De violents combats ont eu lieu lundi aux abords de la zone portuaire de Benghazi, quartier où l'armée libyenne, appuyée par les forces de l'ex-général Khalifa Haftar, est passée à l'attaque contre des insurgés islamistes qui s'y sont retranchés, ont rapporté des habitants. Au moins 13 personnes ont été tuées lors de ces affrontements et le Croissant-Rouge a dû procéder à l'évacuation de 53 employés d'organisations humanitaires et de 14 blessés qui se trouvaient dans un hôpital proche du port. Un navire de la marine libyenne a été touché lors de ces combats, qui ont engagé des avions et des chars de l'armée qui a dépêché sur place des renforts en blindés et en artillerie, ont dit des habitants. Des dizaines de personnes seraient en train de quitter la ville obéissant à l'appel de l'armée d'évacuer la zone portuaire et le quartier commerçant où les soldats auraient encerclé les islamistes. Les forces spéciales de l'armée libyenne, appuyées par les hommes de Haftar, ont lancé voici deux semaines une offensive contre les islamistes présents dans Benghazi, dont ceux du groupe Ansar Charia, tenu responsable par Washington de l'attaque en 2012 contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi, au cours de laquelle l'ambassadeur des Etats-Unis avait été tué. Des dizaines d'habitants ont fui les lieux, à la suite de l'appel lancé par l'armée pour évacuer la zone portuaire où, selon des responsables militaires, les islamistes sont retranchés après plus de deux semaines d'affrontements. L'ex-général Haftar, qui a juré de débarrasser la Libye des groupes islamistes, s'est allié avec les troupes fidèles aux élus du nouveau parlement et au gouvernement d'Abdallah al Thinni. Au moins 243 personnes ont été tuées, dont 13 pour la seule journée de lundi, depuis le déclenchement de l'offensive contre les islamistes, disent des médecins. Huit d'entre elles ont péri au cours de la journée de lundi. Sur le plan politique, le chef du gouvernement auto-proclamé en Libye, Omar al-Hassi, estime que de nouvelles élections législatives sont indispensables pour mettre fin à l'anarchie dans laquelle est plongé le pays depuis la chute du régime Kadhafi. M. al-Hassi affirme en outre que l'ordre règne à Tripoli depuis que la capitale est passée fin août sous le contrôle de la coalition de milices Fajr Libya après plusieurs semaines de combats contre des forces pro-gouvernementales. Fajr Libya a ensuite propulsé M. al-Hassi, un universitaire de 55 ans se présentant comme un «indépendant», à la tête d'un gouvernement parallèle. Ce dernier n'est pas soutenu par la communauté internationale qui reconnait le gouvernement d'Abdallah al-Theni, qui s'est exilé dans l'est du pays, tout comme le Parlement issu des élections législatives du 25 juin. «Ce parlement n'est plus accepté en Libye. Il a perdu sa légitimité. Il nous faut de nouvelles élections», affirme M. al-Hassi. Selon lui, le conflit actuel oppose les «ennemis de la révolution» aux «révolutionnaires» qui ont fait tomber le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. «La révolution a été volée. Nous sommes en train de la récupérer», insiste-t-il. Ses rivaux affirment toutefois que le conflit est purement politique et que l'opération Fajr Libya a été menée par le courant islamiste et des milices de la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), déçus par le nouveau Parlement dominé par les anti-islamistes. Fajr Libya accuse par ailleurs le Parlement de ne pas respecter la Constitution provisoire qui stipule qu'il doit siéger à Benghazi, à 1.000 km à l'est de Tripoli. Or cette assemblée se réunit depuis son élection à Tobrouk, dans l'extrême est de la Libye, près de l'Egypte.