Les ressources hydriques au Maroc sont confrontées à de nombreux défis. L'eau, élément essentiel, subit pression et dégradation tant sur le plan de la quantité que de la qualité. Les autorités appelées à en connaître se sont engagées pour relever ces défis en particulier par l'adoption de la Loi sur l'eau en 1995 qui élabore un dispositif qui développe le concept de la gestion de la ressource en s'appuyant sur la notion de bassins versants et a créé les neuf Agences de Bassins Hydrauliques (ABH) dotées de la personnalité morale et de l'autonomie financière. A cet égard, l'ABH du Guir – Ziz – Rheris fut, en 2009, l'ultime création, sise à Er rachidia (Draâ-Tafilalet). La zone de compétence de l'ABH-GZR s'étend sur plus de 60 000 km2 et se caractérise par l'aridité de son climat. Les ressources en eau y sont rares et consommées à plus de 90 % par l'agriculture. Les techniques d'irrigation adoptées dans cette zone sont pratiquées sur le mode traditionnel qui montre une efficacité inférieure à 50 %, c'est-à-dire des techniques qui engendrent des pertes considérables en eau. L'objectif du présent exposé est, conformément aux obligations d'un responsable de l'hydraulique (article 129 et 130 de la Loi 36-15) de partager une information relative à l'existence de toutes les solutions permettant la rationalisation de l'utilisation des ressources hydriques. Dans ce contexte nous relevons le lancement d'un matériel innovant dans le domaine de l'irrigation. Ce système consiste en une technique d'irrigation localisée souterraine par « diffuseur enterré » qui la propriété d'apporter l'eau directement à la profondeur du champ racinaire de la spéculation. Ce procédé qui est le fruit de 25 années de recherches et d'expérimentation et qui a bénéficié d'une douzaine de récompenses internationales, obtient aujourd'hui des résultats très significatifs sur le territoire de notre zone de compétence. Sécheresse et pénurie de l'eau : Constat Le système enterré a vocation à économiser plus de 50 % de l'eau par comparaison avec d'autres systèmes d'irrigation de surface actuellement utilisés et révèle son efficacité dans la région du Draâ-Tafilalet, où la problématique du bassin fluvial Guir-Ziz-Rheris se défini par la prégnance d'un climat sec, à prédominance saharienne dans le sud. Les températures moyennes sont de 18 à 20° Centigrades et oscillent entre des gels hivernaux de l'amont du bassin et une moyenne de 41° C durant les mois dits chauds, dans les plaines. L'évaporation est de 2 340 mm et la pluviométrie diminue de 200 mm sur les reliefs du Haut-Atlas à 50 mm par année. L'alimentation des eaux de surface provient pour une grande part de compensations atlasiques qui se manifestent sous la forme d'inondations violentes et aléatoires très partiellement détournées au profit de l'irrigation. Il résulte de ce qui précède que l'eau souterraine joue un rôle-clé dans la région du bassin Guir-Ziz-Rheris pour la préservation de la palmeraie pendant les périodes de sécheresse qui dans le contexte global de réchauffement climatique ont tendance à s'étendre. Ce constat induit que le bilan des ressources en eau souterraines mobilisables est en très nette baisse tandis qu'il est assorti d'une surexploitation de la nappe de 12 % par an. Il convient enfin de signaler que plusieurs années de sécheresse ont généré des conséquences fatales dans certaines des zones les plus fragiles et ont compromis l'approvisionnement en eau potable de plusieurs municipalités et l'irrigation agricole dans les zones de petite et de moyenne hydraulique qui subsistent grâce à l'extraction de l'eau de puits des nappes aquifères. Pénurie de l'eau : Quelles mesures ? Pour lutter contre les effets de la sécheresse, limiter les conséquences d'une surexploitation de la nappe et rationaliser d'eau d'irrigation, l'Agence de Bassin Hydraulique du Guir – Ziz – Rheris a entrepris plusieurs actions parmi lesquelles