Le mardi 5 avril 2016, s'est éteint à Tanger l'une des figures les plus prestigieuses du théâtre et du cinéma marocains. Il s'agit du comédien, décorateur, modéliste, dessinateur et costumier Larbi Yacoubi, décédé à l'âge de 86 ans après une longue et fulgurante carrière enrichie ici et là et de toutes parts. Retour sur un parcours artistique peu commun. Né à Tanger le 31 Mars 1930, Larbi Yacoubi est un grand artiste tangérois. Comédien et surtout costumier pour le cinéma et le théâtre, il a collaboré avec de grands noms du cinéma mondial comme David Lean (Laurence d'Arabie), Francis Ford Coppola (Le retour de l'étalon noir) et Martin Scorsese (La dernière tentation du Christ). Il a également travaillé avec des cinéastes marocains comme Hamid Bennani, Mohamed A. Tazi, Jilali Ferhati, Farida Benlyazid, Moumen Smihi, Lahcen Zinoun et autres. Ce Tangérois passionné et passionnant n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur sauf... par ses pairs ce qui est en soi, la meilleure des reconnaissances. C'est en 1950 que commence l'aventure théâtrale de Larbi Yacoubi. Il rejoint cette année la troupe franco-marocaine dite "Troupe Maâmora", sous l'égide d'André Voisin. Il y est à la fois costumier et comédien. En 1954, il participe à plusieurs pièces : "Bonhomme Misère" de A. Voisin, "M'aâlem Azzouz" d'après (Le Barbier de Séville) de Beaumarchais, adaptée par Atae Wakil, "Hamlet" de Shakespeare traduite par Khalil Matrane, "Les gens de la caverne" de Taoufiq El Hakim. Suivront en 1955, "Le Médecin malgré lui" de Molière, "La jalousie du Barbier" de Molière, "La France de Maître Pathelin", adaptées par Tayeb Saddiki, "El Warith" d'après "Le légataire Universel" de Beaumarchais, adaptée par Ahmed Tayeb Laâlej. En 1956, "Les Fourberies de Scarpin" (d'après Molière) adaptée par Atae Wakil décroche le deuxième Prix du Festival de Théâtre des Nations à Paris, "Achettab", atelier d'auteur par Abdessamad Kenfaoui et Tahar Ouazize. En 1957, tout en participant à la pièce "La volonté de la vie" de Abil Kassem Achabbi, Larbi Yacoubi intègre le Ministère de la jeunesse et des Sports. Il y est chargé de la production théâtrale. 1964, "Othelo", traduction de Tahar Ouazize et mise en scène de Mohamed Said Afifi, costumes de Larbi Yacoubi. Il propose en 1958 l'idée des maisons des jeunes au Maroc et devient en 1959, le premier directeur de la Maison des jeunes de Tanger pendant une année. Sanctionné pour un abandon de poste sévère et incompréhensible après avoir été mis à la disposition de Mustapha Akkad en 1974 par son ministère, il quitte le Ministère cette même année. Parallèlement à son activité théâtrale, Larbi Yacoubi commence à travailler pour le cinéma. Il est conseiller artistique de la production d'une série de films sur le séjour d'Eugène Delacroix au Maroc. En 1960, il collabore avec Luigi Di Marqi sur le tournage de "Maria Magdalena". C'est en 1961 qu'il travaille aux côtés de Phillis Dolton au tournage de la super production de David Lean "Laurence d'Arabie". S'ensuivront toute une série de films : "Al Hayat Kifah" de M.B.A Tazi et Ahmed Mesnaoui (1968), "Wechma" de Hamid Bennani (1970), "Le retour de l'étalon noir" de Francis Ford Coppola (1974), "Le Messager" de Mustapha Akkad (1976), "Omar Mokhtar" de Mustapha Akkad (1977), "Une brèche dans le mur" de Jilalai Ferhati (1978), "Poupées de roseaux" de Jilali Ferhati (1981), "Le Grand voyage" de Med Abderrahman Tazi (1981), "La dernière tentation du Christ" de Martin Scorsese (1984), "Badis" de Med Abderrahman Tazi (1989), "La plage des enfants perdus" de Jilali Ferhati (1991), "A la recherche du mari de ma femme" de Med Abderrahmane Tazi (1993), "Tanger, légende d'une ville" de Peter Goedel (1995), "Les chevaux de fortune" de Jilali Ferhati (1995), "Lalla Hoby" de Med Abderrahmane Tazi (1996), "Les Fantômes de Tanger" de Edgardo Cozarinski (1996), "Ruses de femmes" de Farida Ben Lyazid (1997), "Les aveux d'un père" de Jilali Ferhati (2003), "Le Gosse de Tanger" de Moumen Smihi (2004), "Le Bateau de papier", "Le Taxi blanc", "Le cadeau" trois courts métrages de Jamal Souissi (2004). Durant les années 2000, Larbi Yacoubi reprend le travail théâtral dans des pièces comme "The Night Before Thinking" de Ahmed Yacoubi, dramaturgie de Zoubeir Ben Bouchta, mise en scène par Ellen Stewart (création à La Mama Theater de New York en 2000), "Une île pour Chèvres" adaptation et mise en scène, Salima Benmoumen (Troupe régionale Tanger-Tétouan, 2001), "Ya Mouja Ghanni" de Zoubeir Ben Bouchta mise en scène par Mohamed Adardoure (création au Théâtre Appinnum de Chefchaouen en 2002).