L'ouverture du cycle ramadanien des causeries religieuses coïncide cette année avec le changement du titulaire du département des Habous et des Affaires islamiques qui joue un rôle de maître d'œuvre central dans l'organisation et la tonalité générale de ces conférences à dominante théologique. L'ouverture du cycle ramadanien des causeries religieuses coïncide cette année avec le changement du titulaire du département des Habous et des Affaires islamiques qui joue un rôle de maître d'œuvre central dans l'organisation et la tonalité générale de ces conférences à dominante théologique. Le nouveau ministre en charge de ce département très sensible, Ahmed Taoufik, dont les qualités intellectuelles et l'autorité morale sont unanimement saluées, a ouvert ce cycle par une conférence dans laquelle il a d'emblée exprimé sa note personnelle et la spécificité de son approche érudite. Se prononçant sur le thème de l'originalité de la pratique religieuse marocaine, entre attachement à la tradition sunnite, approfondissement de l'expérience mystique, et déférence vis-à-vis de la lignée des Chorfas descendants du Prophète, le conférencier a projeté la lumière sur l'ancrage de cette tradition dans une dynamique née de l'environnement identitaire marocain tout en mettant en exergue l'attachement au substrat unitaire pan-islamique. C'est, in fine, une manière de se démarquer d'un certain nombre de dérives liées à l'approche qui voulait faire de l'école théologique marocaine, voire celle de l'Occident musulman en général juste un appendice ou la queue de la comète dont le focus est résolument machrékien, voire totalement centralisé, pour des causes historiques récentes connues, dans l'obédience wahhabite. Feu S.M. le Roi Hassan II, qui a initié le cycle des causeries ramadaniennes, l'a voulu comme une opportunité précieuse pour renouer avec le référentiel exégétique et doctrinaire musulman, et pour croiser les contributions des savants de l'Islam les plus en vue et les plus représentatifs des efforts exégétiques et théologiens dans les différents pays musulmans, mais toujours avec le souci de mettre en exergue la spécificité de l'école exégétique marocaine et, plus largement, l'apport de l'islam en terre marocaine à la richesse universelle de la culture musulmane. Son auguste successeur, S.M. le Roi Mohammed VI qui a inscrit cette pieuse et savante tradition dans la continuité, porte un intérêt particulier à la contribution des Ulémas dans le débat actuel sur les possibilités d'adaptation des efforts théologiques et doctrinaires aux contraintes et aux nécessités de la vie moderne, sur fond de globalisation des échanges de toutes sortes, des principes de tolérance et d'ouverture, et en matière d'encouragement des valeurs de coexistence et de rapprochement entre les peuples. L'actualité, à la fois nationale, régionale et internationale, invite aussi à l'élargissement du débat sur les questions liées à la religion hors du cercle de l'érudition et des forums des initiés. Mais cela ne veut pas non plus dire l'encouragement de tous les laxismes qui consistent à banaliser le commentaire religieux, la jurisprudence et les fatwas en matière de culte et de charia au point d'en faire un vaste fatras informel, qui favorise toutes les dérives et peut mener à des situations de cacophonie incontrôlable.