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Rapport accablant d'Oxfam sur les inégalités au Maroc
Un Marocain sur deux vit avec moins de 966 DH par mois
Publié dans L'opinion le 24 - 01 - 2018

Le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s'agrandir au Maroc. C'est en substance la principale conclusion tirée du nouveau rapport d'Oxfam, intitulé : « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent ».Ainsi, la majorité de la population subit cette crise des inégalités, en dépit des avancées réalisées ces 25 dernières années, notamment grâce à l'initiative nationale du développement humain (INDH), souligne l'ONG internationale. Et d'ajouter que les inégalités peuvent prendre des formes très diverses : écarts de salaires et de patrimoines, exclusion du marché de l'emploi, différences entre femmes et hommes, marginalisation de certains territoires, disparités dans l'accès à l'éducation et aux soins -mais leurs conséquences se rejoignent : l'accroissement de la pauvreté, la précarisation et la marginalisation, dont les femmes sont les premières à souffrir. Récemment, poursuit Oxfam, plusieurs voix ont appelé à la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités socio-économiques y compris au sein du Parlement qui a consacré une séance à ce sujet. Citant une étude qu'elle a effectuée récemment, l'ONG affirme que près de la moitié des Marocains estime que les revenus sont répartis de manière inégale ou très inégale, et 60% pensent qu'ils devraient être distribués plus équitablement.
Des inégalités bien ancrées
La comparaison avec les pays voisins montre que le Maroc possède le niveau d'inégalités le plus élevé d'Afrique du Nord, même si celui-ci se réduit depuis une dizaine d'années.
Autre résultat inquiétant soulevé par l'étude : les 10% les plus riches ont un niveau de vie en moyenne 12 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres. Sachant que le Royaume s'est pourtant engagé en faveur de l'Objectif de développement durable n° 10 qui vise à réduire les inégalités. Cet objectif ne pourra être rempli que si le Maroc dispose de données fiables, détaillées et régulièrement actualisées sur les niveaux de revenus et de richesses de sa population, tient á préciser l'ONG.
Derrière les grandes fortunes, de nombreux pauvres et vulnérables
Autre constat alarmant d'Oxfam : Trois milliardaires Marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période. Cette accumulation de richesses pour un petit nombre contraste avec le reste des habitants. Un Marocain sur deux a un niveau de vie inférieur à 11.589 DH par an, soit 966 DH par mois. C'est beaucoup moins dans les zones rurales où la moitié des habitants vivent avec moins de 8.678 DH par an (contre 14.270 DH en ville), indique-t-on.
Au total, plus de 1,6 million de personnes restent pauvres, c'est-à-dire dans l'incapacité de se nourrir suffisamment et de se procurer les biens de base ; et 4,2 millions de personnes restent vulnérables, c'est-à-dire susceptibles de basculer dans la pauvreté à tout moment.
De fortes disparités entre les territoires
L'étude fait observer, par ailleurs, que les moyennes nationales occultent d'importantes fractures spatiales : la pauvreté reste très prégnante en milieu rural, avec près de 10% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté (2014) tandis qu'elle est devenue beaucoup plus rare en milieu urbain (1,6% en 2014).La vulnérabilité est aussi davantage prononcée en milieu rural mais les villes pâtissent d'un plus fort taux d'inégalités et de chômage (35% de taux d'activité contre 55% en zones rurales). L'accès aux services publics de base, un maillon essentiel de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, n'est pas garanti pour tous : dans les villes, 90% des ménages sont raccordés au réseau d'eau potable et au réseau public d'assainissement, alors que le taux de raccordement dans les campagnes n'est que de 40% pour l'eau potable et 3% pour l'assainissement.
Les situations diffèrent d'une région à l'autre : les régions de Drâa-Tafilalet et de Beni Mellal-Khenifra comptent beaucoup plus de personnes pauvres (respectivement 14,6 et 9,3%) que Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Settat-Casablanca (respectivement 2,2 et 2%).
Les jeunes et les femmes largement exclus de l'emploi
Oxfam note, également, que le Maroc a un taux d'activité faible (47%) qui s'explique principalement par l'absence des femmes du marché du travail. Seules 22% d'entre elles occupent un emploi, contre 65% des hommes. L'emploi des femmes est fortement freiné par le poids des normes sociales : plus de trois quarts des femmes en dehors du marché du travail sont des femmes au foyer et seulement 13% sont en études, tandis que la moitié des hommes en dehors du marché du travail sont en études.
Santé, couverture sociale et éducation au cœur des inégalités
Oxfam indique, d'autre part, que 1,7 million de Marocains, soit 28% des 15-24 ans, ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (NEET), et 80% sont des femmes. Les jeunes qui parviennent à obtenir un travail occupent des emplois précaires à 80% informels. Ceci est problématique car 8 travailleurs et travailleuses sur 10 sont par conséquent dépourvus de couverture médicale et sociale, ainsi que de droits syndicaux. Près de 22% des travailleuses et travailleurs ne perçoivent même pas de salaire (aides familiales et apprentis dans le secteur agricole).
L'accès à une couverture médicale a progressé mais reste malgré tout très faible (36% de la population) et très corrélé au niveau de vie.
Malgré une amélioration d'ensemble, les Marocains n'ont pas les mêmes chances d'accéder à des soins près de chez eux : le Maroc ne compte que 6,2 médecins pour 10.000 habitants, contre 12 en Algérie et en Tunisie et 37,1 en Espagne.
De même, l'éducation représente un immense défi pour le Maroc : près d'un tiers de la population est encore analphabète, et encore davantage pour les femmes en milieu rural (60%).
En guise de conclusion, Oxfam estime que la société marocaine est traversée par des inégalités dans de nombreux domaines. Celles-ci accroissent à leur tour la pauvreté et la vulnérabilité de la population. L'ONG internationale recommande au gouvernement et aux différentes institutions concernées du pays de s'attaquer au fléau des inégalités en instaurant un système économique qui bénéficie à toutes et tous, et non à quelques privilégiés, en commençant par mesurer les écarts de richesses dans le pays. La façon dont l'économie est structurée n'est pas une fatalité et des solutions existent : garantir un partage des richesses plus équitable au sein des entreprises et le respect des droits des travailleurs, faciliter l'accès au travail décent pour les femmes et les jeunes, recourir à une fiscalité juste et progressive pour imposer davantage ceux qui en ont les moyens, lutter contre l'évasion fiscale pour financer des services publics de qualité comme l'éducation et la santé, lutter contre les disparités salariales, les cumuls des indemnités et améliorer la gouvernance locale, régionale et nationale à travers la reddition des comptes, la transparence, l ́accès à l ́information et la participation de la société civile.
A. CHANNAJE


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