L'humanitaire américaine Kayla Mueller, retenue en otage par l'organisation Da'ech, en Syrie, est morte, ont annoncé mardi le président Barack Obama et la famille de la jeune fille. «C'est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Kayla Jean Mueller», a indiqué M. Obama dans un communiqué envoyé par la Maison Blanche. Sa famille a dit avoir «le cœur brisé». «Kayla était une travailleuse humanitaire dévouée et pleine de compassion. Elle a consacré sa courte vie à aider tous ceux en manque de liberté, de justice et de paix», ont écrit ses proches. La jeune femme avait été enlevée à Alep, au nord de la Syrie, en août 2013. Sa mort avait d'abord été annoncée, le 6 février, par les jihadistes. Selon eux, la travailleuse humanitaire de 26 ans a «péri dans un bombardement de l'aviation de la Coalition anti-Da'ech d'une position à l'extérieur de la ville de Raqa», au nord de la Syrie. Tout en se disant «très préoccupés», les États-Unis avaient tout d'abord dit ne pas disposer de preuve de son décès. Carl et Marsha Mueller, ses parents, voulaient savoir. Désespérés depuis l'annonce par Daech que leur fille Kayla, 26 ans, avait été tuée en Syrie lors d'une frappe aérienne de la coalition, ils avaient demandé le même jour aux djihadistes une confirmation de cette sombre nouvelle. En les implorant de les contacter directement. Ce triste vœu a été exaucé : la famille Mueller a reçu au cours du week-end un e-mail venu de Raqa, la «capitale» de Da'ech dans le Nord syrien, apportant visiblement les preuves attendues. Des photos du cadavre de leur fille, aussitôt authentifiées par les services de renseignement américains. Dimanche 8 février, le président Barack Obama a appelé la famille Mueller, le cœur brisé, à leur domicile de Prescott, Arizona, sous haute surveillance policière depuis le 6 février. Il tenait à leur présenter ses condoléances et leur promettre que «les États-Unis retrouveront et traduiront en justice les terroristes responsables de la captivité et de la mort de Kayla, peu importe le temps que cela prendra», selon les termes d'un communiqué rendu public. Da'ech avait demandé une rançon de 7 millions de $ Travailleuse humanitaire employée par une petite ONG turque dédiée aux femmes réfugiées syriennes, Kayla Jean Mueller avait été prise en otage, le 4 août 2013, dans une rue d'Alep par des djihadistes, tandis qu'elle sortait d'un hôpital tenu par la branche espagnole de Médecins sans frontières (MSF), où elle avait accompagné la veille un ami technicien. Sa capture avait été tenue secrète, à la demande expresse des ravisseurs : si sa disparition était révélée, elle serait immédiatement exécutée. Avait suivi un long silence de neuf mois, un calvaire pour les parents de Kayla laissés dans le noir absolu. Jusqu'à ce qu'une vidéo, en mai 2014, confirme qu'elle était bien vivante. Dans l'intervalle, Carl Mueller s'était ouvert du rapt à des édiles de Prescott, qui l'avaient mis en contact avec le sénateur républicain John McCain et le représentant démocrate Paul Gosar. Une fois le département d'État et la Maison-Blanche mis dans la boucle, les tractations s'étaient engagées pour obtenir une libération sans heurts de la jeune fille. En juin 2014, un audacieux raid de commandos avait manqué d'un cheveu de la libérer, tout comme un autre otage américain, James Foley, finalement assassiné le 19 août. Daech avait alors posé ses exigences : une rançon de 6,6 millions de dollars (5,8 millions d'euros). En janvier, il demandait 7 millions (6,18 millions d'euros). À défaut, Kayla serait exécutée sous trente jours. Washington obligeant les familles des otages à ne pas donner suite, le silence s'était de nouveau installé, rompu vendredi par le message tant redouté. Mardi, des panneaux «Priez pour Kayla» apparaissaient dans les rues de Prescott, bourgade de 40.000 âmes située à 160 km au nord de Phoenix. Les autorités locales suppliaient, en vain, des nuées de journalistes de respecter le deuil de la famille Mueller et des riverains. L'Amérique profonde, qui croyait en avoir fini avec treize ans de guerres depuis le retrait des boys d'Irak et d'Afghanistan, redécouvre le goût amer des drames lointains et incompréhensibles.