La Turquie et la Russie prévoient la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu en Syrie avant le début de la nouvelle année, a déclaré jeudi le ministre turc des Affaires étrangères. Le cessez-le-feu pourrait être mis en oeuvre "à tout moment", a annoncé Mevlüt Cavusoglu, interrogé sur la chaine de télévision A Haber à Ankara. "Nous prévoyons d'obtenir ceci avant le début de la nouvelle année". La veille, l'agence de presse progouvernementale turque Anadolu avait annoncé la conclusion d'un accord de cessez-le-feu dans toute la Syrie par Moscou et Ankara, ce que les principaux acteurs du conflit n'avaient pas confirmé. M. Cavusoglu a assuré qu'en cas de succès, cet accord conduira à des négociations politiques entre le régime de Damas et l'opposition syrienne à Astana, au Kazakhstan. Ces négociations ne sont pas "une alternative à Genève" où doivent se dérouler des négociations sous l'égide de l'ONU en février, a néanmoins souligné le ministre. "C'est une étape complémentaire". "Les négociations à Astana se feront sous notre supervision", a-t-il ajouté, en précisant que la liste des participants à ces négociations n'était pas encore arrêtée. M. Cavusoglu a répété que la Turquie poursuit ses efforts avec la Russie pour obtenir un cessez-le-feu, ajoutant que Moscou serait le "garant" du régime de Damas, quel que soit l'accord trouvé. Le chef de la diplomatie turc n'a pas donné plus de détails concernant le cessez-le-feu mais a ajouté que la Turquie serait également garante de l'accord. La Russie et la Turquie sont très impliquées dans le conflit syrien, où elles soutiennent des parties adverses: Ankara appuie les rebelles tandis que Moscou, tout comme l'Iran, est un proche allié de Damas. La coopération russo-turque a permis la conclusion d'un cessez-le-feu il y a deux semaines à Alep, permettant l'évacuation de milliers de personnes des quartiers tenus par les rebelles. Cette coopération sur le dossier syrien s'est intensifiée ces derniers mois, après une crise due à la destruction d'un avion russe par la Turquie à la frontière turco-syrienne fin 2015. La Turquie est restée silencieuse lorsque le président Bachar al-Assad a obtenu sa plus grande victoire contre la rébellion depuis le début du conflit en reprenant la totalité d'Alep la semaine dernière, grâce à l'aide russe. Mevlüt Cavusoglu a néanmoins affirmé qu'il était "hors de question" pour la Turquie d'échanger avec Bachar al-Assad. Depuis le début de la guerre en mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 310.000 morts et poussé des millions de Syriens à l'exil. Par ailleurs, un chef de l'organisation Etat islamique (EI) a été tué lors de combats entre djihadistes et rebelles des Forces démocratiques syriennes (FDS) autour d'un barrage stratégique dans le nord de la Syrie, rapporte jeudi la coalition en lutte contre l'EI. L'information de la mort d'Abou Djandal al Kuwaiti avait été d'abord avancée mardi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ce commandant de l'EI a péri lundi lors d'un bombardement des forces de la coalition sur des positions de l'EI près du barrage de Tabka, non loin de la ville de Rakka, le bastion des djihadistes en Syrie. Les FDS, coalition arabo-kurde appuyée par les Etats-Unis, comprennent notamment la milice kurde YPG. Abou Djandal al Kuwaiti, poursuit le communiqué de la coalition, avait été impliqué dans la reprise de l'antique cité de Palmyre au début du mois. Sa disparition, dit le texte, "affaiblira la capacité de l'EI à défendre Rakka".