Une offensive terrestre d'envergure des forces irakiennes se dessine en Irak pour déloger Da'ech des régions qu'il occupe au nord et à l'ouest de Bagdad, où deux attentats suicide ont fait près de 40 morts en trois jours. La capitale irakienne est à l'abri d'une attaque majeure des jihadistes. Mais des attaques suicide continuent de la secouer, comme celle qui a tué 14 personnes, lundi 9 février. Après six mois de pilonnage aérien en Irak, d'abord en août par les États-Unis puis par d'autres membres de la coalition internationale, et quelques succès sur le terrain, significatifs bien que géographiquement limités, l'armée irakienne s'apprête à lancer une nouvelle offensive terrestre contre les jihadistes. "Il y aura une contre-offensive terrestre majeure en Irak", a annoncé le coordinateur américain de la coalition, John Allen, à l'agence jordanienne Petra. "Dans les prochaines semaines, quand les forces irakiennes commenceront la campagne terrestre pour reprendre l'Irak, la coalition fournira une puissance de feu importante en soutien (à l'opération)", a-t-il dit en balayant les accusations de retard dans la livraison d'armes et l'entraînement de l'armée irakienne. Sur le terrain, les combattants kurdes peshmergas qui combattent Da'ech, dans le nord de l'Irak, ont repris en fin de semaine dernière aux jihadistes "trois postes avancés sur la rive gauche du Tigre au nord de Mossoul", a rapporté le commandement américain interarmées qui dirige les raids de la coalition. L'assaut près de cette ville, considérée comme cruciale pour une éventuelle contre-offensive des forces irakiennes et kurdes, a été soutenu par quatre raids de la coalition, a-t-il précisé, en assurant que les peshmergas sont "prêts à reprendre encore du terrain (...) dans les environs de Mossoul". Selon le secrétaire d'Etat américain John Kerry, la coalition a mené depuis août plus de 2.000 frappes en Irak et en Syrie, aidant à reprendre "un cinquième du territoire" à Da'ech, privant les insurgés "de l'utilisation de plus de 200 infrastructures gazières" et mettant "sous pression leurs finances". «Les États-Unis font tout ce qu'ils peuvent pour apporter leur soutien aussi rapidement que possible», a ajouté le responsable américain à l'agence, balayant les accusations sur le retard dans la livraison d'armes américaines et l'entraînement des forces irakiennes en première ligne du conflit. Washington a positionné dans le nord de l'Irak des équipes spécialisées dans la recherche et le sauvetage de pilotes, pour les rapprocher des zones de bombardements, a indiqué aujourd'hui un responsable militaire après l'exécution d'un pilote jordanien, brûlé vif par Da'ech. "Nous sommes en train de repositionner" des équipes dans le nord de l'Irak, a indiqué cette source américaine. La décision doit permettre de réduire le temps pour atteindre des pilotes tombés dans une zone détenue par Da'ech. Les équipes de recherche et de sauvetage américaines étaient jusqu'à présent basées au Koweït. Le responsable américain a précisé que les appareils positionnés dans le nord de l'Irak n'étaient pas forcément des Osprey, appareils mi-hélicoptères mi-avions. Selon le New York Times, les Émirats Arabes Unis, qui avaient suspendu leur participation fin décembre aux frappes contre l'EI, réclamaient que les États-Unis déploient dans le nord de l'Irak des Osprey. Ils refusaient que leurs pilotes participent aux opérations tant ce déploiement n'avait pas eu lieu, selon la même source. Membre de la coalition, la Jordanie a, pour sa part, intensifié ses raids depuis l'annonce le 3 février de l'exécution par l'EI d'un de ses pilotes, brûlé vif après avoir été capturé fin décembre dans le nord syrien, quand son F-16 s'est écrasé. D'abord uniquement impliqué en Syrie, la Jordanie bombarde désormais les jihadistes en Irak. Le royaume est le premier pays arabe de la coalition à frapper en Irak, en tout cas officiellement.