La recommandation émanant du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) en matière d'héritage a vite suscité la controverse passionnée, mis conservateurs et modernistes dos à dos, faisant sortir plus d'un de ses gonds. Alors que c'est un débat serein - sans véhémence s'entend - qui devait occuper la scène. Nous avons parmi nous des concitoyens qui poussent le modernisme aussi loin que possible, peu soucieux de heurter les sentiments - religieux en le cas d'espèce - de la majorité écrasante de la population. Ce qu'ils avancent fait aussitôt l'objet d'un rejet, voire d'une aversion. Cela ne résout pas la question, mais la laisse en suspens, planant comme un nuage sombre tant qu'elle n'est pas tranchée de la manière qui apporte satisfaction à tout le monde. En matière de religion, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, en ce sens qu'il y a des érudits et des exégètes comme il y a ceux qui n'en connaissent que des bribes. Par ailleurs, la société marocaine compte en son sein plusieurs tendances idéologiques. Il n'est pas donc étonnant que l'on assiste de temps à autre à des sorties qui jettent le pavé dans la mare. Sorties vis-à-vis desquelles il est mieux indiqué de réagir avec discernement et détachement, au lieu de monter sur ses grands chevaux. C'est comme cela que l'on peut construire la société de confiance. Le rôle des gens qui détiennent le savoir en matière de religion ne doit pas être de rejeter systématiquement toute idée nouvelle - choquante soit-elle - qui laisse transparaître une tentative d'imposer une chose contre laquelle un dogme existe déjà. Leur rôle devrait plutôt consister à creuser positivement, le but étant de toujours parvenir à de meilleures interprétations d'un texte hautement sacré, le Coran. Toutefois, autant que faire se peut. Il n'est pas question de bousculer l'édifice...