Dans le cadre de la manifestation « Nuit des galerie2014 » initiée par le Ministère de la Culture, qui célèbre son 9e anniversaire, la Galerie ALIF- BA abrite actuellement des œuvres représentatives de l'art moderne dans sa pluralité et sa richesse. Il s'agit d'une manifestation artistique qui a pour objectif de faciliter la communication, la convergence entre les artistes de différentes générations et de célébrer la créativité visuelle dans ses diverses expressions : « cet événement créatif permet la diffusion de la culture artistique auprès du grand public marocain. C'est est un dérivé de la célèbre « Nuit Blanche » parisienne, pendant laquelle les galeries et autres lieux artistiques de la ville restent ouverts toute la nuit. Le concept s›appuie sur l›idée que l›art peut être apprécié par des personnes ayant la même vision du monde et des choses, mais qui n›ont ordinairement pas le temps ou l›envie de visiter des galeries pendant les heures habituelles. Dans une atmosphère plus conviviale, on a opté volontiers pour la participation à cette manifestation artistique qui combine découvertes, échanges et jouissance, tout en mettant des coups de projecteur sur les valeurs montantes de la scène artistique. », nous a confié Rabia Aroussi, directrice de la Galerie ALIF-BA. Amie de tous les artistes et femme au bras du fer, Rabia Aroussi donne le bon exemple de la gestion rationnelle des affaires artistiques menées avec sensibilité et professionnalisme. Humble et réaliste, elle a été engagée en 1982 par la grande artiste Chaibia en tant que manager culturel de cet espace pilote au Maroc. C'est une force tranquille qui cherche la fraternité dans l'art de vivre et de partager. Elle a été parmi les acteurs qui ont contribué avec humilité au grand succès rencontré par les expositions –événement des œuvres passionnantes d'un parterre distingué d'artistes d'ici et d'ailleurs : Cabot, Bertholo, Osa Sherdin, Natasha Pavel, Brach, bozzolini, Bonalumi, Daleffe, Pierbo, Trousselle, Bertholo, ,Polak, Michel Gills, Arango, Cordero, Hadad, Taillandier, Teyssier, Dacher, Hajeri, Eli Heil, Kiropol, Larus, Macreau, Bernard Leijs, Mao, Nitkowski, Picciotto, Serrano, Taillandier, Wata, Murua et bien d'autres encore. Cartographie des styles et tendances, ces expositions révèlent la diversité des thèmes et la qualité des œuvres qui reflètent les préoccupations esthétiques majeures de la galerie. Il s'agit d'un grand moment de découverte et de consécration qui nous incite à encourager la singularité créative en mettant le public en contact avec les formes diversifiées de l'art contemporain : Figuration, nouvelle figuration, abstraction lyrique, abstraction géométrique, graphisme gestuel, expressionnisme, néo plasticisme, représentation fantastique, onirisme... En tant que commissaire, Rabia Aroussi a marqué aussi par son sens d'organisation et de relations publiques toutes ces expositions y compris celle initiée par l'Association Azouhour pour l'Art et le Patrimoine en collaboration avec le Forum Régional de la Culture et du Développement : Une première initiative civile au Maroc en termes de reconnaissance et de gratitude dont la demeure allégorique est la galerie Chaïbia à El –Jadida. Cet acte symbolique a été marqué par une grande exposition illustrant le parcours de la défunte à l'échelle internationale via des documents d'appui :70 affiches des expositions à l'étranger et coupure de presse dans des journaux et magasines de renom et épisodes d'une série biographique publié en arabe par l'écrivain journaliste Mohamed Fansaoui au journal « Assahrae Almaghribia ». Cet événement phare au Maroc a été marqué également par un colloque mettant l'accent sur le parcours de Chaïbia ( 1929-2004) animé par un parterre distingué de grands chercheurs et personnalités éminentes : Ahmed Jaridi, Benyounes Amiriouch et Ahmed Fassi. Le programme a été ponctué aussi par des ateliers artistiques au profit des enfants encadrés par des artistes professionnels dont la source d'inspiration est les œuvres singulières de Chaïbia, soirées poétiques avec la participation des poètes et paroliers qui ont écrits avec passion des poèmes dédiés à la mémoire tatouée de Chaïbia, femme et figure artistique de proue. Un consistant livret artistique bilingue ( français et arabe)a été distribué à cette occasion comportant le texte de référence de l'historienne d'art de renom Osire Glasier (« Dictionary of African Biography » publié par la prestigieuse Oxford University Press- New York), des extraits des textes critiques de Luis Marcel ( fondateur et conservateur du musée « Art en marche »), Cérès Franco( critique d'art), Corneille ( artiste, mouvement COBRA), André Laude (poète et écrivain). L'expression symbolique de l'ouverture de cet espace en 1982 (46, rue Omar Slaoui, Casablanca) repose sur la programmation d'un cycle varié d'expositions temporaires et permanentes valorisant une pléiade d'artistes, connus et reconnus pour leurs parcours originaux et leurs sensibilités créatives. Sur ces expositions dont le nombre est 40, Rabia Aroussi nous a accordé le témoignage suivant : « Cet espace créatif , renforcé périodiquement par ses nouveautés artistiques et humaines, a pour objectif le développement de la créativité et de la recherche esthétique au Maroc , en présentant des travaux d'artistes chercheurs de différentes régions du Maroc et d'artistes originaires d'autres pays, tout en animant cette rencontre autour de questions liées au parcours des artistes et aux réflexions portées sur l'affaire artistique et l'essence humaine et culturelle de sa production. C'est dans l'esprit des orientations et des objectifs de la promotion artistique, que notre espace a axé son plan d'action sur des expositions collectives et individuelles qui jouent, sans aucun doute, un rôle pionnier dans l'émergence d'une nouvelle sensibilité. Il s'agit d'un processus du développement artistique, qui donnera une nouvelle image, un label de qualité à notre espace. ». Il est à noter que ce nouvel espace se présente comme une demeure de mémoire et une destination culturelle incontournable. C'est un forum idéal de dialogue, de retrouvaille et d'ouverture sur l'autre. C'est un indicateur fort révélateur. Il a le mérite de regrouper un ensemble d'artistes créateurs venus de différentes régions du monde pour concrétiser l'enjeu pour l'éducation aux valeurs d'amour, de tolérance et de citoyenneté. Il faut voir là le fruit d'un travail consistant mené par Rabia Aroussi qui aspire une appréhension du monde dans la fierté et le sens du savoir. Pour elle, il s'agit d'une initiative qui fait de l'art une école de la consolidation de culture, du dialogue libre et constructif : « C'est un rendez vous qui met en valeur la nouveauté et l'originalité, tout en considérant l'art comme trace de la faculté imaginative de l'homme et le reflet de sa civilisation », précise t-elle. A titre de rappel, le nom de Rabia Aroussi demeure indissociable de la Galerie Alif-Ba qui a été créée en 3 mars 1982 par Hossein Tallal et feu Chaibia. Cette galerie exemplaire a depuis de nombreuses années multipliées les activités avec une évidente volonté d'originalité, de diversification et d'ouverture au delà des frontières, des genres, sans à priori et tabous. Son espace a exposé une pléiade de peintres nationaux et internationaux Le cadre de la galerie tranche par son caractère baroque et Tallal qui est un expert en meubles anciens l'a décoré comme un lieu davantage privé que public, lui conservant une configuration en petites pièces plutôt qu'en un espace vaste et unique, d'où une plus grande possibilité d'exposition et de mise en valeur de nombreux formats.