Le Conseil de sécurité s'inquiète des conséquences de la crise avec le Maroc provoquée par les dérapages du SG de l'ONU Ban Ki-moon. Le président du Conseil, l'ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins a indiqué à la presse après des consultations à huis clos, jeudi soir, que chaque membre du Conseil individuellement va dialoguer avec le Maroc pour tenter de "stabiliser la situation" et de "la faire évoluer de manière positive". Il n'a toutefois pas exprimé de soutien au secrétaire général Ban Ki-moon, ni enjoint Rabat de revenir sur sa décision de couper les vivres à la mission de l'ONU au Sahara (Minurso) et de déclarer persona non grata l'essentiel de son personnel civil international, au risque de la paralyser. Au cours du débat, plusieurs membres du Conseil ont pris le parti de Rabat, ont indiqué des diplomates cités par l'Afp. Un haut responsable de l'ONU a averti le Conseil au début de la réunion que les mesures de rétorsion marocaines "vont rendre (la Minurso) incapable de remplir son mandat" et a demandé que Rabat fasse machine arrière. Selon des diplomates, le secrétaire général adjoint aux affaires politiques Jeffrey Feltman a affirmé que si la mission est empêchée de fonctionner, cela pourrait menacer la paix et la sécurité régionales. M. Feltman a aussi souligné qu'une telle expulsion de la plus grande partie d'une mission de l'ONU était sans précédent. Toujours selon l'Afp qui cite des diplomates, M. Feltman a souhaité "un retour à une relation normale" avec Rabat. Juste avant la réunion, le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar avait une nouvelle fois haussé le ton, menaçant l'ONU de nouvelles sanctions et affirmant à des journalistes: "le Maroc a pris des décisions, elles sont irrévocables". Le Maroc a décidé de supprimer une contribution financière de trois millions de dollars à la Minurso et demandé à 84 des 88 membres expatriés civils de la mission de quitter le territoire en quelques jours. Rabat est cependant revenu sur sa menace initiale de retirer tout ou partie de ses 2.300 Casques bleus servant dans d'autres missions de l'ONU. Les coupes de 84 membres civils de la Minusro, a expliqué le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, concernent le personnel politique "à un niveau assez élevé" mais aussi des chauffeurs ou techniciens indispensables.