Cette élection présidentielle est le premier scrutin libre de Guinée. Elle doit mettre un terme à plus de 50 ans de dictatures et de régimes autoritaires dans cette ancienne colonie française, qui avait pris son indépendance en 1958. Lors du premier tour, qui a eu lieu le 27 juin dernier, soit quatre mois auparavant, l'ancien ministre, puis Premier ministre, Cellou Dalein Diallo avait obtenu 43% des voix contre 18% pour l'opposant historique, Alpha Condé. Ce dimanche, après de nombreux reports, le second tour a enfin eu lieu, après plusieurs semaines de tensions politico-ethniques. Les deux candidats sont issus de deux ethnies différentes, les peuls et les malinkés. Sous la pression de la communauté internationale, ils ont lancé, ensemble vendredi, un appel au calme et à la fraternité, après une campagne marquée par des violences. Les deux camps se sont accusés mutuellement de fomenter des fraudes et une tension ethnique latente, attisée par des rumeurs, a débouché sur divers affrontements qui ont fait des dizaines de blessés et au moins un mort, selon les organisations de défense des Droits de l'homme. Samedi, le président de la transition, le général Sékouba Konaté, a réaffirmé que les militaires quitteraient le pouvoir à l'issue de l'élection présidentielle. Il a appelé à «rompre avec un passé de violences». A l'indépendance, en 1958, c'est Ahmed Sékou Touré, le «père de l'indépendance» qui avait accédé au pouvoir, prônant l'instauration d'un régime socialiste, avant de transformer le régime en dictature jusqu'en 1984. Par la suite, le pays a été régi d'une main de fer par Lansana Conté jusqu'en 2008, avant d'être dirigé par la junte du capitaine Moussa Dadis Camara. Le massacre de 157 opposants, en septembre 2009 dans un stade de Conakry, a laissé la Guinée traumatisée. Les Guinéens, tout comme la communauté internationale, espéraient ce dimanche que ce scrutin remettrait le pays sur la voie de la démocratie. Le pays détient d'importantes richesses minières, dont le fruit revient uniquement à des multinationales, alors que la moitié de la population vit encore sous le seuil de pauvreté.