S'improviser médecin porte gravement atteinte à la santé et peut conduire à des fins non désirées. Le phénomène de l'automédication, encouragé par la vente de médicaments sans ordonnances médicales est responsable de l'aggravation de plusieurs maladies. C'est la raison pour laquelle il en résulte les méfaits d'un retard de diagnostic qui fait perdre une chance de guérison à un malade. Depuis la promulgation du code du médicament et de la pharmacie en 2006, la profession fait grise mine : plusieurs dispositions en faveur du citoyen qui ne servent pas forcément les intérêts des pharmaciens. A commencer par l'obligation de ne délivrer de médicaments que sur ordonnance médicale. Le pharmacien est, en effet, depuis ce nouveau code, interdit de vendre des médicaments s'ils n'ont pas été prescrits au préalable par le médecin traitant, sous peine de se voir infliger une amende de 6.000 DH, exception faite des médicaments usuels dits « de comptoirs tels que ‘'Doliprane'' ou autres antalgiques ». Une mesure qui déclenche toujours une levée de boucliers auprès des professionnels et qui continue à être boudée par certains pharmaciens sous prétexte que cette loi ne prend pas en compte la réalité sociale du pays et que 70% des marocains n'ont aucune couverture sociale malgré la mise en place de l'AMO et du RAMED. Or, ceci ne doit en aucun cas justifier le manque de déontologie qui règne parfois dans les officines. En ce qui concerne le pharmacien, bien souvent, il se comporte comme un commerçant au mépris de toute règle éthique. Une constatation observée par un très grand nombre d'usagers. «Ce n'est pas dans l'intérêt du pharmacien de vous vendre le médicament le moins cher, surtout si vous n'avez pas d'ordonnance, il doit faire ‘'tourner'' sa boutique », nous a fait remarqué un assistant pharmacien. Autre discrédit jeté sur les pharmaciens : celui concernant leur personnel : « les employés des officines pour la plupart d'entre eux sont, contre toute attente, des personnes non qualifiées et maitrisent très modestement la pharmacopée », reconnaissent certains usagers. Pourtant, l'article 101du code du médicament et de la pharmacie est, à cet égard, très clair. Il stipule que « sous peine de sanction disciplinaire, le pharmacien d'officine doit exercer personnellement sa profession ». Quant aux médicaments, selon le même article, « il doivent être ''préparés'' par le pharmacien titulaire ou le pharmacien assistant autorisé à l'exercice, mais sous la surveillance directe du premier ». Si le texte est, en effet, sans ambigüité, il en va autrement sur le terrain où souvent l'absence quasi permanente de l'employeur conduit ses commis à jouer sur la vie des citoyens en prescrivant des traitements qui ne sont pas toujours adaptés. Un pharmacien nous explique que les pharmacies rencontrent un très grand nombre de difficultés financières et ne peuvent parfois faire face à leurs charges salariales et que la plupart d'entre elles ‘' virent au rouge ‘'. Mais ceci justifie-t-il un tel comportement de bafouer la loi et de mettre en danger la vie des citoyens. Le code du médicament et de la pharmacie devrait mettre un peu d'ordre dans toute cette nébuleuse, en contribuant à la mise en place d'un exercice de qualité et d'une déontologie professionnelle, dans un souci de sécurité des citoyens et des intérêts des officines, avec une meilleure répartition sur le territoire. La nouvelle loi prévoit « un chainage de 300 mètres » en ligne droite entre les pharmacies en question, sans oublier l'instauration d'un ‘'numerus clausus ‘' (nombre de pharmaciens, selon le nombre des habitants) longtemps attendu par la profession et l'accélération du processus de mise en œuvre de la régionalisation qui fait durer.