Des chasseurs F16 de l'armée de l'air des Émirats arabes unis, qui ont rejoint durant le week-end la Jordanie, ont mené, mardi 10 février, des raids contre des objectifs de Da'ech. Les Émirats arabes unis avaient suspendu leur participation aux raids aériens de la coalition contre l'EI pendant plusieurs semaines, par souci pour la sécurité de ses pilotes, après la capture d'un pilote d'un avion jordanien en décembre en Syrie. Ce pilote a été exécuté par la suite. Les raids de mardi sont les premières attaques aériennes annoncées publiquement depuis que les Emirats ont déclaré, le 8 février, qu'ils allaient reprendre leur participation aux raids. La Jordanie comme les États-Unis se sont félicités de la décision des Emirats de participer de nouveau aux opérations aériennes. Dans un communiqué, le commandement militaire émirati a annoncé que «des avions de l'escadron de F-16, positionné en Jordanie, ont lancé ce matin (mardi 10 février) des raids contre des positions du groupe terroriste, atteignant leur objectif et regagnant leur base sans dommage». Le communiqué émirati ne précise pas dans quelle région les raids ont été lancés. Mais le commandement américain interarmées a confirmé la participation des Jordaniens et des Émiratis aux raids menés ces dernières heures en Syrie. L'interruption des opérations émiraties était notamment due à un différend avec Washington sur les moyens et modalités d'éventuelles opérations de sauvetage des pilotes opérant dans la coalition. Abou Dhabi avait souhaité le déploiement de V-22 Osprey, des appareils mi-avions mi-hélicoptères, en Irak, donc plus près des théâtres d'opérations, et non au Koweït comme jusqu'ici. Washington a accédé en partie à cette demande en positionnant dans le nord irakien des équipes spécialisées dans la recherche et le sauvetage de pilotes. Le soldat jordanien Maaz al-Kassasbeh avait été capturé après le crash de son F-16 alors qu'il menait des raids en Syrie. Le 3 février, Da'ech a diffusé une vidéo terrible de l'exécution de ce pilote de 26 ans, brûlé vif dans une cage. Depuis, la Jordanie a intensifié ses raids contre l'EI. Le prince héritier d'Abu Dhabi, Cheikh Mohammed Ibnn Zayed Al Nahyan, avait déclaré, le 7 février, que l'escadron de F-16 stationné en Jordanie «montre le soutien des EAU auprès de la Jordanie et sa participation effective au sein d'une coalition internationale pour combattre Da'ech». La Syrie informée des opérations de la Coalition D'autre part, le président syrien Bachar Al-Assad a indiqué, mardi 10 février, que la Syrie est tenue «informée» des frappes aériennes que la Coalition internationale anti-Da'ech mène sur son territoire. « Il est vrai que, par l'entremise des intermédiaires, plusieurs intermédiaires, l'Irak et d'autres États, ils nous transmettent parfois des messages, des messages généraux, mais rien de stratégique » a déclaré Bachar Al-Assad. Le président syrien a affirmé que les autorités syriennes étaient informées de la campagne aérienne contre Da'ech avant que celle-ci soit déclenchée, mais qu'elles ne disposaient pas de détails. « Il n'y a pas de dialogue avec les Américains. Il y a, disons, des informations, mais pas de dialogue ». Selon Damas, les frappes ne peuvent pas détruire Da'ech sans une coopération de l'armée syrienne sur le terrain. Bachar Al-Assad a toutefois exclu que son pays rejoigne les rangs de la coalition. Les États-Unis ont démenti, mardi 10 février, toute coordination avec la Syrie pour frapper Da'ech, sans nier que Damas puisse être «informée» de ces opérations, via l'Irak notamment, comme l'a déclaré le président syrien, Bachar Al-Assad. «Avant de mener des frappes en Syrie, nous avons informé directement le régime syrien de notre intention d'agir, via notre ambassadrice aux Nations unies, dans ses échanges avec le représentant permanent de la Syrie à l'ONU», a expliqué la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki. «Nous n'avons pas demandé la permission du régime» syrien, «nous n'avons pas coordonné nos actions avec le gouvernement syrien», a réitéré la porte-parole. Son homologue au Pentagone, le Contre-amiral John Kirby a été encore plus clair : «Nous ne communiquons pas et nous ne nous coordonnons pas avec le régime Assad sur nos opérations militaires. Nous ne le faisons ni directement, ni indirectement».