Plusieurs milliers de personnes manifestaient mardi soir dans les rues d'Al-Hoceïma pour demander la libération des interpelés dans le cadre de ce qu'on appelle le "Hirak". Les manifestants ont envahi les rues du quartier de Sidi Abed, non loin du centre-ville, vers 22H00 après la rupture du jeûne du ramadan, a-t-on constaté sur place. Les forces anti-émeutes se sont déployées sur une place non loin du boulevard Tarik Ibn Ziyad, pour tenter de les empêcher de se rassembler. Elles ont ensuite reculé sous la pression des contestataires, dans un face-à-face tendu mais sans incident. Vers 23H00, la manifestation se poursuivait tandis que les contestataires criaient "Dignité pour le Rif", ou "Halte à la militarisation", brandissant par centaines des portraits photocopiés de Nasser Zefzafi entre autres arrêté pour avoir empêché un Imam de prêcher lors de la prière de vendredi dernier. Zefzafi a été interpellé lundi matin par la police également pour "atteinte à la sécurité intérieure". Depuis vendredi, la ville d'Al-Hoceïma est en ébullition. Des heurts nocturnes ont opposé manifestants et policiers pendant le week-end. Près de 3.000 personnes se sont rassemblées lundi soir sans incident. Ils étaient encore plus nombreux mardi soir. Comme ils le font régulièrement lors de leurs rassemblements, les manifestants ont de nouveau "juré fidélité au Rif". Ils portaient cette fois des banderoles apostrophant les autorités et proclamant: "Libérez les prisonniers, ou mettez nous tous en prison!". Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, des manifestants se sont également rassemblés dans la ville voisine d'Imzouren, sous une forte présence policière. A Rabat, un rassemblement de "solidarité" de quelques dizaines de personnes a été dispersé par la police devant le parlement, a-t-on constaté. La police est également intervenue à Casablanca contre un rassemblement similaire près de la préfecture, a rapporté la presse marocaine. La police a procédé depuis vendredi à une quarantaine d'arrestations, visant essentiellement le noyau dur du "Hirak", selon un dernier décompte officiel publié lundi soir. 25 d'entre elles ont été déférées devant le parquet. Leur procès s'est ouvert mardi mais a été immédiatement reporté au 6 juin, à la demande de leurs avocats. Sept autres suspects ont été remis en liberté provisoire en attendant leur procès. Sept autres ont été libérés sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux.