L'avenir du continent africain dépend de sa capacité à répondre de manière adéquate aux attentes de sa jeunesse devenue fortement majoritaire, souligne le récent rapport élaboré par la Fondation Mo Ibrahim. Intitulé "Un point de bascule pour l'Afrique", ce rapport publié en amont du forum "Ibrahim Governance Week-End", fait savoir qu'aujourd'hui, près de 60 % de la population du continent est à moins de 25 ans, notant qu'en 2050, l'Afrique comptera 452 millions de jeunes de moins de 25 ans, soit plus de 60% du total de la population européenne en 2015. Il a également souligné que le dynamisme de cette grande franche démographique, son ambition et ses potentiels constituent une richesse extraordinaire pour les pays du continent, ajoutant, toutefois, que ce "dividende démographique" peut se transformer en facteur de déstabilisation. Dans ce cadre, le rapport a révélé que si le cycle des matières premières a alimenté la croissance du PIB dans de nombreux pays africains, il n'a pratiquement pas créé d'emplois nouveaux. "Au cours des dix dernières années, alors que le PIB réel de l'Afrique a enregistré une hausse annuelle moyenne de 4,5 %, le taux de chômage des jeunes n'a pas quitté un niveau élevé", note le rapport, ajoutant que l'Afrique du Sud, la deuxième économie africaine, est incapable de proposer un emploi à plus de la moitié de sa jeunesse. L'accent a été également mis sur le phénomène du terrorisme devenu une organisation criminelle rodée, pesant quelques milliards de dollars, et exerçant un contrôle croissant sur divers trafics -drogue, êtres humains et ressources naturelles, précisant que "l'emploi, le statut, le revenu et le sentiment "d'appartenance", que ce fléau en apparence offre aux jeunes qui se sentent exclus du système général, sont sans doute aussi attrayants que l'idéologie elle-même". Par ailleurs, le président de la Fondation Mo Ibrahim a déclaré que "l'énergie et l'ambition de la jeunesse africaine constituent notre ressource la plus précieuse et notre plus grand espoir pour accélérer les progrès de notre continent". Il a, toutefois, relevé que les attentes des jeunes deviendront frustration et colère s'ils ne trouvent pas d'emploi et n'ont pas voix au chapitre concernant leur propre avenir. "Notre continent est à un point de bascule. Les décisions prises aujourd'hui détermineront s'il continuera à progresser ou régressera", estime le président de la Fondation, concluant qu'un leadership éclairé et une gouvernance saine sont plus essentiels que jamais. Créée en 2006, la Fondation Mo Ibrahim axe ses activités sur le rôle essentiel du leadership et de la gouvernance en Afrique et propose des outils visant à appuyer les progrès en matière de leadership et de gouvernance en vue de promouvoir un changement significatif sur le continent. La Fondation, qui n'accorde pas de subventions, concentre ses efforts sur la définition, l'évaluation et l'amélioration de la gouvernance et du leadership en Afrique, au moyen de quatre principales initiatives à savoir Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique, le Prix Ibrahim pour un leadership d'excellence en Afrique, le Forum Ibrahim et les Bourses et subventions Ibrahim. Le président de la fondation Mo Ibrahim appelle les pays africains "à trouver leur propre voie" pour faire avancer leurs nations Le fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim a appelé, vendredi soir à Marrakech, les pays africains "à trouver leur propre voie" pour faire avancer et progresser leurs nations. "Chaque pays africain doit trouver sa propre voie et son propre modèle. Chaque pays a son histoire, son contexte et sa démographie", a souligné Mo "Mohamed" Ibrahim qui intervenait à l'ouverture du Forum "Ibrahim Governance Week-End", organisé du 6 au 9 avril, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le président qui a mis l'accent sur l'importance de la bonne gouvernance pour permettre à l'Afrique d'évoluer, prospérer et créer des emplois, a relevé le rôle important de l'Indice de la gouvernance en Afrique (IIAG) qui consiste à proposer un tableau de bord permettant d'évaluer l'état de la gouvernance dans chaque pays, de mesurer les progrès accomplis et de contribuer à l'élaboration de politiques publiques efficaces et ciblées. Concernant le prix Ibrahim, il a précisé que ce dernier est décerné à un ancien chef d'Etat qui a su faire évoluer son pays à la fois en termes de développement et de démocratie et fait preuve d'excellence dans l'exercice du pouvoir, qualifiant ces dirigeants politiques de "vrais héros" du continent. Pour sa part, la vice-secrétaire générale de l'Organisation des Nations-Unies, Amina J. Mohammed, a souligné que les communautés ont besoin d'institutions fortes qui permettent d'assurer des services de base de qualité liés à l'éducation, la justice et la santé, ajoutant que ces instances doivent être dotées de ressources humaines qualifiées, afin de consolider les principes de la démocratie. Elle a, de même, expliqué que l'Organisation onusienne veille à travers la mise en place de plusieurs programmes, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à renforcer la confiance entre les composantes de la société, lutter contre le terrorisme et l'addiction au drogue, relever les défis du changement climatique et à redonner l'espoir aux jeunes. L'établissement d'un lien de confiance avec les institutions et les dirigeants, constitue l'un des défis majeurs à relever sur le plan économique et politique dans le monde, estime, pour sa part, l'ancien président Allemand, Horst Koehler, notant que cette confiance est la base de la coexistence et des échanges internationaux. Après avoir souligné que les OMD constituent le cadre politique le plus important du siècle actuel, M. Koehler a appelé à la nécessité de développer une "nouvelle confiance entre tous les peuples, en la démocratie, en l'Afrique et en l'avenir. La cérémonie d'ouverture de cette édition, a été marquée par un message adressé par SM le Roi Mohammed VI aux participants, et dont lecture a été donnée par M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi. Ont pris part à cet événement, d'éminentes personnalités nationales et internationales, notamment l'ancien secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Annan, Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet Royal et le ministre de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy. "Ibrahim Governance Week-End" est un événement phare de la Fondation Ibrahim, organisée chaque année dans une capitale africaine différente pour discuter les défis du leadership et de la gouvernance en Afrique. Le Forum "Ibrahim Governance Week-End", qui se tient du 6 au 9 avril, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, revêt un caractère particulier, puisque la Fondation célèbre dix années d'efforts pour placer la gouvernance et le leadership au centre des débats autour du développement. Cette manifestation vise à associer un public plus large au travers d'évènements ouverts à tous au cours du week-end et mêlant musique, art et sport avec quelques-uns des meilleurs talents d'Afrique.