L'ex-capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la Transition en Guinée, entend peser sur l'élection présidentielle du 11 octobre prochain pour laquelle il se dit candidat afin de mettre fin à la souffrance de la population guinéenne. Normal de la part d'un citoyen comme lui, quel qu'en soit le poids de l'épée de Damoclès qui pèse sur sa tête pour sa présumée responsabilité dans le massacre du 28 septembre à Conakry et qui a fait 157 morts avec des viols collectifs de centaines de femmes. Si le retour de l'ancien chef de la junte militaire est diversement apprécié, à cause de son aura dans la Guinée forestière (et plus particulièrement au sein de son ethnie), il prend une autre dimension plus ou moins inquiétante quand il s'agit de la probable union entre le parti de Cellou Dalein Diallo et la formation de l'ancien putschiste Moussa Dadis Camara. Cela est un fait dans le contexte guinéen. En effet, l'alignement entre un ancien Premier ministre, qui a eu à gérer les affaires guinéennes durant des années, sous le règne de feu Lansana Conté, et celui qui a pris le pouvoir par la force, à la mort de ce dernier, ne peut engendrer que les germes de la division, exacerber l'ethnocentrisme dans un pays qui n'a pas besoin. Déjà, lors des premières élections libres et multipartistes que la Guinée ait connues en 2010 depuis son indépendance, il y avait de cela plus de 50 ans, et qui a vu la victoire du Pr Alpha Condé, ce clivage ethnique commençait à faire sentir. N'eut été le patriotisme des Guinéens et l'amour pour leur terre natale, ce pays aurait basculé dans ce qu'il convient d'appeler le chaos car tous les ingrédients étaient réunis comme une cocotte minute à exploser. N'ayons pas peur des mots. Aujourd'hui, ce risque est encore plus grand compte tenu de la situation fragile du pays après une lutte acharnée contre le virus Ebola, une économie en berne par manque d'investissements directs étrangers. Bien que le Président actuel peut s'enorgueillir d'avoir fourni de l'électricité à Conakry (24h/24) en moins de cinq ans, réaliser des projets structurants dans plusieurs domaines, retirer la Guinée de la liste des PPTE et le faire entrer dans le club restreint des pays démocratiques sur le continent. C'est pour cela que tous les Guinéens doivent être vigilants, se vacciner contre les discours de la division, de la haine et de l'ethnocentrisme et mettre le pays au-dessus des discours partisans. Autrement, l'alliance entre les deux dignitaires, de surcroît un ancien chef de Gouvernement et un ancien militaire Président, l'esprit revanchard est plus dominant qu'un réel programme économique cohérent pour la prospérité et le progrès de la Guinée. C'est pour l'ensemble de ces raisons que tous les pays frères et amis de la Guinée doivent s'investir dans cet idéal pour que cet Etat de l'Afrique de l'Ouest ne sombre pas dans la violence ethnocentrique. A commencer par le Maroc, un pays frère et ami de la Guinée depuis des décennies.