C'est une enquête révélatrice sur l'engagement des jeunes africains dans la politique que vient de publier l'institut de sondage Afrobaromètre à l'occasion de la journée mondiale de la jeunesse. L'étude, réalisée auprès de jeunes âgés de 18 à 29 dans 33 pays, montre que ces derniers sont intéressés par les débats publics mais ne sont pas pleinement engagés dans les processus politiques. A la lecture de ce rapport, on ne peut que s'inquiéter du désamour des jeunes pour la politique d'autant plus que certains Etats du continent vivent une période de turbulence, liée à la modification de la Constitution devant permettre à des Présidents de se maintenir au pouvoir afin de rempiler des mandats indéfiniment. Ce qui se passe aujourd'hui au Burundi est illustratif. Malgré les violences et les tueries que connaît ce pays, d'autres dirigeants continuent de jouer avec le feu arguant que les situations ne se ressemblent pas. Dans ces conditions, l'étude pose un paradoxe puisqu'elle souligne que 56 % des jeunes s'intéressent aux affaires publiques. Or, comment peut-on être interpelé par les questions publiques et ne pas être concerné par la politique ? Les jeunes sont-ils désabusés par les politiciens du continent ? Ce qui serait en soi une source d'inquiétude car la voix des jeunes et leur engagement sont des aspects fondamentaux du processus démocratique et sont facteurs de changement tant souhaité en Afrique. Pourtant, beaucoup d'analystes soulignaient le virage pris par ce continent où au Burkina Faso, les jeunes ont provoqué la chute du président et au Sénégal, ils ont empêché la révision de la Constitution en 2011 laissant penser ainsi qu'avec les nouveaux mouvements citoyens formés par des jeunes, ce sont là des forces avec lesquelles il faut désormais compter dans certains pays africains. D'ailleurs, la même institution a mené dernièrement une autre enquête dans laquelle il ressort que les populations africaines sont en très grande majorité favorables à une limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Afrobaromètre, ce regroupement d'instituts de sondages, a ainsi compilé une série d'enquêtes d'opinion qui ont eu lieu dans une trentaine de pays du continent depuis 2011. Pour justifier les modifications de la Constitution qui leur permettront de briguer un mandat supplémentaire, les dirigeants expliquent la plupart du temps qu'ils ne font que répondre au vœu de la population. Moralité, la jeunesse africaine n'a pas encore une culture politique mature car elle dit une chose et son contraire à la fois. Inquiétante jeunesse...