La Mort, cette ennemie implacable qui est une fin absolue pour les uns et un simple relais pour les autres, a fini par emporter dans ses bagages, ce mardi 5 Avril 2016, à l'âge de 86 ans et après une longue maladie, ce dandy à la bonhommie naturelle qu'était Larbi Yacoubi. Comédien et costumier pour le cinéma et le théatre, Larbi Yacoubi s'était fait connaître, durant sa longue existence, par toutes les célébrités des Arts et de la Culture qui se sont attardées, peu ou prou, dans la ville du Détroit et y a côtoyé les plus grands noms du Septième Art. Ayant débuté sa carrière au début des années Cinquante du siècle dernier en tant que costumier et comédien au sein de la célèbre «Troupe Maâmora», Larbi Yacoubia participé à plusieurs pièces dont nous ne citerons que «Le mâalem Azzouz», une adaptation du «Barbier de Séville» de Baumarchais par Atae Wakil, «Hamlet» de Shakespeare traduite par Khalil Matrane, «Les gens de la caverne» de Tawfiq Al Hakim ou les œuvres de Molière adaptées par Tayeb Seddiqi, à savoir, «Le Médecin malgré lui», «La jalousie du barbier», «El Warith» une adaptation par Tayeb Laâlej du «Légataire universel» de Baumarchais, «Les fourberies de Jouha», une adaptation par Atae Wakil des «Fourberies de Scapin» de Molière qui avait décroché le deuxième prix au Festival de Théâtre des Nations à Paris et la liste est bien longue... Le défunt avait également intégré, à cette date, le Ministère de la Jeunesse et des Sports en tant que responsable de la Production théâtrale et il aurait même donné, à cette époque,des cours d'Art Dramatique au Prince Héritier d'alors, Feu Sa Majesté Hassan II. Ayant eu en 1958, l'ingénieuse idée de créer des «maisons de jeunes», Larbi Yacoubi futle premier directeur de la Maison des Jeunes de Tanger tout en devenant «conseiller artistique» pour une série de films traitant du séjour d'Eugène Delacroix au Maroc et en collaborant avec Luigi Di Marqi lors du tournage de «Maria Magdalena » puis avec David Lynn dans «Laurence d'Arabie», avec Francis Ford Coppola dans «le retour de l'étalon noir» ou encore Martin Scorsese dans «la dernière tentation du Christ» ainsi qu'avec des cinéastes nationaux de renom tels Hamid Bennani, Mohamed Abderrahmane Tazi, Jilali Ferhati, Farida Belyazid, Moumen Smihi et tant d'autres encore qu'il serait trop fastidieux de citer ici. Mais, il est à signaler, toutefois, que, malgré ce glorieux palmarès, Larbi Yacoubi, qui ne s'était jamais marié pour s'occuper de sa vieille maman, a terminé sa vie dans le dénuement et la maladie après avoir été exclu du bénéfice de la Mutuelle Nationale des Artistes pour n'avoir pas pu régler sa cotisation annuelle. Ainsi, sans la générosité d'un petit cercle d'amis, Larbi Yacoubi se serait trouvé dans un dénuement total ; ces mêmes amis qui ont eu, un jour, la lumineuse idée d'adresser une requête au Palais Royal dans laquelle ils firent part au souverain de la situation morale, physique et matérielle dans laquelle s'était trouvé le défunt. C'est donc sur ordre de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Larbi Yacoubi a pu se voir octroyer une pension mensuelle de 10.000,00 Dhs pour pouvoir subvenir à ses besoins et qu'il a même pu être hospitalisé à Rabat à l'Hopital Cheikh Zaid à la charge du souverain. En apprenant son décès, Sa Majesté le Roi n'a pas manqué l'occasion d'exprimer à la famille du défunt ses vives condoléances et ses sincères sentiments de compassion et de reconnaître en Larbi Yacoubi «un artiste créateur qui s'est illustré en tant qu'acteur et costumier dans le théâtre et le cinéma et qui s'est forgé une réputation internationale». Le défunt a été inhumé ce mercredi, après la prière d'Al Asr, au cimetière Sidi Ameur de Tanger. Puisse-t-il reposer en paix après avoir tant donné au Théâtre et au Septième Art !