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L'avenir de la couverture médicale de base confronté à des défis, selon la BAD : Très faible niveau de satisfaction vis-à-vis des services de santé et absence de culture de redevabilité
La troisième phase du Programme d'Appui à la Réforme de la Couverture Médicale de base (PARCOUM III) vient de faire l'objet d'un rapport d'évaluation de la Banque Africaine de Développement, principal bailleur de fonds et partenaire du Maroc pour ce programme). Selon la Banque, la définition du programme tient compte des recommandations des PARCOUM I et II sur les éléments qui ont freiné leur mise en oeuvre. Le programme PARCOUM I (2005-2008) a appuyé la mise en place de l'assurance maladie obligatoire pour les employés du secteur public et privé formel ; PARCOUM II (2008-2012) a quant à lui appuyé la mise en place du RAMED. PARCOUM III visera à élargir la CMB par la généralisation du RAMED et la mise en place d'un régime spécifique pour les travailleurs indépendants. La négociation de l'accord de prêt a eu lieu en juillet 2O13 et le premier décaissement est prévu pour le 31 janvier 2014. S'agissant du contexte du pays et du programme, le rapport de la BAD rappelle que la protection sociale notamment à travers l'extension de la couverture médicale de base (CMB), fait partie des axes prioritaires du plan d'action 2013-2016 élaboré par le ministère de la Santé. Le gouvernement entend poursuivre les grandes réformes structurelles engagées depuis 2001 pour développer la couverture médicale de base. Une attention particulière sera accordée à la généralisation du RAMED devenue effective suite au discours de Sa Majesté le Roi du 13 mars 2012 et à l'élargissement de la couverture médicale aux populations indépendantes. Pour ce qui est de l'environnement social, celui-ci se caractérise par de fortes inégalités de revenus qui sont accentuées par les disparités régionales et de genre, rappelle la BAD. Malgré une amélioration globale des niveaux de vie (le taux de pauvreté relative a diminué de 15,3% à 8,9% au niveau national entre 2001 et 2007), il existe d'importantes différences entre milieu rural et urbain et une persistance des inégalités sociales. Le taux de pauvreté relative est de 4,8% en milieu urbain contre 14,4% en milieu rural (Haut-Commissariat au Plan, 2009). Le niveau de pauvreté varie entre les régions et celles du Sud enregistrent les taux les plus élevés (Tableau 2). Enfin, les inégalités de revenus sont criantes, avec les 20% de la population les plus riches disposant de 48% du revenu total contre 7% pour les plus pauvres (Figure 2). Par ailleurs, les inégalités de genre placent les femmes en position de vulnérabilité : près d'une femme sur deux est analphabète et les femmes constituent la majorité de la population inactive (le ratio d'activité femme/homme est de 35% d'après l'enquête emploi de 2010). La situation de la femme fait toutefois l'objet d'une attention particulière : révision du Code de la Famille, mesures favorisant l'amélioration de l'accès à la santé et à l'éducation. La population marocaine insatisfaite de la politique du gouvernement Selon l'institution africaine, la population (marocaine) est insatisfaite des politiques sociales, de la gouvernance et de la qualité des services publics au Maroc. Dès 2005 le Gouvernement marocain s'est engagé, avec l'appui des bailleurs de fonds, dans des projets sociaux de grande ampleur : l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) qui soutient les activités génératrices de revenus et le Régime d'Assistance Médicale (RAMED). Néanmoins, la population marocaine semble insatisfaite de la manière dont le gouvernement porte assistance aux pauvres : seule 30% de la population marocaine se dit satisfaite contre plus du double en Tunisie ou en Jordanie (Banque mondiale, 2012). De fortes disparités en matire de santé existent selon le milieu (urbain/rural), le genre et le quintile de revenu. Etre pauvre et vivre en zone rurale sont deux facteurs qui déterminent fortement la mortalité infantile et maternelle. Dans le Maroc rural, la mortalité maternelle est de 43 % plus élevée qu'en zone urbaine. Les enfants de moins de cinq ans appartenant au quintile plus pauvre ont trois fois plus de risques de mourir de maladies de l'enfance souvent facilement traitables ou de blessures évitables. La proportion d'enfants qui souffrent de malnutrition chronique (retard de croissance) est beaucoup plus importante en milieu rural qu'en milieu urbain (20.5% contre 8.6%). L'avenir de la CMB est confronté à des défis, constate la BAD. Les réalisations soulignées plus haut en termes de couverture des démunis doivent être consolidées et amplifiées de telle sorte que la CMB s'universalise de manière équitable et pérenne. A l'instar d'autres pays en développement ayant opté pour le développement de l'assurance maladie, le Maroc se trouve face à des problématiques complexes (couverture médicale des travailleurs indépendants ; financement des différents régimes d'assurance ; mise en oeuvre du principe de solidarité ; régulation du marché des médicaments) qui appellent des choix fondamentaux susceptibles d'engager le pays dans le long terme. Le Maroc ambitionne d'améliorer l'accès aux services sociaux de base pour toute la population à travers le développement de la couverture médicale de base. Après avoir mis en place les mécanismes de couverture pour les salariés des secteurs public et privé et pour les économiquement démunis, le Gouvernement entend poursuivre ses efforts en développant les mêmes mécanismes pour les populations dites «indépendantes ». Le RAMED et la CMB s'inscrivent dans la politique de réduction de la pauvreté du royaume. La nouvelle stratégie du secteur de la santé pour la période 2013-2016 permettra de consolider les actions menées au cours de la période précédente. Les défis énumérés dans le plan d'action 2012-2016, qui sert de document opérationnel pour la mise en oeuvre de la stratégie, sont : - la sécurité sanitaire internationale, - les ressources humaines pour la santé, - la réforme des soins de santé primaires, - le renforcement des systèmes de santé, - la couverture universelle de santé, et - les maladies non transmissibles. La nouvelle stratégie du secteur est en cours de validation.