Des érudits et oulémas de plusieurs pays du monde musulman, se sont réunis jeudi à Marrakech, pour débattre des préoccupations de la jeunesse et des moyens de prémunir cette frange de la société particulièrement exposée aux tentations de l'extrémisme. Tenue sous le thème "la jeunesse dans un monde en changement", la rencontre se veut une réflexion plurielle et multidisciplinaire sur la situation de la jeunesse de la Oumma islamique dans un contexte marqué par de grands changements (politiques, économiques, sociales, culturelles) et leur impact sur cette frange sociale d'un point de vue intellectuel, psychologique et comportemental. La réflexion lors de ce conclave porte aussi sur le rôle des institutions gouvernementales et non-gouvernementales, ainsi que celui des oulémas dans l'encadrement de la jeunesse et son orientation sur la voie de l'intégration et d'une vie digne. Intervenant à l'ouverture de cette rencontre, le secrétaire général de la Conférence internationale sur la jeunesse islamique M. Saleh Ben Souleiman Al Wahabi a souligné que les maux du monde actuel, comme les disparités sociales et l'extrême pauvreté, les multiples troubles politiques et sociaux, ainsi que l'émergence grandissante de l'extrémisme, sont sources de préoccupation majeure pour les oulémas de la Oumma, notamment en ce qui concerne la jeunesse. La pauvreté et son corollaire le désespoir dans de nombreuses sociétés a fait basculer de nombreux jeunes dans l'extrémisme et la violence qui sont à l'antipode de la modération prônée par l'Islam authentique, a-t-il dit, ajoutant que de telles dérives ont donné lieu dans le monde occidental à un courant d'idées hostiles à l'Islam fondé sur les amalgames et le rejet injuste de toute une civilisation. Pour sa part, le président du Conseil des oulémas de la région Marrakech Tensift Al Haouz, Mohamed Azzedine Idrissi a relevé que la Oumma Islamique connait une conjoncture délicate qui requiert un élan des oulémas dans un effort concerté pour corriger les distorsions faites aux valeurs authentiques de l'Islam et s'attaquer, sur un front commun, à l'extrémisme et ses sources nourricières. La jeunesse devra être engagée dans son véritable rôle de force motrice au sein de la société et de facteur de créativité et d'engagement pour le bien-être de la communauté, a-t-il assuré, estimant que l'éducation aux valeurs authentiques de l'Islam est la meilleure voie pour parvenir à cet idéal. Pour sa part, le président du Conseil de l'organisation de la Daaoua islamique, Abderrahman Hassan Siwar Dahab a souligné l'importance d'un tel débat dans le contexte actuel de la Oumma et l'impérieuse nécessité de promouvoir un discours religieux prônant la modération et engageant les jeunes sur la voie d'une foi saine à même de les prémunir de l'extrémisme. Rappelant les dérives des amalgames qui ont ligué plusieurs courants hostiles à l'Islam en occident, l'intervenant a affirmé que le salut, hier comme aujourd'hui, consiste en l'unité de la Oumma et son attachement aux valeurs authentiques de sa religion. De son côté, Dr. Abdellah Ben Souleimane Al Manii, membre de l'instance des grands oulémas d'Arabie Saoudite, a relevé que l'enjeu actuel consiste à réhabiliter l'image de l'Islam auprès de la communauté internationale et promouvoir ses valeurs de modération et de cohabitation. Dans une intervention lue en son nom, Dr Abdulaziz Othman Altwaijri, Directeur général de l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), a souligné que les changements profonds (économiques, sociaux et culturels) que connait le monde islamique affectent particulièrement la jeunesse compte tenu de son dynamisme et de son rôle central dans toute dynamique d'évolution sociale. De tels changements nécessitent de la part des responsables une capacité à élaborer une nouvelle vision pour les questions de la jeunesse et à mettre sur pied des stratégies globales capables de concilier la préservation des constantes de la Oumma et la dynamique du changement qu'imposent les enjeux de l'avenir. Plusieurs choix et orientations actuelles dans les pays musulmans nécessitent une révision en fonction des besoins de s'adapter aux changements de la société actuelle, particulièrement en ce qui concerne les politiques de l'enseignement, a-t-il conseillé. Des érudits et oulémas sont relayés à la tribune de ce conclave pour croiser les regards et les visions sur les meilleurs moyens de canaliser la force créatrice de la jeunesse, son engagement constructif dans la dynamique de sa communauté et les mesures à entreprendre pour les prémunir des dérives de toute forme d'extrémisme. Plusieurs intervenants ont convenu de la nécessité de remettre en question les programmes et politiques destinés à la jeunesse dans la perspective d'ériger de nouvelles stratégies assimilant parfaitement les enjeux actuels et veillant à son intégrité spirituelle et intellectuelle. Les travaux de la Conférence, qui connait la participation de 800 personnes de près de 80 pays, s'articulent autour de plusieurs thématiques, portant notamment sur "la jeunesse et le changement", "la jeunesse et les changements économiques", "les changements culturels et sociétaux". La rencontre sera aussi l'occasion de présenter des expériences édifiantes d'une jeunesse qui a pu réussir les enjeux de son époque et assimiler positivement les changements du monde moderne.