Pékin a vivement condamné le passage mardi d'un navire de guerre américain près d'une île artificielle dans des eaux contestées de mer de Chine méridionale, en dénonçant une «menace pour ses intérêts et sa souveraineté». Le destroyer lance-missiles USS William Lawrence a navigué mardi dans les eaux entourant le récif de Fiery Cross (appelé «Yongshu» en Chine), dans l'archipel disputé des Spratleys, a rapporté le Wall Street Journal, citant un responsable militaire américain -- une opération destinée à vérifier «la liberté de navigation» dans la zone. Ce récif a été transformé par Pékin en une île artificielle où il a construit une piste d›atterrissage, au grand dam des Philippines et du Vietnam, qui revendiquent également l›îlot. La Chine a confirmé plus tard mardi la manoeuvre américaine, exprimant «son mécontentement et son opposition». Le navire «est entré illégalement dans les eaux entourant des îles et récifs des îles Nansha (nom donné par Pékin aux Spratleys, NDLR) sans permission du gouvernement chinois», a indiqué Lu Kang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d›un point-presse régulier. «L›action entreprise par les Etats-Unis menace la sécurité, les intérêts et la souveraineté de la Chine, présente des dangers pour les installations et personnes sur les îles (concernées) et porte atteinte à la paix et la stabilité régionales», a poursuivi M. Lu. «Nous prendrons les mesures nécessaires pour protéger notre souveraineté et notre sécurité», a-t-il ajouté, rappelant que l›appartenance de l›archipel et des eaux environnantes à la Chine était «indiscutable». Les Spratleys, qui comprennent une centaine d›îlots et de récifs inhabités, sont en réalité âprement revendiqués par le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei, dont les prétentions se chevauchent parfois. Pour appuyer ses revendications, la Chine y mène d›énormes opérations de remblaiement, et considère comme ses eaux territoriales la zone des 12 milles autour d›îles artificielles, construites sur des îlots qui affleurent parfois à peine. Mais les Etats-Unis rejettent cette revendication, estimant que la Chine ne peut se construire ainsi une souveraineté sur ces eaux stratégiques, où passent des routes importantes de transport de fret et d›hydrocarbures. A l›automne 2015, Washington avait déjà fait valoir la «liberté de navigation» en envoyant son destroyer lance-missiles USS Lassen à moins de 12 milles d›îlots artificiels construits par Pékin dans les Spratleys, provoquant la fureur de la Chine.