Une enquête sur les citoyens de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) résidant à l'étranger dont les Marocains du monde est mise en ligne dans le Portail internet de la Banque Mondiale. L'objectif est de consulter leur point de vue au sujet des instruments avec lesquels ils aimeraient contribuer au développement économique de leur pays d'origine. Les résultats de cette enquête permettront de mieux informer la Banque Mondiale, les agences de développement, les « think tanks » et les gouvernements respectifs sur les politiques et programmes qui pourraient améliorer le rôle des résidents à l'étranger dans le développement économique régional du secteur privé et des compétences locales dans leur pays d'origine. Les résultats de l'étude seront publiés et discutés avec toutes les parties prenantes. Plusieurs pays ont vu se développer certains secteurs d'activité grâce au retour de leur diaspora dans les pays d'origine (Inde, Chili, Irlande, etc.). Un grand nombre de publications et d'études de cas se sont intéressés au rôle de la diaspora dans différents pays. Cependant, le rôle de la diaspora des pays MENA reste méconnu. Comment s'exprime la volonté des originaires de ces pays, résidant à l'étranger, d'établir ou de renforcer les liens avec leurs pays d'origine? Ces liens se traduisent-ils dans l'investissement, le commerce, les transferts de fonds, le partage des connaissances et de la technologie? Ainsi, le questionnaire de cette enquête est structuré autour de six sections : informations générales, contributions générales des résidents à l'étranger de la région MENA, opportunités d'investissement, opportunités de commerce, transfert de compétences et rôle du gouvernement et des organismes internationaux. Selon l'ACIM (Agence de l'entrepreneuriat en Méditerranée), cette préoccupation de la Banque Mondiale rejoint ses objectifs identifiés, en collaboration avec ANIMA Investîmes Network, dans la réalisation de l'enquête DiaMed « Entrepreneuriat et Diasporas au Maghreb » en 2013-2014, présentée en juin dernier à Marseille. Cette enquête visait, entre autres, à saisir les profils des porteurs de projet et leurs attentes en matière de création d'entreprise dans leur pays d'origine. Le résultat ressorti de cette enquête est que « les nouvelles générations d'entrepreneurs et porteurs de projet se démarquent de leurs parents par un niveau de qualification élevé et un enracinement en Europe, qui renouvellent le lien avec les pays d'origine ». En chiffres, 66% des porteurs de projet potentiels très qualifiés ont un diplôme supérieur ou égal au master, 30% d'entre-eux sont chefs d'entreprises ou professions libérales et 30 % sont cadres dans le secteur privé ; 85 % occupent un emploi, 75 % sont mariés et ont des enfants ; et 77 % retournent à leur pays d'origine au moins 2 ou 3 fois par an... « Cette nouvelle configuration des diasporas maghrébines amènent à s'interroger sur les modalités d'implication que les autorités des pays du Sud et du Nord peuvent promouvoir, sachant que plus de 71 % des personnes interrogées estiment que la diaspora peut apporter une contribution en termes de transferts de compétences, de savoir faire, d'expertise ou de transfert technologique », note l'ACIM cependant l'attachement au pays d'origine n'exclut pas la rationalité économique et ne justifie pas à lui seul la volonté d'y entreprendre et investir. Ils sont 48 % à avancer une motivation économique (développer une activité à l'international ou saisir les opportunités locales de marchés en pleine croissance). Il ne signifie pas non plus pour autant une volonté de retour : moins d'un sur deux affirment souhaiter s'installer au Maghreb. Ce résultat, poursuit la même source, montre clairement qu'il est désormais indispensable de dissocier les incitations à l'entrepreneuriat et à l'investissement des politiques de retour et de favoriser des dispositifs législatifs plus ouverts permettant la mobilité et la circulation, tant des personnes que des capitaux. L'enquête de l'ACIM fait ressortir, par ailleurs, que des projets de création d'entreprise et d'investissement diversifiés, vecteurs d'innovation, peinent à trouver des financements. La nature des projets envisagés montre, ainsi, une prédominance du secteur agricole et de l'agro-alimentaire (19 %), des l'ingénierie et du conseil (13%), des TIC (10 %), et dans une moindre mesure de l'industrie (8 %) et du tourisme (7%). Dans les trois pays (Maroc, Algérie et Tunisie), les projets se concentrent en majorité dans la région de la capitale (Axe Casa-Rabat, Grand Alger, gouvernorat de Tunis), au détriment des zones moins développées économiquement. 14 % de ces projets visent l'internationalisation d'une entreprise existante en Europe, mais 86 % représentent la création d'une nouvelle entreprise. Il ressort aussi de cette étude que 74 % des projets ont un volume financier compris entre 10 000 et 500 000 euros, et 21 % supérieur à 500 000 euros. La cible est donc la création de TPE-PME, porteuses de création d'emplois, et non plus de microprojets. De cette enquête également, un manque de confiance caractérisé dans la gouvernance, des difficultés d'accès à l'information, au foncier, et au financement bancaire ou public. Selon des chiffres disponibles, les MRE seraient au nombre de plus de trois millions. Ils représenteraient plus de 10% de la population totale du pays. Par continent d'accueil, l'Europe arrive en tête avec plus de 86%, les pays arabes en reçoivent quelque 8,5%, suivis de l'Amérique avec plus de 4%.