Le Fonds monétaire international (FMI) vient d'achever ses entretiens avec les autorités marocaines sur les consultations de 2014 au titre de l'article IV, ainsi que sur la première revue des résultats économiques dans le cadre d'un accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) approuvé en juillet 2014. Ces entretiens ont porté principalement sur les politiques pour consolider les progrès accomplis récemment en matière de stabilisation macroéconomique et jeter les bases d'une croissance plus forte et plus inclusive, rapporte un communiqué de l'institution internationale. S'agissant du «rythme de l'assainissement des finances publiques, notamment tel qu'il est reflété dans le projet de loi de finances pour 2015 qui cible un déficit de 4,3% du PIB», le FMI estime qu'il est «approprié» et que les «progrès significatifs accomplis dans la réforme du système des subventions sont à saluer». Le FMI exprime son approbation concernant le rythme d'assainissement des finances publique et la réduction des subventions (aux produits énergétiques) dans un cadre qui est loin d'être mis en place et qui est celui des réformes budgétaires qui permettent de réduire les vulnérabilités dans le domaine des finances publiques et créer plus d'espace pour l'investissement dans les infrastructures, la santé, l'éducation et la protection sociale, cruciales pour promouvoir une croissance plus forte et plus inclusive. À cet égard, les progrès significatifs accomplis dans la réforme du système des subventions sont à saluer. Le FMI salue de simples mesures, qui ne sont pas la politique économique qu'il évoque et ce n'est là ni une nouveauté pour ce qui est des appréciation de cette institution de la mise en oeuvre de ses recommandations, ni une évaluation positive des stratégies économiques et des résultats atteints. Passant brièvement en revue l'évolution de l'économie marocaine, le Fond précise que le déficit des transactions extérieures courantes se réduit et devrait avoisiner 6% du PIB. Les réserves de change ont augmenté. «Cette performance, affirme-t-il, s'explique en partie par l'augmentation des exportations des secteurs émergents, ainsi que par de moindres importations de biens d'équipement et de produits énergétiques, la baisse de la facture des importations énergétiques étant essentiellement due à la chute récente des cours du pétrole». Le déficit budgétaire se contracte depuis son pic de 2012, grâce en particulier aux mesures prises par le gouvernement. La dette publique a augmenté, mais reste viable. Les stratégies qui ont abouti à ces résultats ayant été initiées sous les gouvernements précédents, celui qui est aujourd'hui en place a, à son actif, essentiellement la réduction d'un déficit (budgétaire) financé par les hausse des prix et la baisse du pouvoirs d'achat des ménages. Les ménages pessimistes Et ce ne seront pas les «salutations» du FMI qui viendront rassurer les ménages marocains qui expriment leur pessimisme et leurs craintes concernant leur situation présente et à venir. Les résultats, au titre du troisième trimestre 2014, de l' enquête de conjoncture du Haut commissariat au Plan auprès des ménages font état de perceptions des ménages relatives à l'évolution future de niveau de vie, qui ont connu une stagnation par rapport au trimestre précédent et une nette dégradation par rapport au même trimestre de l'année précédente, enregistrant une baisse de 10 points par rapport à la même période de 2013. Selon le HCP, au troisième trimestre de 2014, 76% des ménages anticipent une hausse du nombre de chômeurs pour les 12 mois à venir contre 75,2% un trimestre auparavant et 77% un an auparavant. 34,2% d'entre eux déclarent s'endetter ou puiser dans leurs épargnes pour couvrir leurs dépenses. Seuls 5,9% des ménages affirment pouvoir épargner une partie de leur revenu. Les ménages sont toujours pessimistes quant à leurs capacités à épargner dans les mois à venir. Au troisième trimestre de 2014, 87% des ménages pensent ne pas pouvoir épargner au cours des 12 prochains mois contre 13% qui pensent le contraire. Le FMI estime que la «stabilisation de l'économie» s'est faite au moyen de «politiques économiques volontaristes, en dépit des vents contraires», oubliant les bourrasques des mécontentements sociaux. L'institution internationale n'ira pas loin en saluant les mesures de réduction des subventions au regard de leur impact négatif sur la société. Estimant que des «progrès ont été accomplis au cours des dix dernières années dans la lutte contre la pauvreté», il remarque que «beaucoup reste à faire pour réduire le chômage et les inégalités, ainsi qu'améliorer l'éducation et l'accès aux infrastructures de base. Dans ce contexte, il est important que les autorités poursuivent les réformes engagées pour stabiliser l'économie, rehausser la compétitivité et jeter les bases d'une croissance plus forte et plus inclusive. Concernant les «réformes engagées», nous remarquons que le FMI considère comme essentielle la réalisation d'une croissance forte et inclusive. Un tel objectif de croissance fait, jusqu'à présent, défaut à la politique économique du gouvernement.