l'élaboration du « Plan de Gestion de la sécheresse » qui contient différentes mesures en faveur de la réhabilitation de l'utilisation des Khettaras qui se trouvent associés à la mise en œuvre de « bonnes pratiques d'irrigation» dans le cadre du partenariat établi entre l'Agence de Bassin Hydraulique et la société civile qui regroupe les associations d'usagers et toutes les organisations mobilisées par l'économie de l'eau et la lutte contre la désertification. Economie de l'eau : Quelles Solutions ? Inspirée du système ancestral de l'irrigation de la jarre, l'irrigation localisée souterraine par « diffuseur enterré » à l'avantage de constituer un bulbe d'humectation directement au niveau du champ racinaire de la plantation, sans altération de la texture du sol. La technique mise en œuvre supprime l'évaporation et économise ipso facto l'eau qui, avec d'autres méthodes se serait évaporée ou, par effet d'une pression additionnelle, aurait percolé. En effet, le système du diffuseur enterré fonctionne par simple gravité et, supprimant l'humidité au niveau du sol, éradique notamment la prolifération des adventices donc, les travaux du sol pénibles et onéreux ou, les herbicides réputés dangereux pour la santé humaine. Pour un responsable de la Direction de l'Hydraulique, dans le contexte général du réchauffement climatique, la principale problématique, ou plus précisément, le « challenge » consiste à pérenniser l'accès à l'eau pour tous les citoyens. Ainsi, il faut faire face simultanément à la diminution de la ressource, conséquence de la hausse des températures, de la baisse de la pluviométrie, de l'abaissement du niveau des eaux souterraine et de l'évaporation des eaux de surface (irrigation, bassins d'accumulation, retenues des eaux de barrages) et, en contrepoint, à l'accroissement de la démographie et l'augmentation des besoins sanitaires et alimentaires, donc de la production. Le recours à la mise en œuvre d'un « plan sécheresse », d'un « contrat de nappe » et à la « rationalisation » de la ressource hydrique constituent autant d'outils pour atteindre un équilibre qui demeure précaire sauf à s'emparer d'une technique à l'instar du diffuseur enterré qui a démontré son efficacité : Au bénéfice de spéculations phoénicicoles, à Figuig et à Zagora où sont conjuguées les économies de l'eau (75 % par rapport au goutte-à-goutte), de l'énergie et des travaux de désherbage ; Au cours d'expériences dite de « l'anticipation » qui consiste à utiliser le diffuseur enterré pour injecter de l'eau, lorsqu'elle est abondante, pour la stocker au niveau du champ racinaire, où se constitue un bulbe d'humectation égal à la « capacité au champ » permettant d'irriguer une plantation par anticipation et de passer une « poche de sécheresse » de plusieurs semaines à plusieurs mois. Enfin, le même procédé d'injection qui consiste à introduire dans le sol profond des bassins versants, les eaux des barrages des pluies et crues torrentielles ou des inondations pour soutenir, pour plusieurs mois voire des années, des plantations oléicoles qui réduiront l'érosion des sols, la sédimentation et l'envasement des retenues des barrages. L'efficacité du processus de l'injection a été confirmée par des expérimentations in-situ en même temps que se sont trouvé confirmés les résultats en termes d'économie de l'eau qui sont actuellement chiffrés à 1000 litres d'eau par mois et par palmier-dattier. C'est pourquoi, au nom de l'intérêt général et de l'accomplissement de sa mission la Direction de l'Agence de Bassin Hydraulique du Guir-Ziz-Rhéris s'est engagée dans un partenariat avec le groupement associatif FP4S militant de la lutte pour l'adaptation au changement climatique et a déjà partagé a l'information lors d'une première « conférence scientifique » au profit des usagers de la nappe. *Directeur de l'Agence de Bassin Hydraulique du Guir – Ziz – Rheris – Maider à Er-rachidia (Draâ-Tafilalet)