Les œuvres de l'artiste peintre Mustapha Hafid (né en 1942 à Casablanca) sont animées par une dimension néo abstraite qui ne se borne pas à une simple énonciation expressive, mais implique la notion de rêve liée à celle de représentation subjective. L'artiste, vieux routier dans la cartographie créative d‘ici et d'ailleurs, met en toile les fragments tachistes de la figure et détourne son sens au pluriel qu'il perçoit et perturbe la lisibilité immédiate. Son acte présente des unités chromatiques en l'honneur de notre première nature qui l'a tant inspiré. Artiste singulier, Hafid a laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique contemporaine que ce soit dans le domaine de l'enseignement artistique que dans le domaine de la création picturale. Résolument anti-conformiste et moderniste, il est l'auteur d'une œuvre dépassant largement les frontières. L'élément référentiel de base est pour Mustapha Hafid les traces de l'imagerie, les couleurs de la nature intérieure et la polyformité des tâches juxtaposées à travers un traitement stylistique évoquant la technique de l'équidensité et de la transparence. L'artiste nous invite à contempler ses réminiscences dont le point de base est le sens fugace et la métaphore du corps qui ne perd pas son identité pour se muer en impressions vagues, à la limite de la visibilité. On assiste ainsi à une scénographie double dont la démarche plastique repose sur deux unités visuelles: celle de la liberté gestuelle, voire lyrique et celle moins libre et plus conditionnée de l'usage structuré des contours. Avec sa nouvelle aventure plastique, l'artiste peintre Mustapha Hafid ( vit à Casablanca et en Pologne) valorise la dimension profonde de « là et maintenant ». Sa peinture connotative nous révèle l'esprit de ses investigations; esprit qui s'adonne avec la passion d'un poète à la création plastique où s'exprime en profondeur le registre de sa sensibilité d'artiste chercheur. Il nous propose un monde abstrait inhérent à sa vision des choses et des êtres. Son procédé technique repose sur les contrastes, la vie des taches, les valeurs chromatiques généreuses. Ainsi, ses impressions fugaces émanent d'un état d'âme qui exalte la communication intrinsèque. Métaphore de la vie, la peinture se veut un pacte de sincérité qui étonne et stimule la curiosité visuelle comme un miroir où se reflète la subjectivité au pluriel de toute une sensibilité créatrice dans un monde pavé de toutes sortes de doutes et d'angoisses. Sur son œuvre artistique, Dounia Benqassem, auteur du Dictionnaire des Artistes Contemporains du Maroc aux Editions Africarts, a écrit : « Dès ses débuts, Mustapha Hafid pratique une peinture abstraite où les matériaux tels que la laque, le sable sont privilégiés et traités sur un plan en deux dimensions. Dans un second temps, il travaille les petits formats où apparaissent des signes inspirés de ceux des arts populaires. Dans ses grandes surfaces, les signes deviennent plus discrets, effacés au profit d'aplats de couleurs le plus souvent primaires. Sa peinture lyrique a acquis de la maîtrise et procède d'une sensibilité communicative. Sur ses grandes surfaces où des formes centrifuges sont traversées de stries noires ou de fulgurances vives, la perception est sollicitée bien plus que l'émotion. Sa peinture relève de l'ordre de l'instinctif, de l'intuitif, de l'immédiat. Elle est un travail de captation de la densité des matières et des rapports, harmonieux ou dissonants, qui en résulte. Physique singulière qui donnait jusqu'ici aux œuvres de Hafid ce côté austère, presque distant, rivé à ce qui, dans la matière, échappe à la sensibilité. D'où, chez ce peintre, cette passion des nuances, cette richesse des tons d'une même couleur, cette rythmique des matières et des reliefs, ces passages des aplats aux couches épaisses et granulées. Aux densités diverses correspondent des opacités et des silences. ». Reste à noter que Mustapha Hafid ( nom de référence du groupe de Casablanca , ancien professeur émérite à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca et artiste bien coté parmi les artiste plasticiens contemporains polonais) nous fait voir un champ pluridimensionnel qui révèle chez lui une passion pour les traces perceptibles des êtres et des choses. Mustapha Hafid entre à l'Ecole des Beaux-arts de Casablanca avant de se rendre à Varsovie où il étudie pendant cinq ans, à l'Académie des Beaux-arts, section peinture et arts graphiques. Il obtient en 1966 le diplôme de Magister des Arts. De retour au Maroc, il enseigne à l'Ecole des Beaux arts de Casablanca. Il participe en 1969 à l'exposition-manifeste de Place Jamaa El Fna à Marrakech et Place du 11 novembre à Casablanca aux côtés de Farid Belkahia, Mohamed Chabaa, Mohamed Melehi et bien d'autres encore.