21% de femmes dans la nouvelle Chambre du Parlement marocain, voilà le résultat des élections marocaines d'octobre 2016. Un progrès timide, comparativement avec la représentativité politique des femmes dans le reste du Maghreb arabe, notamment en Tunisie où la parité totale est exigée dans les listes électorales ou en Algérie (un tiers de femmes au parlement algérien rien qu'en 2012). Qu'est-ce qui explique cette faible implication politique dans un pays? Et pourquoi une telle disparité avec d'autres pays en voie de développement ? Une conférence sur les élections législatives du 7 octobre 2016 a été organisée à cet effet dans le centre culturel marocain à Montréal, le 22 octobre 2016. La sociologue Fayrouz Fawzi était la paneliste chargée de traiter de la question de la femme dans les élections législatives marocaines du 7 octobre 2016. Elle a traité, dans son intervention, la question de l'acceptabilité de la femme dans la sphère politique, qualifiant sa marginalisation persistante de trouble social avoisinant l'agressivité : «Cette violence n'est pas une fatalité, souligne-t-elle ; elle est l'expression d'un malaise socioculturel. La violence étant l'aboutissement de l'absence d'une politique sociale et culturelle dans la société. La violence est l'illustration du laisser-aller et l'absence d'une éthique politique. Sur cette base, il importe de revoir et d'analyser les résultats de notre système politique. On devrait aussi interroger nos codes socioculturels et nos politiques de gouvernance et les soumettre à l'esprit critique et/ou les déconstruire, afin de les reconstruire sur des bases nouvelles », a-t-elle ajouté, citant au passage l'anthropologue et ethnologue Françoise Héritier : « La seule manière de sortir de la violence consisterait à prendre conscience des mécanismes de répulsion, d'exclusion, de haine ou encore de mépris afin de les réduire à néant, grâce à une éducation de l'enfant relayée par tous». Représentativité féminine en hausse Fayrouz Fawzi a également précisé que les femmes représentent à peine 15% des parlementaires du monde et que 17 pays seulement, souvent nord-européens, comptent plus de 30% de femmes aux parlements et que les plus en retard sont dans le monde arabe. Donc, le moment est venu de changer la donne : « Mais ce qu'on doit savoir, souligne-t-elle, est que la lutte pour changer chaque société se déroule en son sein; c'est en son sein qu'il faut chercher des solutions. Nous mettrons en évidence que le Maroc a accumulé de grands acquis en matière de pratique démocratique qui lui permettent de se mesurer à de grandes démocraties dans le monde ». «Je suis fière de voir le Maroc, un pays africain, donner l'exemple en matière d'implication des jeunes et des femmes dans la vie politique», avance-t-elle. Fayrouz Fawzi a soumis quelques recommandations, formulant le souhait de voir les partis politiques s'impliquer activement dans le recrutement d'un nombre suffisant de femmes qualifiées dont la force de persuasion personnelle ou la position féministe spécifique peut influencer le processus de décision. Il faut reconnaître au final que le Maroc est parmi les rares pays de la région MENA, connue pour désapprouver la participation des femmes à la vie parlementaire, à accorder un quota qui dépasse celui fixé par la plupart des pays du monde arabe.