Lamia Zizi est né en 1983 à Kénitra. Elle est professeur d'anglais au British Council à Casablanca où elle vit et travaille. Elle a vécu pendant un certain temps aux Etats-Unis où elle a fait deux peintures murales, une à New York (2008), l'autre en Floride (2010), comme elle a organisé la même année et au même lieu un défilé de mode « caftan ». Lamia Zizi a toujours fait du dessin. Peintre autodidacte, elle expose en groupe à la galerie Le Chevalet, du 12 au 23 mars prochain. L'artiste aime tellement les fleurs qu'elle a fait son monde imaginaire et sa thématique par excellence. Même si dans certaines de ses œuvres prédomine une autre forme de composition avec des motifs comme des exercices de style : imbrication, spirale, cercles enchâssés, etc. – sorte de graphisme ornemental rappelant le répertoire pictographique d'une Asie symbolique. Lamia Zizi aime donc passionnément les fleurs qu'elle finit par en pénétrer l'esprit en les faisant éclater, ce qui débouche sur une abstraction lyrique comme un feu d'artifice. Les couleurs chaudes foisonnent de tons complémentaires (violet, mauve, marron) ; les couleurs froides font étinceler des notes dont l'aspect contrastant renforce les valeurs. Lamia Zizi se plaît à semer sur satoile ce qui devient des éclaboussures singulières, créant dans le sillage une fantasmagorie où la configuration florale se voit transformée en une fiesta tachiste. C'est dans ces effusions chromatiques et compositionnelles que se révèle sa profonde sensibilité: libérer les formes initiales de tout contour et toute reconnaissance descriptifs, les noyer dans une efflorescence native en perpétuelle démonstration. Effusions commandées par un mouvement spontané tous azimuts, rappelant ce que Georges Mathieu, père présumé de l'expressionnisme abstrait, appelait « éclatement sidéral de la matière ». Les fleurs de Lamia Zizi seraient-elles un prétexte plastique, voire une manière d'allégorie s'inspirant de bouleversements surnaturels comme il en arrive dans l'espace ? L'artiste peindrait-elle sous l'emprise de visions telluriques dont elle n'a pas forcément idée, mais qu'elle couche telles quelles sur la toile et dont elle ne prend la mesure qu'une fois la fièvre gestuelle retombée ? Depuis Odilon Redon, maître incontesté du thème floral, ce registre pictural (en dehors des traitements normatifs auxquels on n'arrête pas de l'assujettir et qui sont tous forclos) n'en finit pas de paraître ambigu, compte tenu d'une part de sa nature séduisante et quasi obsessionnelle, de la facilité d'exécution à laquelle on croit toujours qu'il donne lieu, d'autre part de ses connotations sensualistes (en rapport avec la libido) que, tout artiste qu'on soit, on n'arriverait pas à épuiser. Nous pensons que le travail de Lamia Zizi s'inscrit dans cette conception.