Une incursion terrestre de l'armée israélienne dans la bande de Gaza était de plus en plus probable. Le Hamas a rejeté la proposition de cessez-le-feu égyptienne, et les roquettes continuent de pleuvoir sur Israël, malgré les frappes aériennes intenses Les soldats israéliens, appuyés par des chars et l'aviation, combattaient dans la bande de Gaza vendredi au deuxième jour d'une opération terrestre censée anéantir les infrastructures et la puissance de feu du Hamas palestinien malgré le risque pour les civils. L'opération est essentielle pour «frapper» les tunnels du Hamas, les bombardements étant insuffisants, a dit vendredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu. «Ce n'est pas possible de régler (le problème) des tunnels depuis les airs uniquement, nos soldats font aussi cela sur le terrain», a-t-il dit à l'ouverture d'une réunion du cabinet, précisant que l'armée allait «frapper les tunnels de la terreur all Au moins 23 Palestiniens ont été tués en quelques heures ainsi qu'un soldat israélien depuis le début jeudi soir de l'offensive terrestre lancée malgré les appels de la communauté internationale à éviter l'escalade et les pertes civiles. Selon un responsable de l'ONU, quelque 30.000 personnes se sont réfugiées dans les installations de l'ONU dans cette bande de terre palestinienne de 362 km2, où s'entassent dans la misère 1,8 million d'âmes soumises à un blocus israélien depuis plusieurs années. La plupart des hostilités se déroulaient dans le sud du territoire, à Khan Younès et Rafah, et dans le nord, non loin de la frontière avec Israël. Selon l'armée, l'opération doit être «limitée», semblant indiquer que les troupes ne comptent pas s'enfoncer dans Gaza et vise en priorité les tunnels construits par le Hamas qui contrôle le territoire enclavé entre Israël, l'Egypte et la mer Méditerranée. Soutenues par l'aviation et l'artillerie, l'infanterie était accompagnée d'unités du génie avec pour mission de repérer et détruire ces souterrains qui sont à l'abri des bombardements, et qui sont utilisés pour faire entrer des marchandises, de l'argent et surtout des armes, selon la radio militaire. Selon l'armée, les soldats ont engagé des combats «neutralisant quatorze terroristes dans des échanges de tirs» et détruit «vingt lance-roquettes, mené neuf frappes sur des tunnels et visé 103 autres cibles terroristes». Le ministre de la Communication, Gilad Erdan, interrogé sur une éventuelle réoccupation de la bande de Gaza, a dit que ce n'était «pas l'objectif». Le Hamas à Gaza a affirmé qu'»Israël allait payer un prix élevé» et son chef en exil Khaled Mechaal a estimé que l'assaut terrestre serait «voué à l'échec». Malgré cette offensive, les combattants du Hamas et du Jihad islamique, son allié, ont continué de lancer des roquettes et neuf ont frappé l'Etat hébreu dans la journée. Vendredi, l'agglomération de Gaza était une ville fantôme, les rues complètement désertées. A Chajaya, à l'est de la ville, de nombreux résidents fuyaient emportant avec eux nourriture, ustensiles de cuisine, vêtements et couvertures. «Du crépuscule à l'aube, les bombardements n'ont pas cessé. Nous avons quitté le front est pour aller dans une école de l'ONU. On n'a plus d'électricité ni d'eau à la maison», raconte Bassil Araeer. «C'est un miracle qu'on a pu partir», renchérit sa femme. Israël a déclenché le 8 juillet une vaste offensive aérienne contre Gaza pour faire cesser les tirs de roquettes mais a décidé jeudi d'»étendre ses opérations» avec un assaut terrestre après l'échec d'une proposition de trêve égyptienne rejetée par le Hamas. Depuis cette date, au total 264 Palestiniens ont été tués et 1.770 blessés, selon des sources médicales palestiniennes, à 75% des civils d'après l'ONU. Un civil et un soldat israélien ont été tués durant la même période. Il s'agit de la première offensive terrestre à Gaza depuis celle menée en décembre-janvier 2008-2009 et qui s'était soldée par la mort de quelque 1.400 Palestiniens sans pour autant mettre définitivement fin aux tirs de roquettes. La presse israélienne a applaudi la décision de pénétrer dans l'enclave après des 10 jours de bombardements aériens et à l'artillerie qui n'ont pas permis de neutraliser la puissance de feu du Hamas. Pour Yediot Aharonot, l'assaut terrestre était nécessaire car la campagne de bombardements «s'orientait vers un match nul», le Hamas continuant ses tirs de roquettes. «Il n'y pas de garantie que l'opération terrestre réussisse», tempère cependant le journal, rappelant qu'Israël en est à sa quatrième opération à Gaza depuis son retrait unilatéral de ce territoire en 2005. Selon Israël Ayhom, le gouvernement a le soutien de l'opinion publique pour le moment mais uniquement «à trois conditions très difficiles à maintenir en temps de guerre: que ce soit bref, que les succès soit nombreux et qu'il y ait peu de rts». Sur le plan diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est attendu vendredi en Egypte et en Israël afin de s'entretenir des moyens de mettre un terme au conflit. Son homologue américain John Kerry a dans une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, exhorté Israël à éviter les «dégâts collatéraux» et d'être «précis» dans ses cibles. La nouvelle spirale de violence a été enclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas qui a nié, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois juifs ont été inculpés. Une incursion terrestre de l'armée israélienne dans la bande de Gaza était de plus en plus probable. Le Hamas a rejeté la proposition de cessez-le-feu égyptienne, et les roquettes continuent de pleuvoir sur Israël, malgré les frappes aériennes intenses. Selon certains commentateurs israéliens, l'opération aérienne a atteint son apogée, et ne pourra accomplir grand-chose de plus. Le problème avec une invasion terrestre, préviennent les experts à la fois en Israël et à l'étranger, est que cela va coûter cher Israël en pertes humaines. « Une incursion terrestre limitée est plus probable que jamais. Et si cela arrive, Netanyahou sait que l'armée va subir des pertes », peut-on lire dans un article du National Review. « Une invasion terrestre à Gaza causerait de lourdes pertes des deux côtés », écrit la rédaction du Washington Post. Une opération terrestre « pourrait nous coûter un lourd tribut », prédit le brigadier-général (rés.) Tzvika Fogel dans Israël Hayom.