La SAMIR (Société anonyme marocaine de l'industrie du raffinage) cherche désespérément sauveur et il n'est pas étonnant qu'à défaut d'un réel plan de sauvetage, elle chercherait plutôt preneur. Entretemps et à en juger par les bribes d'information afférentes au sujet, il n'est pas étonnant qu'elle dépose le bilan à tout moment. Faute de cash, la SAMIR passe par de pires moments. Pires que ceux vécus auparavant. Le ratio d'endettement atteint des seuils critiques et le raffineur est rattrapé par ses créances en souffrance. La société croule sous une dette de près de 40 milliards de dirhams, au point que sa situation financière devient intenable. D'autant plus qu'une bonne partie est devenue exigible. Echéances obligent, créanciers, fournisseurs et douanes ne peuvent plus se permettre le luxe d'attendre les bras croisés une éventuelle augmentation de capital annoncée pour la mi-octobre lors de la tenue de l'assemblée générale de la SAMIR. Les milieux bancaires s'agitent, certains d'entre eux s'exposent déjà au risque SAMIR. La douane passe à la vitesse supérieure et en vue de récupérer ce qui lui revient en termes d'impayés en TIC et TVA, soit l'équivalent d'à peu prés 13 milliards de dhs, enclencher une procédure d'avis à tiers détenteur à l'encontre de la SAMIR. Les autres partenaires et/ou protagonistes accordent peu de crédit à l'effet d'annonce de cette augmentation de capital qui dans les meilleurs des cas ne servirait qu'à effacer une partie de la très lourde ardoise de la SAMIR vis-à-vis de certains gros fournisseurs. Bien plus, certains d'entre eux voient en cette option, une manœuvre du management de la SAMIR pour gagner du temps. Or en pareils cas, c'est justement le temps, les délais de livraison, les échéances qui comptent le plus. Le Maroc ne peut se permettre un quelconque manquement en stock de sécurité en hydrocarbures. A ce niveau, et au lieu d'être rassurant comme il se doit, le communiqué publié en la circonstance par le département marocain de l'Energie entretient une certaine ambigüité en soulignant que « toutes les mesures ont été prises pour assurer l'approvisionnement normal du marché national en hydrocarbures, après l'arrêt de la production de produits pétroliers raffinés par la SAMIR » et que les autorités publiques sont décidées à prendre toutes les dispositions et les mesures légales pour se prémunir contre ces manquements dans le futur". Et dire que les difficultés financières de la SAMIR ne datent pas d'aujourd'hui. Déjà en 2014, la SAMIR avait émis début décembre un avertissement sur résultats (profit-warning) et a soldé l'exercice par un résultat net négatif de 3,42 milliards de dirhams. Une perte qualifiée de record et que certains opérateurs expliquent en partie par la « dévalorisation significative de ses actifs détenus en stock » due à la chute des prix du pétrole. Et dire aussi qu'en janvier 2014, un accord d'homologation des prix des produits pétroliers a été signé entre le gouvernement et les distributeurs. Et qu'en vertu de cet accord, le gouvernement accompagnera, jusqu'au 30 novembre 2015, les professionnels du secteur pour fixer les prix de certains produits pétroliers, qui continueront d'être annoncés le 1er et le 16 de chaque mois. Une fois l'échéance arrivée, l'Etat n'interviendra plus dans la fixation des prix à la pompe. En d'autres termes, et à partir de décembre prochain, le marché sera libre et les tarifs seront déterminés en fonction de la loi de l'offre et de la demande et qu'en cas de libre concurrence et de non entente entre opérateurs, les prix seront ceux du marché et à des niveaux sensés être raisonnables. En bien d'autres termes, cette libéralisation ferait que la SAMIR ne serait plus un passage obligé pour les distributeurs. Lesquels distributeurs feraient jouer la concurrence entre la production SAMIR d'une part et le marché de Rotterdam d'autre part et procéderaient à des importations de produits raffinés à chaque fois que l'opportunité de recourir au marché international le permettrait. Du coup, la SAMIR risque de perdre son monopole de fait. La SAMIR peut elle se permettre une telle moins value ? Les pétroliers marocains auront-ils à respecter la réglementation en termes de qualité de produits et de constitution de stocks de sécurité ? La sécurité de l'approvisionnement du pays en hydrocarbures en dépend.