Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, effectuera, à partir d'aujourd'hui mercredi 11 mai, une visite officielle en République populaire de Chine. Au cours de cette visite royale, le Souverain aura des entretiens officiels avec Son excellence le Président chinois. De même, les deux Chefs d'Etat présideront une cérémonie de signature d'une série d'accords bilatéraux et à cette occasion, Sa Majesté le Roirencontrera plusieurs hauts responsables chinois. Lors de cette visite, il sera procédé au lancement du Partenariat stratégique entre le Royaume du Maroc et la République populaire de Chine. Ainsi, le Maroc et la Chine auront dépassé le simple cadre de la coopération bilatérale pour s'engager dans un partenariat stratégique, qui est de nature, dans son volet économique, à donner une forte impulsion à leurs échanges économiques et commerciaux et à favoriser des investissements de part et d'autre. Le Maroc cherche à travers le renforcement de ses relations avec la Chine, à diversifier ses partenaires économiques, en jouant la carte de sa situation géographique stratégique, aux portes de l'Europe et de l'Afrique subsaharienne francophone, mais aussi d'autres grandes zones économiques, à travers les multiples accords de libre-échange signés par le Royaume. Ce partenariat stratégique qui sera lancé lors de la visite royale officielle, ne manquera pas de contribuer à réduire le déficit commercial qui marque les échanges entre le Maroc et la Chine, une puissance économique très agressive sur le plan commercial. Selon des chiffres de l'Office des Changes, la balance commerciale entre le Maroc et la Chine s'est affichée déficitaire à fin septembre 2015 au détriment du Royaume du Maroc, avec un solde commercial estimé à 20,88 milliards de dirhams (MMDH). Les exportations du Maroc vers la Chine sont estimées à 1,71 MMDH, alors que ses importations de géant asiatique se sont chiffrées à 22,59 MMDH à fin septembre 2015. Les appareils d'émission et de transmission viennent en tête des importations marocaines en provenance de la Chine avec plus de 2,10 MMDH, suivis du thé et assimilés (1,41 MMDH) et des tissus (1,32 MMDH). En revanche, le Maroc exporte vers l'Empire du milieu principalement des minerais de plomb, de zinc et de cuivre (1,24 MMDH), des produits azotés et engrais (348,09 MDH) et des poissons congelés et surgelés (166,62 MDH). Ainsi, les relations commerciales maroco-chinoises ont connu, durant les cinq dernières années, une dynamique accélérée, permettant à la Chine de devenir le 3-ème partenaire commercial du Royaume, après l'Union européenne et les Etats-Unis. Les banques ont été les premières à se rapprocher du géant asiatique, principalement pour accompagner les exportations de l'Office chérifien des phosphates (OCP) et mieux faire connaître l'économie du Royaume. Cependant, les entreprises chinoises sont encore peu nombreuses au Maroc. Dans le secteur de l'automobile, Dongfeng, deuxième constructeur chinois, a annoncé son implantation au Maroc, dans le cadre d'un partenariat avec le français PSA, sur son site de Kenitra (Nord). Riad Motors Holding, entreprise marocaine spécialisée dans l'assemblage de camions importés de Chine, travaille déjà pour des marques chinoises telles que BAW, Sinotruk et Zhongtong Bus. Dans les télécoms, Huawei, implanté dans le Royaume depuis 2006, a ouvert en juin un deuxième bureau à Casablanca, où Lenovo a également une représentation régionale. Les Chinois ont, par ailleurs, réalisé d'importants investissements dans de grands projets d'infrastructures, comme celui de la future centrale à charbon de Jerada (Nord-Est, 300 MW), dont le financement de 360 millions de dollars est en partie assuré par China Exim Bank. De son côté, China Overseas Engineering Group (Covec) a construit le pont à haubans sur le Bouregreg, à Rabat, qui permet d'assurer la liaison avec l'autoroute de contournement de la Capitale. A défaut de combler le trou dans les échanges commerciaux avec la Chine, le Maroc peut se positionner en tant que plateforme de destination des investissements directs chinois en Afrique. Le développement de Casablanca Finance City et le positionnement des entreprises marocaines sur le continent peuvent jouer un rôle important dans ce cadre. Si le partenariat stratégique est conçu autour d'un pilier économique, la dimension politique et diplomatique n'est pas pour autant oubliée. Il s'agira ici d'apprécier dans quelle mesure la coopération sino-marocaine peut évoluer dans le sens d'un intérêt mutuel entre les deux parties, tout en portant un regard critique sur leurs forces et faiblesses respectives. Au service des peuples africains Les