Le Yémen est toujours en proie à de violents combats, jeudi 9 avril. Les affrontements entre partisans du président Hadi et leurs adversaires chiites se concentrent dans le Sud, dans la ville d'Aden. A Sanaa, la capitale, le ministère de la défense a été touché par une frappe aérienne, ont indiqué des témoins. Le ministère de la Défense a été touché, jeudi 9 avril, lors d'un raid aérien de la coalition arabe sur la capitale yéménite Sanaa, contrôlée par les rebelles chiites Houthis et leurs alliés, ont indiqué des témoins. Trois explosions ont été entendues et une épaisse colonne de fumée s'est élevée au-dessus du secteur, dans le centre-ville, ont ajouté les témoins. Ce raid, qui a visé d'autres positions à travers la capitale, a été lancé au 15e jour de l'opération "Tempête décisive" d'une coalition mise sur pied par l'Arabie saoudite pour chasser les Houthis et leurs alliés des régions dont ils se sont emparés au Yémen. Selon des témoins, une base de la Garde républicaine a été visée à Fajj Attan, dans le sud de Sanaa. La Garde républicaine est une unité d'élite qui est restée fidèle à l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir de 1978 à 2012. M. Saleh est aujourd'hui allié aux Houthis. Un bâtiment d'approvisionnement en nourriture de l'armée a aussi été la cible d'une frappe aérienne dans l'ouest de la capitale, selon ces sources. Plus tôt dans la journée, une base de la Garde républicaine à Arhab, dans le nord de Sanaa, avait été touchée, tandis que d'autres frappes aériennes avaient visé des positions à Saada, le bastion des Houthis dans le nord du Yémen. Dans le sud du pays, des avions de la coalition ont touché la base aérienne d'Ateq, chef-lieu de la province de Chabwa, où des militaires rebelles fidèles à l'ex-président Saleh se sont déployés, ont indiqué des sources de l'administration locale. Les troupes rebelles et des Houthis se sont emparés d'installations gouvernementales et policières dans la ville après que leur base de Muhra, dans la périphérie d'Ateq, eut été visée par des frappes aériennes, selon ces sources. Des centaines d'hommes de tribus locales sunnites se mobilisaient jeudi en fin d'après-midi autour d'Ateq en vue d'attaquer les rebelles dans cette localité, selon des sources tribales. Chute de la capitale de la province pétrolière de Shabwa Les rebelles chiites et les unités alliées de l'armée gouvernementale ont pris le contrôle, jeudi, d'une capitale provinciale dans un secteur tribal majoritairement sunnite. Les rebelles houthis et des unités militaires loyales à l'ancien président Ali Abdallah Saleh ont pris Ataq, capitale de la riche province pétrolière de Shabwa, dans le sud-ouest du pays. Cette victoire survient au terme de plusieurs jours de frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie saoudite et de combats féroces avec des tribus sunnites de la région. Les Houthis et les unités alliées à M. Saleh n'ont rencontré pratiquement aucune résistance au moment d'entrer à Ataq. Ils contrôlent maintenant 10 des 21 provinces du Yémen, mais à Shabwa, ils risquent de se heurter au groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique, qui est solidement implanté dans la province. Les résidants d'Ataq révèlent que des points de contrôle ont été érigés à travers la ville. Les bureaux gouvernementaux, les commerces et les écoles sont fermés. Des responsables ont laissé entendre que les combattants tribaux sunnites avaient tout simplement décidé de déposer les armes et de livrer la ville aux rebelles. Le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a violemment dénoncé jeudi les frappes menées par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite contre les rebelles au Yémen et demandé l'arrêt de ces "actes criminels". "Cette action dans la région est inacceptable", a déclaré le numéro un iranien à l'adresse du gouvernement saoudien, selon des propos diffusés sur le site officiel de son bureau. Téhéran dénonce, Washington la met en garde Cette déclaration intervient alors que l'Iran chiite avait tenté un rapprochement avec son rival sunnite depuis l'élection du président iranien modéré Hassan Rohani. Les deux puissances régionales s'opposent notamment sur le conflit syrien: Téhéran est le principal allié régional du régime de Bachar Al Assad alors que Ryad soutient la rébellion armée. "Nous avons des différends avec les Saoudiens sur différentes questions politiques mais nous avions toujours dit qu'ils agissaient en politique étrangère avec dignité et sérénité", a expliqué le guide. Mais, a-t-il estimé, "quelques jeunes inexpérimentés ont pris les affaires de ce pays en main et le côté sauvage est en train de dominer le côté serein". Les États-Unis savent que l'Iran arme les rebelles chiites au Yémen et ne resteront pas les bras croisés alors que la région toute entière est déstabilisée, a déclaré le secrétaire d'État américain John Kerry mercredi. "L'Iran doit savoir que les États-Unis ne resteront pas les bras croisés alors que la région est déstabilisée et que des gens lancent une guerre ouverte à travers les frontières internationales des autres pays", a déclaré M. Kerry dans une interview à la chaîne PBS. "Il y a eu --il y a, de toute évidence-- des vols en provenance d'Iran. Chaque semaine, il y a des vols d'Iran, nous les avons localisés et nous le savons", a ajouté le secrétaire d'État. Le secrétaire d'État a assuré dans le même temps que les États-Unis ne cherchaient pas la confrontation. "Mais nous n'abandonnerons pas nos alliances et nos amitiés", a-t-il ajouté, assurant que les États-Unis étaient convaincus de "la nécessité de nous tenir aux côtés de ceux qui se sentent menacés en raison des choix que l'Iran pourrait faire". Le Pentagone a annoncé mercredi que l'armée de l'Air américaine avait commencé à ravitailler en vol les avions de chasse de la coalition.