La Ligue arabe a annoncé, dimanche 15 février, qu'elle réunira d'urgence les chefs de la diplomatie de ses pays membres, demain, sur le Yémen, où la milice chiite des Houthis s'est emparée du pouvoir, à Sanaa. Le but de cette réunion extraordinaire au siège de la Ligue, au Caire, est de «passer en revue les récents développements au Yémen», a déclaré à la presse Ahmed bin Helli, le secrétaire général-adjoint de l'organisation panarabe. «Ce sera aux ministres des Affaires étrangères de décider alors s'ils adoptent une position commune aux pays arabes», a-t-il précisé. La Ligue arabe avait déjà qualifié de «coup d'État» la prise du pouvoir, à Sanaa, par les Houthis, le 6 février, quand elle a poussé le président Hadi à la démission et dissout le Parlement. Les six monarchies du Golfe ont pour leur part réclamé, au terme d›une réunion ministérielle, samedi 14 février, à Riyad, des mesures coercitives immédiates contre les Houthis sous le Chapitre 7 de la Charte de l›ONU. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait adopter, dimanche 15 février, une résolution qui met la milice chiite des Houthis, au pouvoir à Sanaa, en demeure de se retirer des institutions qu'elle contrôle, de libérer les membres du gouvernement, détenus et de négocier, selon des diplomates. Le texte agite une vague menace de sanctions, comme le Conseil l'a déjà fait, à plusieurs reprises, sans succès. Selon le projet de résolution, les 15 pays membres du Conseil « exigent que les Houthis, immédiatement et de manière inconditionnelle, retirent leurs forces des institutions gouvernementales (..) et abandonnent le contrôle des instances gouvernementales et de sécurité ». Les miliciens chiites doivent aussi « s'impliquer de bonne foi dans les négociations » de paix menées sous l'égide de l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar et « libérer le président (Abd Rabbo Mansour) Hadi, son premier ministre et les membres du cabinet » qui sont en résidence surveillée depuis que la milice a pris le pouvoir. Le Conseil « se déclare prêt à prendre des mesures supplémentaires », euphémisme onusien pour des sanctions, en cas où cette résolution ne serait pas appliquée mais ne fait aucune référence explicite au Chapitre 7 de la Charte. Celui-ci permet d'appliquer des pressions économiques et même militaires pour faire appliquer une décision du Conseil. Détermination à poursuivre le coup de force «Le peuple yéménite ne cèdera devant aucune menace.» Par la voix de son porte-parole, Mohamed Abdessalam, la milice chiite des Houthis a affiché sa détermination à poursuivre son coup de force au Yémen. Selon des diplomates occidentaux, la Russie est réticente à voter des sanctions depuis qu'elle est elle-même sous le coup de sanctions américaines et européennes pour son implication en Crimée et dans l'est de l'Ukraine. Le Conseil a publié plusieurs déclarations récemment sur la crise yéménite, mais il s'agit de la première résolution depuis que les Houthis ont pris le contrôle du pays, dans un « coup d'État » dénoncé par Washington et les pays du Golfe. La résolution a été « mise en bleu » c'est-à-dire qu'elle est considérée comme prête à être votée dans les prochains jours. Le texte devait être adopté, dimanche 15 février, à New York, selon des diplomates. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait appelé auparavant à « tout faire pour aider le Yémen à éviter le précipice », réclamant notamment que le président Hadi soit rétabli dans ses fonctions. Depuis leur prise de contrôle, en septembre 2014, des institutions à Sanaa, la capitale, les miliciens chiites tentent d›asseoir leur autorité sur le pays, dont les provinces du sud et du sud-est leur échappent encore. Soucieux d'étouffer toute contestation leur étant hostile, les Houtis usent de la force contre les manifestants et arrêtent des opposants. L›un d›eux est décédé, vendredi, après avoir été «torturé», selon sa famille. Dimanche, plusieurs protestataires ont été blessés à Ibb (centre) lorsque des miliciens chiites ont tiré en l›air pour disperser des centaines de manifestants qui réclamaient la libération d›un opposant. Face à l›insécurité croissante, neuf pays occidentaux et arabes, dont les États-Unis et l›Arabie saoudite, ont fermé leur ambassade à Sanaa et évacué leurs personnels diplomatiques, isolant davantage la milice au pouvoir. Le porte-parole des Houthis a dénoncé un «chantage provocateur», estimant que ces ambassades fermées «défendaient les intérêts de leur pays et non pas celui du peuple» yéménite. L›émissaire de l›ONU, qui a prévenu récemment que le Yémen risquait de «plonger dans la guerre civile», poursuivait ses consultations avec les forces politiques, y compris les Houthis, qu›il devrait rencontrer de nouveau dimanche soir avec l›espoir de parvenir à une sortie de crise. Le Yémen est plongé dans le chaos depuis la montée en puissance des Houtis qui se sont emparés des bâtiments officiels, poussant à la démission le chef de l›État, Abd Rabbo Mansour Hadi, et son Premier ministre, assignés à résidence. Le 6 février, la milice chiite a annoncé la mise en place de nouvelles instances dirigeantes.