relations économiques entre le Royaume du Maroc et la République Populaire de Chine sont donc promises à un bel avenir et peuvent se développer davantage grâce à la complémentarité de leurs ressources et potentialités et à la volonté des dirigeants des deux pays de mettre la coopération sino-marocaine au service des peuples africains. Puissance économique mondiale, la Chine continue sur sa lancée de développement et d'innovation, réussissant l'exploit de maintenir, année après année, un taux de croissance à deux chiffres. Seulement pour maintenir sa supériorité économique, la Chine, qui a de plus en plus besoin de matières premières, se trouve dans l'obligation de diversifier ses partenariats, de s'ouvrir sur de nouveaux marchés (Afrique francophone), et de ne plus limiter sa présence aux marchés dits "traditionnels" (Afrique anglophone). Les dirigeants chinois assurent, dans ce sens, que la Chine et l'Afrique partagent le même destin et que l'Empire du milieu vient en Afrique non pas comme "une puissance conquérante", mais plutôt comme un partenaire de développement et de progrès. La Chine s'engage, ainsi, sur la base d'une coopération gagnant-gagnant et sans condition, à accompagner les pays partenaires d'Afrique dans leurs efforts de développement en leur fournissant la technologie, les compétences et l'expertise nécessaires dans des domaines aussi variés que les infrastructures, l'électricité, les télécommunications, et les technologies de l'information. La Chine, numéro 1 mondial sur sept des 22 secteurs industriels, exprime également sa volonté d'accompagner ces pays dans la réalisation de leurs stratégies d'industrialisation. Dans ce contexte, le Maroc, qui entretient des relations privilégiées avec la République populaire de Chine et qui partage avec ce pays une même vision envers l'Afrique fondée sur les valeurs d'amitié sincère, de solidarité agissante, de coopération mutuellement bénéfique, de développement partagé, et de partenariat équilibré, est en mesure de constituer un acteur clé du partenariat triangulaire Chine-Maroc-Afrique. La stabilité politique du Royaume, son système juridique attrayant, ses ressources humaines qualifiées, sa position géographique stratégique entre l'Afrique, l'Europe, les Amériques et le Proche-Orient, ses solides relations politiques et économiques avec nombre de pays africains, le partenariat Sud-Sud prôné par le Souverain, ainsi que la présence dans le continent d'un important réseau d'institutions financières et bancaires marocaines, sont autant d'éléments qui concourent également au succès de cette coopération trilatérale. De même, le développement de cette coopération est tributaire du raffermissement des relations économiques bilatérales et du rééquilibrage de la balance commerciale entre les deux pays. Ainsi, les échanges commerciaux entre le Maroc et le géant asiatique ont atteint en 2012 un niveau record de 3,69 milliards de dollars US, soit une hausse de 4,8 pc par rapport à 2011. La Chine a exporté 3,13 milliards de dollars de biens vers le Maroc durant cette période, marquant une augmentation de 29 pc, en glissement annuel, alors que les importations chinoises du Maroc ont atteint 558 millions de dollars (+17 pc). Les exportations chinoises vers le Maroc portent notamment sur des produits de textile, des appareils électro-ménagers, des équipements industriels et du thé, tandis que les engrais phosphatés et les produits de mer sont les principaux produits marocains exportés vers la Chine. Le volume des investissements chinois au Maroc augmente sans cesse. La croissance de l'économie chinoise et le renforcement du potentiel de ses entreprises créent des conditions favorables aux investissements à l'étranger. Encouragés par le gouvernement chinois, ces investissements au Maroc couvrent entre autres la pêche, l'industrie de transformation, les télécommunications. L'Empire du milieu constitue également un gigantesque marché à explorer. Le Maroc a tout intérêt à investir ce grand marché aux perspectives fortement prometteuses, notamment dans les domaines du tourisme et de l'agroalimentaire. Le développement du transport entre les deux pays constitue l'autre élément clé dans la promotion non seulement des flux touristiques à destination du Royaume, mais également des échanges économiques et commerciaux. Le marché chinois, toujours en quête de nouveaux produits, est ouvert aux hommes d'affaires marocains qui sont appelés, plus que jamais, à accélérer le rythme de leurs exportations, à diversifier leur production et à participer activement à la réussite du partenariat triangulaire Chine-Maroc-Afrique, érigé désormais en choix stratégique.