Une prise d'otages dans un hôtel de Sévaré, dans le centre du Mali, vendredi 7 et samedi 8 août, a fait au moins une douzaine de morts, d'après un bilan encore provisoire, rendu public dimanche en fin de journée. Cinq employés travaillant pour des sous-traitants de la Minusma, la mission de l'ONU dans le pays, figurent parmi les victimes. « Il s'agit d'un Malien, qui était le chauffeur de la compagnie sous-traitante de la Minusma, d'un Népalais, d'un Sud-africain et de deux Ukrainiens », a-t-elle précisé dans un communiqué. Quatre terroristes ainsi que quatre soldats maliens ont aussi été tués durant l'attaque. Ces derniers ont été inhumés dès samedi, en présence de deux ministres. Les assaillants visaient un site militaire malien Encore non revendiquée dimanche, la prise d'otages s'est déroulée pendant près de vingt-quatre heures au sein de l'hôtel Byblos, un établissement qui accueille régulièrement des expatriés. Les assaillants visaient initialement un « site militaire malien », d'après la Minusma, mais, « repoussés par les Forces Armées maliennes, (ils) se sont ensuite retranchés dans un hôtel de la ville ». Après avoir fait irruption dans l'hôtel vers sept heures du matin, ils ont été délogés dans la nuit lors d'une opération menée par une unité d'élite de la gendarmerie malienne, qui a permis de libérer quatre otages. Ville garnison située à 640 km au nord-est de Bamako, Sévaré dispose d'un aéroport utilisé comme base par les forces de sécurité maliennes et françaises dans le cadre de l'opération Barkhane, qui vise à lutter contre le terrorisme au Sahel. Aux confins du Nord du Mali, sous le contrôle des rebelles touaregs et des groupes islamistes en 2012 et 2013, avant qu'ils ne soient chassés par une opération militaire internationale lancée par la France, la région a été le théâtre d'une embuscade contre l'armée malienne, le 1er août dernier, dans la ville de Nampala, au cours de laquelle deux soldats sont morts. Montée fulgurante des attaques jihadistes Malgré la signature d'un accord de paix, le 20 juin, à Alger, avec les mouvements rebelles du Nord, le Mali reste en proie à des attentats qui ne ciblent pas cette seule partie du territoire. Depuis, Ansar Dine, un des groupes djihadistes liés à Al-Qaida ayant pris le contrôle du Nord du pays en 2012, et qui n'a pas participé aux pourparlers d'Alger, a revendiqué deux attaques près des frontières ivoiriennes et mauritaniennes. Dans un communiqué publié dimanche, le principal parti d'opposition, l'Union pour la République démocratique (URD) évoque une « montée fulgurante des attaques terroristes et djihadistes au Mali ». Le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a également fait part de son inquiétude en raison de « l'insécurité qui atteint des proportions alarmantes dans tout le pays » Les enquêteurs maliens ont retrouvé «des numéros de téléphone et des adresses» sur les corps de «terroristes» tués lors de la tentative de prise d'otages, le 7 août à l'hôtel Byblos de Sévaré (centre), qui a fait treize morts, a-t-on appris lundi de source proche de l'enquête. Des numéros de téléphone et adresses retrouvés sur des terroristes tués «Sur les cadavres (des terroristes), les enquêteurs ont découvert des numéros de téléphone et des adresses. Ces données vont aider les enquêteurs à avancer plus vite», a-affirmé cette source jointe à Sévaré depuis Bamako la capitale. «La thèse du mouvement de libération de Macina se précise. Une carte d'identité trouvée sur un d'entre eux mentionne (le nom de) Tamboura qui serait né à Téninkou, un village dans la zone géographique du Macina», a-t-elle indiqué, sans donner plus de détails. «Les habitants de la ville de Sévaré ont déjà oublié (ces) événements malheureux. Dimanche, beaucoup de mariages ont été célébrés dans la ville, avec des cortèges de voitures et de klaxons comme d'habitude», a dit la même source. L'attaque de l'hôtel Byblos a fait treize morts - cinq contractuels de l'ONU, quatre soldats maliens et quatre assaillants -, selon un bilan définitif publié dimanche par le gouvernement malien. Sept suspects ont été arrêtés, selon la même source. L'assaut n'a pas été revendiqué depuis. Mais «de forts soupçons pèsent» sur le Front de libération du Macina (FLM), «un groupe terroriste qui tient à faire parler de lui par tous les moyens», a affirmé dimanche une source militaire malienne jointe à Sévaré depuis Bamako. Un mouvement allié à Ansar Dine Le Macina est l'appellation traditionnelle d'une partie du centre du Mali. Apparu début 2015, le FLM, qui recrute essentiellement dans la communauté peule et a revendiqué des attaques dans cette région, est un mouvement allié à Ansar Dine, un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ayant contrôlé le nord du pays près de dix mois entre 2012 et début 2013. Les assaillants, non identifiés et dont le nombre demeure inconnu, ont fait irruption le 7 août vers 05H00 (locales et GMT) au Byblos de Sévaré, où séjournent régulièrement des expatriés. Ils en ont été délogés dans la nuit de vendredi à samedi par les forces maliennes.