Les camps de Tindouf sont aussi concernés selon le dernier rapport du Secrétaire Général de l'ONU sur le Sahara, présenté hier à New York. Ban-Ki-Moon vient de rendre public son rapport annuel 2013 sur le conflit au Sahara, deux semaines avant la réunion à New York du Conseil de sécurité de l'ONU sur le renouvellement du mandat de la Minurso. Dans ce rapport, dont Lakome détient une copie, le Secrétaire Général de l'ONU revient sur les moments-clé de l'année écoulée et met en garde contre l'instabilité de la région causée par la guerre au Mali. Un gouvernement cité par Ban Ki Moon parle même de « bombe à retardement » au Sahara. Les dirigeants du Polisario ont avoué lors de leurs entretiens avec la Minurso que des infiltrations terroristes au sein de l'organisation étaient possibles. Le rapport note toutefois que l'urgence de la situation, loin de briser le statu quo, l'a au contraire renforcé : « le contexte régional tendu a rendu les positions plus rigides et soulevé des suspicions mutuelles entre voisins ». Ban Ki Moon revient à plusieurs reprises sur l'importance de renforcer les relations entre le Maroc et l'Algérie. Son Envoyé personnel Christopher Ross a joué le médiateur entre Mohammed VI et le président Bouteflika, qui se sont mis d'accord sur certains axes de coopération à renforcer : les menaces sécuritaires, l'immigration illégale, le trafic de stupéfiants et « le désir de modérer les communiqués des médias officiels ». Droits de l'homme : Ban Ki Moon veut lui aussi un mécanisme indépendant Concernant les droits de l'homme, Ban Ki Moon revient d'abord sur le procès Gdim Izik et la condamnation par le tribunal militaire de Rabat de 26 sahraouis en février dernier. Il rappelle que l'ONHCR et le rapporteur de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, ont exprimé leurs inquiétudes quant au choix d'un tribunal militaire et aux allégations de torture des accusés. « Je partage ces craintes », a-t-il dit. Ban Ki Moon rappelle aussi qu'à l'issue du procès, jugé « normal » par le CNDH, cette institution a recommandé de ne plus juger de civils devant le tribunal militaire. Le rapport de l'ONU reprend ensuite les principales observations et recommandations de Juan Mendez suite à sa visite à Laâyoune en septembre dernier. Le diplomate argentin avançait l'idée de la nécéssité d'un mécanisme inter-gouvernemental « robuste » de surveillance des droits de l'homme dans la région. Ban Ki Moon rappelle que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait demandé de son côté en septembre 2012 l'extension du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme au Sahara. Demande rejetée par le Maroc car ne faisant pas partie du mandat du Conseil. Ban Ki Moon souligne d'ailleurs que le Maroc et le Polisario ont deux visions très différentes du mandat de la Minurso : pour le royaume, souveraineté oblige, il s'agit avant tout d'une force militaire chargée de faire respecter le cessez-le-feu. Alors que le Polisario pousse pour que la Mission soit également chargée de protéger les habitants du territoire. Ban Ki Moon estime que la mise en place du CNDH est un « pas positif » et il ne demande pas directement l'extension du mandat de la Minurso. Il affirme cependant que « le besoin d'un mécanisme indépendant, impartial, complet et prolongé de surveillance des droits de l'homme, à la fois au Sahara occidental et dans les camps, est plus que jamais pressant ». Ce sera au Conseil de Sécurité de l'ONU de prendre une décision lors de la réunion prévue le 25 avril prochain à New York.