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2016, soixantenaire des relations diplomatiques entre le Maroc et le Japon : Entretien avec S.E. M. Kurokawa Tsuneo, ambassadeur du Japon à Rabat : L'apprentissage de la langue japonaise, un moyen de s'initier à la technologie nipponne
A la veille de l'année 2016, qui va coïncider avec soixante ans de relations diplomatiques entre le Japon et le Maroc, le programme des volontaires japonais de la JICA vient de célébrer à Rabat son cinquantième anniversaire le 24 novembre dernier par une vibrante cérémonie ponctuée par une tournée de presse à Tahanaoute dans la Province du Haouz où exercent de nombreux volontaires japonais. Et ce, en présence de S.E. M. Kurokawa Tsuneo, ambassadeur du Japon au Maroc, qui a bien voulu nous accorder l'entretien suivant. L'Opinion : La JICA vient de célébrer le 50ème anniversaire des volontaires japonais, qu'est-ce que cela représente pour le Japon ? M. Kurokawa Tsuneo : "Depuis longtemps, le gouvernement du Japon tisse ses relations de coopération avec le monde à travers l'assistance, non seulement avec les volontaires japonais, mais aussi par prêts et dons, afin d'offrir les équipements et les services nécessaires, ainsi que les établissements substantiels, selon les demandes des pays partenaires. Grâce à l'aimable collaboration des pays partenaires, les programmes du Japon pour la coopération se déroulent avec efficacité, portant leurs fruits pour un développement durable dans les pays hôtes. S'agissant des activités des volontaires japonais, qui ont été initiées par la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale) il y a 50 ans (48 ans dans le cas du Maroc), elles reflètent l'esprit d'amitié et de coopération, couronné de résultats matériels et immatériels, qui n'en demeurent pas moins très palpables. Un demi-siècle d'engagement déterminé des volontaires japonais sur la scène du développement représente un trésor irremplaçable pour la diplomatie japonaise, bâtissant ainsi un pont solide entre le Maroc et le Japon. Dans ce contexte, j'aimerais bien souligner ma très haute gratitude pour le travail de qualité que fournissent les volontaires japonais, ainsi que pour la chaleureuse hospitalité avec laquelle les accueille la partie marocaine ». L'Opinion : Le Japon finance un certain nombre de projets de développement au Maroc, notamment dans les autoroutes et l'eau potable. Comment se porte la coopération entre le Maroc et le Japon ? M. Kurokawa Tsuneo : " Je voudrais rappeler que l'année 2016 marque le 60ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre le Maroc et le Japon. Pendant 60 ans, il y a eu différents programmes réalisés par le Maroc et le Japon, en matière d'autoroutes (avec des prêts d'un montant global d'environ 34 milliards de yens japonais – soit près de 2,7 milliards de dirhams), d'eau potable (avec des prêts d'un montant global d'environ 95 milliards de yens japonais – soit près de 7,7 milliards de dirhams), mais également dans divers autres secteurs. Je cite, à titre d'exemple, les projets de construction de l'Autoroute Casablanca-Settat, Marrakech-Agadir, de la Rocade Sud de Casablanca, outre la coopération technique entre la Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) et Hanshin Expressway Company Limited, société japonaise qui pourra contribuer à l'introduction de l'ITS (Intelligent Trafic Systems), la construction et la maintenance d'autoroutes, de tunnels et de ponts, ainsi qu'à l'échange de techniciens et d'experts pour la construction d'autoroutes au Maroc et dans les pays africains. S'agissant des projets relatifs à l'eau potable, ils ont été réalisés dans quelque 21 sites (Oujda, Azrou, Tiflet et autres) et dans 1.370 communes rurales. En outre, les autres aspects de coopération portent sur des domaines aussi variés comme la pêche, l'agriculture, la santé ou, encore, l'éducation. J'aimerais, de même, citer le cadre de coopération globale avec l'Institut de Formation aux Engins et à l'Entretien Routier (IFFER), et récemment, l'approvisionnement consistant en 170 voitures en « Diesel-Propre (Clean-Diesel) » du fabricant japonais MAZDA en faveur, notamment, d'organismes gouvernementaux. D'autre part, le gouvernement du Japon a réalisé 350 projets à échelle plus locale, tels que la réhabilitation d'internats, la construction de lycées et la remise à niveau du système des irrigations traditionnelles. Récemment, je me suis rendu auprès de communautés à Aïn-Chouater, à Figuig, pour le projet de Khattara, à Aït Baha, dans la région de Souss-Massa, pour le projet de l'extension d'un lycée, et à Tiznit, pour le projet de l'extension d'internats. Cette visite m'a convaincu que ces projets sont importants pour améliorer les conditions de vie en milieu rural. En effet, l'Ambassade du Japon à Rabat aimerait poursuivre ces formes de coopération en hybride, à savoir de grands projets avec le gouvernement et les projets directs avec les associations locales ». L'Opinion : Il y a un intérêt de plus en plus prononcé, dans les universités au Maroc, pour la langue japonaise. Quelles sont les perspectives et les horizons qui s'ouvrent en matière de coopération culturelle et de rapprochement entre les deux peuples. ? M. Kurokawa Tsuneo : "Tout d'abord, c'est un grand plaisir pour le Japon de constater qu'il y a autant de Marocains qui s'intéressent à la culture japonaise, ainsi qu'à la langue japonaise, malgré la distance qui sépare géographiquement les deux pays. J'étais aussi heureux de savoir que, récemment, des conventions ont été signées par des universités marocaines et des universités japonaises, visant notamment la collaboration dans le domaine de la recherche scientifique et technique. En ce qui concerne les volontaires japonais, 5 volontaires japonais s'engagent à enseigner la langue japonaise (2 enseignants à l'Université Mohamed V, 1 enseignant à l'Université Cadi Ayyad, 1 enseignant à l'Université Hassan II et 1 enseignant à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah). Pour les étudiants qui apprennent la langue japonaise, le concours de discours en langue japonaise est organisé chaque année, en collaboration avec les enseignants de la langue japonaise, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Formation des cadres, l'Université Mohammed V, la JICA et l'Ambassade du Japon à Rabat, et sponsorisé par les entreprises japonaises au Maroc et des écoles de langues. La 17ème édition du concours se tiendra le printemps prochain. La connaissance des langues permet, il va sans dire, l'ouverture sur le monde. L'apprentissage de la langue japonaise est un des moyens les plus importants pour les jeunes étudiants marocains de découvrir le Japon, d'apprendre la technologie japonaise et de se rapprocher davantage de la culture japonaise. Pour les jeunes fans du Japon, les opportunités de s'ouvrir davantage sur notre pays ont été renforcées, récemment, par la volonté du Premier ministre japonais, M. Shinzo Abe, d'offrir plus de possibilités à des étudiants des pays d'Afrique de poursuivre leurs études au niveau master au Japon, pendant deux ans, et après, d'effectuer un stage au sein d'entreprises japonaises. Ce programme est intitulé « ABE Initiative ». Il nous a déjà été permis d'envoyer seize Marocains hautement motivés au Japon. Après leur retour au Royaume du Maroc, je souhaite ardemment que ces étudiants jouent un rôle majeur dans la consolidation des relations amicales entre le Maroc et le Japon dans un proche avenir ».