Les Kurdes qui défendent Kobané ont accueilli avec soulagement les premières armes larguées par les Etats-Unis sur cette ville syrienne frontalière de la Turquie où ils réussissent à freiner l'avancée du groupe Etat islamique (EI) grâce aux frappes aériennes de la coalition. Par ailleurs, la Turquie a pris des mesures pour aider les combattants kurdes d'Irak à rejoindre, via son territoire, la ville syrienne kurde de Kobané assiégée par les jihadistes, a annoncé lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevul Cavusoglu. Les armes larguées vont être «d'une grande aide» pour les combattants des Unités de protection du peuple (YPG), le groupe kurde qui lutte depuis plus d'un mois contre les jihadistes de l'EI, a déclaré leur porte-parole, Redur Xelil. Ces armes ont été larguées à l'aube, avec des munitions et du matériel médical, par trois avions cargos C-130 au dessus des positions des YPG, qui contrôlent encore environ 50% de Kobané. L'armée américaine avait auparavant annoncé que ces équipements étaient fournis par les autorités kurdes d'Irak. Ils sont «destinés à aider à la poursuite de la résistance aux tentatives de l'EI de s'emparer de Kobané», selon le Centre de commandement américain pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale (Centcom). Ces dernières semaines, les Kurdes avaient multiplié les appels aux pays de la coalition à renforcer les moyens des combattants des YPG, moins nombreux et moins bien armés que ceux de l'EI qui veulent conquérir la troisième ville kurde de Syrie. A la lumière des derniers développements, «l'équilibre des forces peut basculer à tout moment», a estimé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Avant d'effectuer ces larguages, le président Barack Obama a informé ce week-end son homologue turc Recep Tayyip Erdogan «de l'intention» des Etats-Unis et de «l'importance» de fournir des armes, selon un responsable américain. L'EI est «un ennemi commun» aux Etats-Unis et à la Turquie, a souligné cette source. M. Erdogan a encore rejeté dimanche les appels à ce que son pays fournisse des armes aux combattants kurdes en Syrie. Il accuse le principal parti kurde en Syrie, le PYD dont les YPG sont la branche armée, d'être une «organisation terroriste» liée aux rebelles kurdes turcs du PKK. Le département d'Etat a récemment révélé que des responsables américains avaient rencontré le week-end dernier pour la première fois des Kurdes syriens des PYD. Abadi en Iran La coalition lutte également contre l'EI en Irak, où les avions américains ont frappé ce week-end des positions jihadistes près de Baïji (nord), non loin de la principale raffinerie de pétrole du pays, et autour du barrage stratégique de Mossoul (nord). Les forces gouvernementales irakiennes peinent à reprendre le terrain perdu face aux jihadistes, qui contrôlent de larges pans du territoire notamment dans le nord et l'ouest du pays et ont revendiqué plusieurs attentats meurtriers dans la capitale au cours des derniers jours. Le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi s'est rendu lundi à Téhéran pour tenter d'»unir les efforts de la région et du monde pour aider l'Irak dans sa guerre contre le groupe terroriste». L'Iran chiite, très hostile aux extrémistes sunnites de l'EI, ne fait pas partie de la coalition multinationale anti-jihadiste mais il a admis avoir envoyé des armes et des conseillers militaires en Irak pour aider les forces gouvernementales et les combattants kurdes irakiens dès le début de l'offensive des jihadistes début juin. Des responsables iraniens et kurdes irakiens ont également évoqué la présence de forces des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, sur le sol irakien. Nouvel assaut des combattants de l'Etat islamique Le groupe Etat islamique (EI) a lancé lundi 20 octobre au soir un nouvel assaut sur la ville syrienne de Kobané défendue par les Kurdes, qui ont bénéficié pour la première fois d'un largage d'armes et attendent des renforts du Kurdistan irakien via la Turquie. En Irak voisin, où l'EI a lancé une vaste offensive début juin et contrôle de vastes secteurs, les djihadistes ont attaqué la ville de Qara Tapah (nord, à 50 km de la frontière iranienne), provoquant la fuite de milliers d'habitants. Après deux attaques suicide dans le nord de Kobané en fin de journée, les djihadistes ont lancé un assaut «sur tous les fronts de la ville», a déclaré le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. De violents combats se déroulaient dans la soirée alors que les Kurdes avaient réussi ces derniers jours à freiner l'avancée des djihadistes, grâce notamment à l'intensification des raids aériens de la coalition internationale. Ces dernières heures, trois avions américains ont largué pour la première fois des armes, des munitions et du matériel médical sur les positions des Unités de protection du peuple (YPG), qui défendent la troisième ville kurde de Syrie depuis plus d'un mois. «Les soldats sur le terrain ont commencé à manquer d'approvisionnement pour continuer le combat, c'est pourquoi nous avons autorisé» ce largage, a expliqué la porte-parole du département d'Etat américain, Marie Harf. «Nous continuerons à les aider à repousser l'EI», a-t-elle dit en reconnaissant qu'il y avait «toujours un risque que Kobané tombe» entre les mains des djihadistes. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé qu'il serait «irresponsable» pour les Etats-Unis «de tourner le dos à une communauté combattant» l'EI. Les armes, fournies par les autorités kurdes d'Irak, vont être «d'une grande aide», s'est félicité le porte-parole des YPG, Redur Xelil. Autre bonne nouvelle pour les Kurdes, qui avaient multiplié les appels à renforcer les moyens de leurs combattants, Ankara a annoncé qu'elle autorisait désormais les «peshmergas kurdes» d'Irak «à franchir la frontière pour aller à Kobané», une décision saluée par Washington.