responsables d'Organisations islamiques se sont penchés sur les fondements de cette noble mission et les valeurs de sagesse et de clairvoyance léguées par les fondateurs des principaux rites islamiques. La contribution des Ouléma marocains aux débats de ces assises a été remarquable et l'expérience marocaine dans l'organisation du champ religieux a été présentée aux participants à cette rencontre, indique M. Abdellatif Begdouri, directeur de cabinet du ministère des Habous et des affaires islamiques. La forte participation marocaine à cette rencontre internationale témoigne de l'excellence des relations ancestrales entre les Maroc et le Sénégal qui remontent si loin dans l'histoire et où le champ religieux a joué un rôle majeur dans le rapprochement entre les deux pays frères fortement attaché à un islam soufi porteur des valeurs de tolérance, de sagesse et d'une profonde connaissance des textes, a-t-il dit. Les participants à la Conférence de Dakar ont promis d'assurer un suivi des recommandations de cette rencontre qui seront soumises au prochain sommet de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI).