«Pour une enfance en sécurité » était le thème de la cinquième Conférence islamique des ministres chargés de l'Enfance que notre pays avait abritée récemment, et dont les assises ont été préparées par l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture. Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté, cette conférence traduit la prise de conscience aiguë des retombées des situations de précarité et de maltraitance sur les enfants. Elle traduit également l'engagement affirmé aussi bien en termes d'accompagnement, de renforcement des institutions œuvrant dans le domaine de l'enfance, de développement des programmes spécifiques visant à améliorer la situation des enfants en situation précaire, et celle des enfants exclus ou marginalisés. Dans cette orientation, cette conférence, et alors qu'elle a permis un échange fécond en matière d'expériences et des expertises, impulse une nouvelle dynamique d'ouverture et de partage entre les pays islamiques, surtout que l'expérience que notre pays compte à son actif en matière de protection, de sécurité et de prise en charge de l'enfance est concluante à plus d'un titre. En effet, s'inscrivant fondamentalement dans le projet global d'édification d'une société démocratique et moderne tel que préconisé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l'expérience marocaine capitalise sur nombre d'atouts majeurs. Il s'agit d'abord de la vision qui la sous-tend, celle de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II – que Dieu ait son âme - selon laquelle « le futur de l'humanité reposait sur les épaules de ses enfants, et qu'elle plaçait en eux ses espoirs pour rêver de lendemains meilleurs ». « Que le degré de civilisation des nations et des peuples se mesurait à l'aune de l'intérêt et de la sollicitude dont ils entourent leurs enfants », pour ne citer que cet éclairage profond. C'était en 1994 lors du premier Congrès national sur les droits de l'enfant, ce qui avait impulsé ainsi toute une dynamique salutaire donnant naissance à la création de l'Observatoire national des droits de l'enfant, dont la présidence a été confiée à Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryam dont l'implication et l'engagement à la faveur de l'enfance est, depuis lors, source d'admiration aux yeux de l'ensemble des acteurs et des dirigeants à travers le monde. S'en est suivi en 1999 la mise en place du Parlement de l'enfant et également le développement de tout un tissu associatif et caritatif autour des objectifs d'œuvrer à l'amélioration de la situation de l'enfance marocaine, notamment pour ce qui touche aux volets de la vie sociale des enfants et de leurs droits. Bien une volonté affirmée qui a largement contribué à consolider la stratégie de l'Etat et qui s'est traduite par la mise en place d'actions de proximité et d'écoute active, un meilleur accompagnement par les pouvoirs publics, le renforcement des institutions nationales œuvrant dans le domaine de l'enfance, le développement des programmes spécifiques visant à améliorer la situation des enfants en situation précaire, et celle des enfants exclus ou marginalisés. Sur ce chapitre comme sur bien d'autres, d'énormes efforts sont déployés aujourd'hui, pour généraliser ces actions à l'ensemble des villes du Royaume et renforcer les mécanismes de coordination, d'échange et de partenariat entre les intervenants, que ce soit à l'échelon national, régional et local. Une dynamique qui puise son fort dans l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), ce projet Royal dont la vocation fondamentale est d'assurer une vie meilleure aux enfants, notamment ceux parmi eux qui sont en proie à la marginalité et à la détresse matérielle, et de les prémunir contre les fléaux de l'analphabétisme, de la pauvreté et de l'exclusion. S'y ajoutent, bien évidemment, d'autres initiatives d'envergure qu'il faut rappeler, à savoir: l'adoption d'un Code de la Famille avancé, consacrant le principe de respect de l'intérêt supérieur de l'enfant et assurant, en toutes circonstances, la protection de ses droits ; la promulgation d'une série de lois pertinentes dont, à titre illustratif, la modification de loi attribuant la nationalité marocaine, la loi interdisant l'emploi des mineurs et celle portant sur la création et l'administration des établissements de protection sociale. C'est dire que la protection et l'amélioration de la situation de l'enfance, ressort, de nos jours, comme un vaste chantier hautement prioritaire pour les pays du monde islamique. Et même si la tâche n'est pas du tout aisée, étant entendu qu'ils sont confrontés à des défis majeurs, il reste qu'ils sont en position de vaincre nombre de difficultés, aidés en cela par le fait qu'ils partagent les mêmes principes et les mêmes valeurs de par leurs liens religieux et civilisationnels. Certes, dans le contexte où nous vivons et où les pays du monde islamique et ceux de la société Monde de façon générale, l'enfance vit de profondes incertitudes, il est impératif, comme le défend ardemment le Souverain, de renforcer les liens de solidarité et de coopération, de mutualiser les efforts et de partager les expériences accumulées dans le domaine de la protection de l'enfance, mettre en place des partenariats constructifs et innovants et impliquer l'ensemble des acteurs et intervenants, notamment les structures de la société civile. Là est le véritable challenge ! Mohammed BEROUAL