Des épreuves fuitées par des réseaux sociaux après à peine une demi-heure. Mardi, 8 heures 30 mn, les premières fuites des épreuves du BAC commencent à tomber sur la page Facebook, désormais célèbre par son nom «Tassribat». Des épreuves de l'examen national (épreuves de la deuxième année du baccalauréat) ont, en effet, été publiées quelques minutes seulement après le début des passations. Un record pour les administrateurs de cette page qui titille encore plus un ministère de l'éducation et de la formation qui a fait de la lutte contre la triche son cheval de bataille. Les épreuves, apparemment capturées par un téléphone portable, sont partagées sur la page intitulée «Tassribat 2015». Un coup dur pour le ministère qui a fait équiper les centres d'examen de détecteurs de métaux pour éviter toute présence de portables et gadgets électroniques. Les épreuves de l'arabe, Physique-Chimie, les Sciences de la vie et de la terre et la comptabilité pour la branche «économie» sont les premières à tomber et être diffusées sur cette page, que nous avons pu consulter via les réseaux sociaux. Certains commentaires ont commencé à diffuser des soi-disant réponses. Moralité, seul un bruitage ou brouillage du réseau aux alentours des centres des examens pourrait être efficace contre ces pratiques «frauduleuses» utilisant les nouvelles technologies de l'information. Les détecteurs de métaux au lieu de détecteurs de réseaux mobiles et d'ondes GSM, n'ont fait que retarder le contrôle. Le signal sonore est déclenché pour tous les métaux et donc non spécifique aux ondes GSM. Si l'apprenant a une clé ou une épingle dans sa poche, on perd du temps et on perturbe la passation inutilement. Toutes les menaces, les dispositions et les mesures draconiennes prises pour dissuader les utilisateurs des portables et autres moyens de communication dans les salles d'examen sont donc restées vaines. Un nombre d'élèves par classe plafonné à 20, parfois plus de deux professeurs par classe pour renforcer la surveillance et même la criminalisation de la triche n'ont pu vraiment dissuader les auteurs des fuites des examens. Reste bien sûr à évaluer l'impact de ces fuites via page Facebook, sachant que les bénéficiaires potentiels sont, au moment des fuites, dans les salles d'examen, et donc dans l'incapacité supposée, d'en tirer profit. Même si certains observateurs affirment que si on a pu envoyer ces épreuves, on aura certainement la possibilité de recevoir. Chaque fois que les mesures coercitives augmentent, la tentation de la transgression est grande. Si les administrateurs de cette page «Tassribat» déjà accusés par le ministère auparavant de constituer une «bande criminelle structurée ayant pour objectif de déstabiliser le pays» n'ont vainement aucun mérite dans ces pratiques incompréhensibles et condamnables, on ne peut prétendre épauler des élèves en violant un principe de base d'équité et de justice, soit l'égalité des chances. On ne peut aussi que s'interroger sur la capacité du pays à faire face à cette nouvelle criminalité cybernétique. Cela dit, c'est tout un système d'examens qui est à remettre en question pour une approche pédagogique de la problématique qui pourrait dépasser l'approche punitive et coercitive.