La tension est en train de monter à Al Hoceima et sa région depuis la journée du vendredi marquée par l'incident de la mosquée, l'annonce de la recherche du meneur principal de la contestation Nasser Zefzafi et l'arrestation de 22 activistes. Un face à face très tendu oppose en effet chaque soir manifestants et forces de l'ordre après la prière des "Tarawih". Des manifestations de solidarité ont été également organisées dimanche soir dans les villes de Nador, Tanger, Rabat, Casablanca et d'autres villes. Hier matin, le Procureur général du Roi près la Cour d'appel d'Al Hoceïma, Mohamed Aqwir, a annoncé l'arrestation, lundi, de Nasser Zefzafi pour crime présumé d'entrave à la liberté de culte précisant que ce dernier a été arrêté en compagnie d'autres individus qui ont été remis a la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca pour enquêter avec le premier mis en cause sur les faits qui lui sont reprochés, et avec l'ensemble des prévenus sur des actes présumés concernant l'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat et d'autres actes constituant des crimes en vertu de la loi. Zefzafi était recherché depuis vendredi soir par la justice pour avoir interrompu le prêche d'un imam dans une mosquée de la ville d'Al-Hoceïma. Selon le mandat d'arrêt le visant, il est accusé d'avoir "insulté le prédicateur", "prononcé un discours provocateur" et "semé le trouble". Deux autres individus avaient été arrêtés samedi par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), portant à 22 le nombre des arrestations opérées jusque. Selon le procureur général du Roi qui citait samedi un rapport de la BNPJ, les prévenus auraient commis des actes contraires à la loi et punis par le code pénal. Ces actes concernent l'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, l'incitation à commettre des délits et des crimes, l'humiliation des fonctionnaires publics lors de l'accomplissement de leurs missions et l'hostilité envers les symboles du Royaume dans des rassemblements publics, outre d'autres actes. Ledit rapport indique que certaines personnes seraient impliquées dans les incidents qui ont eu lieu à Imzouren et Bni Bouayach le 26 mars dernier, au cours desquels une résidence et des véhicules des forces publiques ont été incendiés, des biens d'autrui et d'utilité publique endommagés et des fonctionnaires publics humiliés et agressés, outre d'autres actes. Pour rassurer les familles des prévenus et le public au sujet des rumeurs circulant sur un éventuel transfert de certaines personnes arrêtées vers une destination inconnue, le procureur général du Roi près la Cour d'appel a tenu à préciser que certaines "personnes arrêtées ont été transférées au siège de la BNPJ à Casablanca, où elles ont été placées en garde à vue, étant donné que c'est elle qui est chargée de l'enquête". Les personnes restantes interpellées suite aux actes de vandalisme survenus à Al Hoceima, Beni Bouayach et Imzouren ont été placées en garde à vue au siège de la police judiciaire de ces villes. Ainsi donc, après plus de six mois de dialogue ou de tentatives de dialogue vaines face à l'intransigeance des meneurs qui semblent rejeter systématiquement les solutions proposées ou apportées par les autorités pour remédier aux problèmes sociaux de la région, tentatives couronnés par la visite à Al Hoceima, juste avant Ramadan, d'une importante délégation ministérielle, les autorités jusque-là tolérantes, semblent finalement opter pour la manière forte et pour l'application stricte de la loi. Pendant ce temps, les appels au dialogue et à la médiation se multiplient. Des organisations de défense des droits de l'homme, des acteurs de la société civile et des personnalités indépendantes demandent la libération des personnes arrêtées et l'ouverture de canaux de dialogue pour la satisfaction des revendications économiques et sociales selon une approche participative.