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Convertibilité du Dirham, les clefs pour mieux comprendre
Risque d'inflation, de fuites de capitaux et d'aggravation du chômage
Publié dans L'opinion le 10 - 01 - 2018

Le dirham marocain est la monnaie officielle du Maroc depuis 1958, date à laquelle il a remplacé le franc marocain (dont la valeur était fixée par rapport au franc français). Le dirham a été l'unité monétaire principale du Maroc, jusqu'en 1912. Le traité de Fès du 30 mars 1912, dans son article premier, ouvre l'opportunité du protectorat de changer la devise marocaine, pour l'adapter à ses besoins, on parle des : « ...réformes administratives, judiciaires, scolaires, économiques, financières et militaires ... ».
Le professeur Aziz Lahlou, ancien maître-assistant à l'Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne, docteur d'Etat en analyse économique de cette même université, annonce la couleur.
Son analyse de la convertibilité du dirham est celle d'un universitaire engagé et celle d'un pédagogue.
L'Opinion : Il y a une remise en question des valeurs économiques dans votre livre « Faits et problèmes économiques ». Qu'est-ce que cela signifie en matière d'analyse économique, pour ce qui concerne la convertibilité du dirham ?
Pr Aziza Lahlou : Du point de vue de la gestion quotidienne, la seule question qui compte est de savoir si les Marocains, nos compatriotes, paieront les dégâts causés par ceux qui décideront pour eux. Les B.A – BA, les premiers rudiments de l'économie monétaire, exige de nous une balance commerciale excédentaire, et une réserve importante en devises, ceci n'est pas notre cas, au niveau de la balance commerciale déficitaire depuis 1975.
Personnellement, je n'ai rien contre la convertibilité partielle ou totale du dirham, et je ne suis prisonnier d'aucune orthodoxie économique, seuls les intérêts de mon pays comptent en premier lieu. Nous avons en face de nous un tableau économique qui va nous faire plonger dans le vide, avec un risque d'inflation, et encore plus de chômage (10% aujourd'hui) et des fuites de capitaux, vers Sebta, Mellilia et Gibraltar (des paradis fiscaux préférés des Marocains, pour cause de proximité géographique).
Pour rappel, le dirham fut indexé à 80% sur l'euro et 20% sur le dollar. Mais, depuis le 13 avril 2015, le dirham est indexé par rapport à un panier de monnaies, basé à 40% sur le dollar et à 60% sur l'euro, ceci est, bien entendu, en fonction des importations et des exportations du pays.
L'Opinion : Pouvez-vous donner un exemple pratique de l'importance et des enjeux de la stratégie d'une convertibilité de notre monnaie nationale ?
Pr Aziz Lahlou : Depuis plusieurs années, nous avons eu beaucoup de mal, nous les Marocains, à payer nos factures et nos importations de nos produits alimentaires et de matières premières et également à payer les intérêts de notre dette extérieure. D'autant plus que le coût élevé de nos produits manufacturés, la médiocrité de leur qualité et la longueur de leurs délais de livraison les mettaient dans une position très défavorable face à la concurrence étrangère, notamment espagnole. Avant que la baisse du dirham des dernières années ait pu porter ses fruits en stimulant les exportations, elle avait fait monter les prix des produits importés et aggravé le coût de la vie.
Notre pays contracta de gros emprunts auprès du Fonds Monétaire International et des autres institutions financières étrangères. Pour satisfaire aux conditions de ces institutions monétaires, le Maroc dut alors procéder à des réductions sévères de son programme de dépenses publiques. Le freinage de la profession des salaires et des prix fut l'amorce du redressement. Les exportations équilibrèrent petit à petit les importations. Des portefeuilles des devises étrangères s'accumulèrent à Bank Al- Mahgrib et il devient possible de rembourser des emprunts. Vous le savez bien, une chose est sûre, c'est que le FMI n'offre pas de traitement permanent contre l'instabilité du marché des changes. Il faut en chercher le remède dans la maîtrise de l'inflation des principaux partenaires du Maroc. La dette publique représente aujourd'hui près de 80% du P.I.B., soit à peu près 80 milliards de dollars pour un P.I.B. qui est de près de 121 milliards de dollars. Nous exportons pour près de 220 milliards de dollars, et nous importons pour près de 400 milliards de dollars.
L'Opinion : Le Maroc suit sa propre voie pour sortir de la crise. Mais tant que des disparités subsisteront entre nous et nos partenaires économiques, peut-on, d'après votre analyse, espérer une amélioration de la situation ?
Pr Aziz Lahlou : Oui et non, car l'instabilité des changes persistera. Le cours de l'euro, c'est-à-dire la monnaie de notre premier partenaire – l'Europe – à faible taux d'inflation continuera à monter. Et le dirham, harcelé par l'inflation, ou la mise en œuvre de la politique d'ensemble des revenus et des prix, rencontrera plus d'obstacles et assistera, vis-à-vis de l'euro, impuissant au dérapage de sa valeur.
Oui, sans aucun doute, le Maghreb se porterait beaucoup mieux, si notre région, forte et véritablement unie, était capable de mettre au point et d'appliquer une politique efficace commune en matière de prix et d'emploi. Il est toujours préférable d'avoir le contre-poids d'un autre pôle d'influence. Nous sommes lucides, ici, pour aujourd'hui, c'est l'Europe, notre assurance-vie, notre meilleur allié, n'est-ce pas ? Près de 3 millions de Marocains vivent en Europe, ils aiment leur pays d'origine et le font savoir par leurs transferts d'argent et leurs investissements au Maroc. Les transferts des Marocains résidant à l'étranger ont atteint près de 5 milliards de dollars, dont 2 milliards en provenance de France.
L'Opinion : En attendant, il y a un degré minimal de coopération indispensable ?
Pr Aziz Lahlou : Pour le moment, nous sommes dans un « wait and see ! ». Malgré les bonnes intentions, le Maghreb est loin d'avoir réalisé son unité. L'unité implique, pour moi, une politique fiscale et monétaire commune et des mesures de contrôle identiques sur les prix, les salaires et les revenus.
C'est seulement une fois que toutes ces conditions seront réunies qu'il sera possible de créer une monnaie maghrébine. Mais, nous en sommes encore très loin ! En matière monétaire, il faut être très prudent. L'Egypte, en novembre dernier, sa « livre » a connu une dévaluation de 60% en quelques jours, pour un passage au régime de change flottant, c'est de l'irresponsabilité vis-à-vis du peuple égyptien. Avec un P.I.B. de 806 milliards de dollars, la Turquie est la première puissance économique du Moyen-Orient, devant l'Iran et l'Arabie Saoudite, 15ème puissance économique mondiale, la « livre » turque est au plus bas face au dollar et à l'euro, et valeur d'aujourd'hui, elle continue son plongeon, et ceci pour les mêmes raisons que l'Egypte.
L'Opinion : Les prix imposés par l'Europe ne constituent-ils pas une source d'instabilité permanente pour le dirham ?
Pr Aziz Lahlou : Oui, mais la prééminence de l'Europe ne doit pas donner au Maroc un alibi pour baisser les bras. Je m'explique : par exemple, la politique d'ensemble des revenus et des prix serait plus aisément réalisable si tous les pays du Maghreb comprenaient son enjeu et humanisaient leurs efforts pour en appliquer les dispositions. Ainsi, chacun de nous pourrait mieux se protéger des effets des mouvements de prix en dehors de ses frontières.
L'Opinion : Aurions-nous pu nous prémunir contre cette situation ?
Pr Aziz Lahlou : Bien sûr, une situation fâcheuse mais pas désespérée. On parlera d'extension de délai, de report, de refinancement, de moratoire, etc. Et l'esprit d'entreprendre, chez nous, démontrera de nouveau sa merveilleuse souplesse. C'est une précaution élémentaire, si nous voulons sauvegarder notre indépendance économique et être prêts à affronter les défis du troisième millénaire pour l'ensemble des peuples de la région...Mais, entendons-nous bien, rien ne se fera au détriment de notre intégrité territoriale, cette question, pour nous et pour tous les Marocains, est une question de vie ou de mort ! Un point, c'es tout !
Propos recueillis par Nadia NACIRI


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