Les « talents marocains à l'étrangers » ont fait l'objet d'une revue de l'OCDE qui a examiné les divers aspects de mobilisation de diaspora, en vue de la formulation de recommandations en termes de politiques publiques afin de renforcer les liens avec les émigrés et de mobiliser leurs compétences au profit du développement économique du Maroc. Cette revue examine dans l'un de ses chapitres les liens que les émigrés marocains maintiennent avec leur pays d'origine et présente les principales tendances de la migration de retour. Les caractéristiques des migrants de retour telles que l'âge, le sexe ou le niveau d'éducation sont présentées, de même que leur intégration sur le marché du travail. Plusieurs canaux sont ensuite identifiés, via lesquels les émigrés de retour mais aussi les émigrés marocains dans leur ensemble peuvent soutenir le développement économique du Maroc. Même avec la perspective de s'établir définitivement dans le pays d'accueil, le lien avec le pays d'origine ou celui des parents reste vif, comme en témoigne, parmi d'autres signes, la stabilité des transferts de fonds de la diaspora vers le Maroc. Mais avec le recul notable de l'injonction communautaire des premiers migrants et le détachement des nouvelles générations de leur pays d'origine, ce lien s'est déplacé vers des questionnements identitaires . on revendique plus ou moins sereinement son identité, sa double culture/double nationalité, son origine. D'après le RGPH auquel se réfère l'étude de l'OCDE, 210 000 migrants de retour pouvaient être identifiés au Maroc en 2014, contre 165 000 en 2004 el 117 000 en 1994. Si ce nombre de migrants de retour au Maroc connait une hausse substantielle ces 20 dernières années, il ne faut pas oublier que beaucoup d'émigrés marocains ne sont probablement pas dénombrés, car ils ne peuvent pas être identifiés. Cela peut en partie expliquer pourquoi le nombre d'émigrés marocains de retour identifiés demeure faible en comparaison des 2.7 millions de natifs du Maroc vivant à l'étranger. Parmi tous les émigrés de retour identifiés dans le RGHP 2014, près des deux tiers (135 000) sont nés au Maroc, tandis que le reste (75 000) étaient des personnes nées à l'étranger de parents marocains. La part des femmes était de 41 % en 1994, avant de tomber à 37 % en 2004 et de repasser à 41 % en 2014. La croissance du nombre de Marocaines de retour au pays s'est accélérée au fil du temps et, entre 2004 et 2014, elle a été le moteur de la croissance globale du nombre de migrants de retour. À l'inverse, la croissance du nombre de Marocains de retour au pays s'est ralentie au fil du temps, après avoir été le moteur de la hausse globale enregistrée entre 1994 et 2004. Par rapport à 1994 et 2004, c'est principalement le nombre des migrants de retour âgés de moins de 15 ans qui a augmenté, à proportions égales chez les hommes et chez les femmes. Ce phénomène met en avant la croissance rapide du nombre d'émigrés de la deuxième génération qui rentrent au Maroc avec leurs parents. Au cours de la période 1994-2014, on a aussi obsen1é des hausses relativement importantes du nombre de migrants de retour âgés de 60 ans et plus. Il se peut toutefois que cette tendance ait commencé à s'inverser chez les hommes : leur nombre était légèrement inférieur en 20 14 par rapport à 2004. Dans le même temps, le nombre de femmes de retour au Maroc a continué d'augmenter dans ce groupe d'âge. Cette évolution différente pourrait traduire le fait que les hommes étaient initialement surreprésentés parmi les émigrés marocains pendant l'après-guerre et qu'ils n'ont pas toujours fait venir leur famille du Maroc, mais ont fini par rentrer dans leur pays au moment de la retraite. Le niveau d'éducation des émigrés marocains de retour montre que les migrants de retour qui sont nés au Maroc, les hommes comme les femmes, ont généralement un niveau d'éducation plus élevé que la population générale au Maroc : la part des migrants de retour sans instruction ou dont le niveau d'éducation ne dépasse pas l'enseignement primaire est comparativement faible, alors que la part des migrants de retour qui sont diplômés du deuxième cycle du secondaire ou de l'enseignement supérieur est plus élevée que pour la population générale. Un facteur contribuant à ces différences est l'acquisition de diplômes à l'étranger. Cela vaut notamment pour les étudiants internationaux qui rentrent au Maroc mais aussi plus généralement, 45 % des émigrés de retour interrogés dans le projet MEDMA2 indiquent avoir acquis leur diplôme ou formation dans le pays de destination, principalement au sein des entreprises pour lesquelles ils ont travaillé. Selon l'enquête de FEF (2013), 30% des émigrés de retour ont suivi une formation à l'étranger.