Le règne de Mo Farah s'est prolongé avec sa couronne conservée sur 10.000 m aux Mondiaux d'athlétisme, le Britannique devenant le premier coureur de demi-fond long à conquérir six titres majeurs (JO et Mondiaux) consécutifs, lors de la journée inaugurale samedi à Pékin. De la plus longue à la plus courte des distances sur la piste, Usain Bolt et Justin Gatlin se sont aussi jaugés par séries interposées sur 100 m. Les Mondiaux ont déjà vécu des moments forts pour la première journée au Nid d'Oiseau. +Dieu et mon droit+, la devise des souverains britanniques, est aussi celle de Farah, double champion olympique (5000 m et 10.000 m) à Londres, en 2012. Son droit, c'est celui de regarder le monde en face et même de haut. L'athlète d'origine somalienne avait été plus déstabilisé ces dernières semaines par les accusations de dopage aux États-Unis visant son entraîneur Alberto Salazar, que samedi soir par la tactique d'équipe du trio kényan. Ce dernier problème, l'ex-émigré de l'Est londonien, qui était passé par Djibouti pour rejoindre à huit ans le Royaume-Uni, l'a résolu avec l'arme absolu du demi-fondeur, le sprint. En démarrant à 500 m du but, Farah a condamné les coureurs des hauts-plateaux aux places 2, 3 et 4. Sans le (quasi) invincible, les hommes en rouge auraient annexé le podium. Signification «Le faire (conserver le titre), cela a une grande signification. Cela n'a pas été facile cette saison», a convenu le vainqueur magnifique, qui a manqué de tomber au moment de dépasser un adversaire attardé dans l'avant-dernier virage. «Les Kényans avaient ces dernières années effectué une course d'équipe sur un rythme lent. Ici, ils ont évidemment essayé quelque chose d'autre en accélérant au fur et à mesure des kilomètres», a ajouté Farah. Mais l'Histoire était écrite. Et le Britannique a annoncé que son épouse attendait un autre enfant, «grâce à Dieu». Lui se prépare pour le 5000 m. Même si Farah répugne à parler de ses origines -une blessure ouverte-, c'est bien la Corne d'Afrique qui s'est distinguée au Nid d'Oiseau, garni dès le matin pour accueillir les marathoniens. Ghirmay Ghebreslassie, 19 ans -un record de précocité pour la plus mythique des épreuves du premier sport olympique (42,195 km)- s'est emparé à l'entrée du stade du drapeau érythréen, désormais un viatique pour passer la ligne d'arrivée. Dans la chaleur déjà écrasante, les favoris du Kenya se sont liquéfiés, Dennis Kimetto, le recordman du monde (2h 02 min 57 sec), abandonnant même. Fauves libérés Les fauves ont été libérés pour les séries du 100 m. Les grosses cylindrées, notamment l'Américain Gatlin, invaincu depuis 23 mois et ex-dopé de poids, et l'octuple champion du monde jamaïcain en ont gardé sous les semelles. «Ce n'était pas parfait, mais mieux qu'à Londres», a estimé Bolt. Pour sa rentrée, le 24 juillet à Londres, «L'Eclair» avait couru deux fois en 9 sec 87, en l'espace d'une heure et sous la pluie. Cette fois, il a signé un 9.96 avec un vent légèrement défavorable et en déroulant dans les 20 derniers mètres. Le jeune Américain Trayvon Bromell et le Français Jimmy Vicaut, co-détenteur du record continental (9.86), ont également impressionnés, alors que le Jamaïcain Asafa Powell est un autre prétendant au podium. +Air+ Lavillenie s'est qualifié pour la finale du saut à la perche, avec un seul essai à 5,70 m, la mesure utile. Le Français tentera lundi de conquérir le seul titre qui manque à son palmarès. L'Allemande Christina Schwanitz a, elle, été sacrée au lancer du poids, avec un jet à 20,37 m, en l'absence de la Néo-Zélandaise Valerie Adams, sacrées lors des quatre précédentes éditions.