La trêve humanitaire a volé en éclats dimanche à Gaza, où Israël a repris ses frappes sanglantes en riposte aux tirs de roquettes du mouvement palestinien Hamas, au 20e jour d'une agression qui a fait quelque 1.100 morts coté Palestinien Après une journée et une nuit sans bombardement, une première depuis le début de l'offensive israélienne le 8 juillet, le cauchemar recommençait pour les civils de l'enclave palestinienne alors qu'approche la grande fête musulmane du Fitr qui marquera la fin du ramadan lundi ou mardi. Exigeant le retrait des soldats israéliens de Gaza, le Hamas qui contrôle ce territoire a rejeté une extension du cessez-le-feu et repris dès samedi soir ses tirs de roquettes contre le territoire israélien. Israël, qui avait accepté la demande de la communauté internationale de prolonger de 24 heures la trêve de 12 heures observée samedi, a annoncé la reprise de ses opérations militaires en riposte aux tirs palestiniens. Trois Palestiniens ont péri dans les premières frappes, ce qui porte à quelque 1.050 le nombre de Palestiniens tués à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le lancement de l'opération "Bordure protectrice", selon les services d'urgences locaux. Quelque 6.000 autres ont été blessés. A en juger par les rues désertes à Gaza dimanche soir, et après avoir profité de la trêve des hostilités pour se ravitailler notamment en vivres, la population vivait dans la hantise que leur calvaire ne soit pas terminé. "Trêve tactique" "A la suite des tirs incessants de roquettes par le Hamas durant la trêve humanitaire, l'armée va reprendre immédiatement son activité dans la bande de Gaza, dans les airs, sur la mer et au sol", a annoncé l'armée. Le ministre israélien des Renseignements, Youval Steinitz, ne laissait guère de place à l'optimisme, évoquant une "trêve tactique": "Sur le plan diplomatique en acceptant la trêve proposée par l'ONU, qui a été rejetée par le Hamas, nous avons obtenu une légitimité pour la poursuite de l'opération". Pour un autre membre du cabinet de sécurité, qui devait se réunir à nouveau dimanche, le ministre de la Communication Gilad Erdan, "après ce que nous vu samedi soir et dimanche (avec les tirs de roquettes) il est évident qu'il faut reprendre le feu". L'armée israélienne entend mener à son terme sa mission de localisation et de neutralisation des "tunnels offensifs" construits par le Hamas et son allié, le Jihad islamique, pour lancer des attaques contre Israël et dissimuler son arsenal et ses centres opérationnels. L'armée a découvert une trentaine de tunnels souterrains et précisé dimanche matin avoir détruit celui qui avait été utilisé par un commando du Hamas responsable de la mort de sept soldats le 20 juillet dans des combats. Impasse diplomatique Avec 43 morts dans ses rangs, l'armée israélienne, qui est passée le 17 juillet à la phase terrestre de sa campagne, subit son plus lourd bilan depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Trois civils, deux Israéliens et un ouvrier agricole thaïlandais, ont également perdu la vie, fauchés par des roquettes. L'armée a répété son appel à "la population civile à ne pas s'approcher des zones de combat", dévastées par vingt jours de raids massifs. Samedi, de nombreux déplacés de Gaza sont retournés dans leur quartier pour y découvrir un spectacle de cauchemars: maisons effondrées, éventrées, criblées d'éclats d'obus, cadavres dans les décombres, mines et bombes non explosées au sol. Quelque 150 corps ont encore été retirés des décombres. Une solution diplomatique pour mettre fin à cette guerre, la quatrième depuis que l'armée israélienne s'est unilatéralement retirée de Gaza en 2005, semble difficile à se dessiner. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et les chefs de la diplomatie des pays concernés par la crise se sont réunis samedi à Paris mais sans faire de proposition concrète pour mettre un terme au conflit. Les divergences de fond sont à ce stade irréconciliables. Le Hamas pose comme condition une levée du blocus imposé depuis 2006 par Israël, qui asphyxie l'économie de ce territoire de 362 km2 où s'entassent 1,8 million de personnes, dont le quotidien dépend en grande partie de l'aide humanitaire. Et Israël n'entend pas sortir de Gaza sans avoir l'assurance que la capacité militaire du Hamas, qu'il considère comme un mouvement "terroriste", et de ses alliés est annihilée. Fuyant les hostilités, près de 170.000 habitants de Gaza, soit quasiment 10% de la population, ont trouvé refuge dans des locaux de l'ONU.